Pourquoi le malaise de Sarkozy n’est sans doute pas vagal mais cardiaque

par Olivier Bonnet
lundi 27 juillet 2009

Intox !

Tous les médias prétendent que Nicolas Sarkozy a été victime d’un malaise vagal. Or cette hypothèse est peu crédible. D’abord, les deux communiqués publiés par l’Elysée parlent de malaise tout court, sans préciser de diagnostic. Pourquoi ? Précisons ce qu’est un malaise vagal, comme le définit Jean-Yves Nau, journalistre et docteur en médecine, auteur d’un article sur le sujet pour le site Slate  : "une sorte de dysfonctionnement du nerf pneumogastrique (ou nerf vague) qui entraîne une réduction brutale du débit sanguin elle-même à l’origine du malaise parfois associé à une perte de connaissance. Le « malaise » ou « syndrome » vagal peut aussi survenir dans différentes circonstances, au repos, avec un cortège symptomatique de sueurs, de pâleur et de la sensation que « l’on va partir ». "Le syndrome vagal représente une entité clinique bien particulière, associant des troubles digestifs (vomissements, nausées, éructations, hoquets) ; des troubles vasomoteurs (pâleurs et sueurs, pouvant entraîner de véritables lipothymies et des syncopes, une chute de la tension artérielle voire un véritable collapsus ; des troubles du rythme (...)" écrivent le Pr Jean Bardet et le Dr Olivier Belliard (hôpital Saint-Antoine, Paris) au chapitre "Infarctus du myocarde" de la bible médicale francophone qu’est le Traité de médecine." Un malaise vagal, qui peut être déclenché par plusieurs causes se combinant éventuellement (stress, choc émotif, fatigue, hypoglycémie....), aggravé par l’alcool et le tabac, est extrêmement désagréable mais toutefois sans gravité. La question qui se pose est résumée par Jean-Yves Nau : "Selon les termes du communiqué officiel, le malaise est survenu « après » 45 minutes d’un exercice physique intense. Et la question centrale est celle de savoir si ce malaise « qui ne s’est pas accompagné d’une perte de connaissance » est survenu pendant ou après le jogging présidentiel. "Si l’accident s’est produit durant l’effort, on ne peut, en toute rigueur, parler de "malaise vagal" ou de "syndrome vagal", résume le Pr Jean-Louis Guilmot, spéciliste de médecine vasculaire (CHU de Tours). Dans ce cas de figure, les causes les plus probables sont bien connues : l’apparition d’un trouble du rythme cardiaque, d’une insuffisance coronarienne, d’un angor, d’un infarctus du myocarde ou d’une cause neurologique. A l’inverse si l’accident se produit après l’effort, nous sommes dans un tout autre scénario nettement moins inquiétant, celui du "malaise" ou du "syndrome" vagal."

Or les témoins décrivent un président s’écroulant pendant l’effort et non après : Sarkozy a apparemment été obligé d’interrompre son jogging à cause de la survenue du malaise. Le professeur Guilmot l’affirme plus haut : il ne s’agit donc pas d’un malaise vagal, bénin, mais d’un accident cardiaque plus préoccupant. Ce qui explique que Sarkozy ait passé la nuit à l’hôpital en observation cardiologique. Pour un malaise vagal, on se contente de vérifier les constantes en trois examens vite faits. La propagation éclair de l’hypothèse du malaise vagal n’obéirait-elle pas à une volonté de minimiser le problème de santé du chef de l’Etat ? En tout état de cause, s’il sort effectivement de l’hôpital à 10 h comme annoncé, l’incident n’aura été qu’une alerte. Mais, vraisemblablement, d’une alerte cardiaque tout de même !


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