Pourquoi Léonard de Vinci a-t-il peint un Jean efféminé dans sa célèbre cène ?
par Emile Mourey
samedi 1er février 2014
Le Da Vinci code a été un grand succès de librairie. Et pourtant, c'est un tissu d'absurdités. Sauf sur un point important que personne ne peut nier : Léonard de Vinci a peint un Jean qui ressemble beaucoup plus à une femme qu'à un homme. Pourquoi ? Parce que, selon Dan Brown, le très savant et énigmatique Léonard avait connaissance de secrets cachés et qu'il a voulu suggérer dans sa fresque, à la barbe des moines du réfectoire où il l'a peinte, que la personne assise à la droite du Christ était Marie-Madeleine, la femme, pêcheresse certes, mais repentante et aimée. Et, enfin, que le couple aurait eu une descendance.
Laissez-moi rire !
J'ai une autre explication tout aussi romantique mais qui a le mérite de s'appuyer sur des documents historiques et sur une argumentation beaucoup plus sérieuse.
Premiers croquis préparatoires.
En mal d'inspiration, une visite en Bourgogne ?
Et, en effet, c'est ce que m'a signalé un commentateur de mes articles précédents sur le site Agoravox. Un document d'archives concernant la réalisation du canal de Bourgogne nous apprend que Léonard de Vinci serait venu dans notre région à une date qui, malheureusement, n'est pas indiquée. Il aurait eu l'idée, le premier, d'un projet de canal reliant la Saône à la Loire par le couloir de la Dheune. Or, le point de jonction se situe au pied de la ville murée, anciennement comtale, de Mont-Saint-Vincent. Tout porte à croire qu'il y a été hébergé. Tout porte à croire qu'il a visité son église et qu'il y a vu un antique bas-relief sculpté représentant apparemment une cène.
Pour moi, cela ne fait aucun doute ; la scène sculptée est tellement en accord avec ce que Léonard préconise dans ses notes sur l'art et la peinture qu'il n'a pu être qu'ébloui. C'est en voyant ce bas-relief qu'il a compris qu'il lui fallait passer d'une représentation statique à une représentation beaucoup plus dynamique. En outre, ce document, tel qu'il le comprenait et tel qu'on le comprenait à cette époque, lui apportait une justification théologique pour se libérer des représentations classiques habituelles. Il lui suffisait de s'en inspirer et de reproduire la géniale composition.
Voilà pourquoi Léonard de Vinci a peint un Jean efféminé car le Jean qu'il a identifié dans la sculpture l'était... et même plus.
Le problème, c'est que Léonard ne pouvait pas comprendre, à cette époque, que cette sculpture n'était pas la cène de l'Évangile mais la représentation d'un repas mystique de type essénien du III ème siècle après J.C. Il ne pouvait pas comprendre que le personnage qu'il croyait être Jean n'était pas Jean mais quelqu'un d'autre. Car le personnage du bas-relief est bel et bien une femme et Léonard de Vinci ne pouvait pas ne pas s'en rendre compte. Que s'est-il passé dans son esprit ?
Sur un fond de tenture or semée de croix, au centre, le messie essénien des documents de Qumrân met la main droite sur le pain de vie et, de la gauche, il fait le geste d'accueil en offrant à la cité la prospérité par son assiette remplie d'une abondante nourriture. Le document de Qumrân dit à peu près la même chose (Rouleau de la Règle, II, 18 à 22).
A gauche, des plats riches de nourriture, à droite, quelques poissons.
Explication repensée de la Cène de Léonard de Vinci.
En voyant le miracle du verre du Christ, l'incrédule Thomas est stupéfait. Surnommé didyme, le jumeau, il a le même visage que Jésus. Derrière lui, Marie-Madeleine est repentante comme il se doit. En arrière-plan apparaît Aristote, le philosophe préféré de Léonard, tel que Raphaël l'a représenté dans son école d'Athènes, de profil mais la main dirigée vers la terre.
Figures de référence :
Extraits photos Wikipédia. E.Mourey, 31 janvier 2014
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