Pourquoi Marine Le Pen devrait dissoudre le Rassemblement National avant 2022
par Florian Mazé
lundi 28 juin 2021
Le nationalisme est une belle et grande chose, mais les nationalistes, dans leur forte majorité, ne comprennent pas qu’ils sont les dindons perpétuels d’une farce systémique gigantesque, dont le grand George Orwell – dans 1984 – avait déjà prévu le moindre détail.
Staline traitait ses adversaires de « fascistes », de « trotskistes », de « réactionnaires » ou de « bourgeois », en fonction des besoins, puis les envoyait tranquillement à la mort ou au goulag.
George Orwell, grand critique du stalinisme, s’inspire de cette pratique bien réelle pour forger le mystérieux Goldstein, un ennemi et coupable idéal, opposant rêvé à l’Angsoc, le parti unique de Big Brother.
Dans la fiction orwellienne, les citoyens lobotomisés sont tenus de haïr ce mystérieux Goldstein qui apparaît quotidiennement sur les « télécrans » en prononçant des discours apparemment absurdes. Juste après ces « deux minutes de la haine » obligatoires, ces mêmes citoyens aux neurones grillés se mettent à vénérer l’Angsoc (le système dystopique) et Big Brother (qui en est le chef supposé) dans une sorte d’hystérie collective. Inutile de préciser que, mis à part quelques individus réfractaires (comme le personnage Winston Smith), les citoyens qui hurlent « I love Big Brother » à la fin de la séance, des larmes de joie dans les yeux, sont tout à fait sincères, de cette sincérité aveugle typique des masses aliénées.
Dans le système actuel, on ne hurle pas : « I hate Goldstein ! Mort à Goldstein ! » Mais on martèle un mantra équivalent : « Il faut faire barrage au populisme ! Il faut chasser la bête immonde ! »
Lire un extrait ici :
https://www.les-crises.fr/minute-semaine-de-la-haine-1984/
Les nationaux-populistes sont donc au système actuel ce que, dans 1984, les partisans de Goldstein sont à l’Angsoc.
Tout système a besoin d’un repoussoir pour dissimuler ou minimiser ses crimes.
En France, cette farce dure depuis François Mitterrand. On peut même se demander si les méthodes de Mitterrand n’ont pas inspiré, de ce point de vue, le monde entier. À croire que Dieu-Tonton-La Mite avait mieux étudié Orwell que les Anglais eux-mêmes ! Ainsi, l’ancien Front National a permis à la vieille frappe de l’Élysée de rester 14 ans au pouvoir en racontant aux Français qu’il fallait choisir entre lui, François le divin, ou alors le péril fasciste, incarné par le diabolique Jean-Marie… « C’est moi ou le chaos », dirait plus tard Emmanuel Macron, le tout dernier des bons élèves de Mitterrand (parmi lesquels il faut inclure toute la classe politique antinationale, de la droite « libérale » à la gauche extrême).
Et la farce dure encore. Elle fonctionne même encore mieux que dans les années 1980. Aux régionales 2021, aux futures présidentielles 2022, les électeurs réélisent et rééliront tranquillement les mêmes incapables politiques au nom d’un seul mot d’ordre : faire barrage aux fachos ! Même les abstentionnistes, de plus en plus nombreux, contribuent à leur façon à reconduire les mêmes dirigeants, le même UMPS devenu LaREM et bientôt un autre sigle. Autrement dit : les castors-baisés que sont les petits Français battus-cocus-contents en redemandent ! Ils n’ont pas lu Orwell et, s’ils ont lu La Boétie, ils n’ont rien compris au concept de servitude volontaire.
Pour l’instant, on vit encore et toujours sur la sempiternelle opposition entre le gentil système mondialiste et le méchant populisme du repli sur soi. La seule chose qui peut renverser la table, c’est une rupture totale de paradigme, un basculement radical des mentalités. Le système actuel ne s’écroulera, s’il s’écroule jamais, qu’à la façon dont s’est effondré le système soviétique. Non par l’action acharnée d’opposants vertueux ou héroïques, mais, tout simplement, parce qu’au tournant des années 1990, une grande majorité des gens a purement et simplement cessé d’y croire.
Mais tant que subsistera un punching-ball, un repoussoir, un souffre-douleur, un bouc émissaire commode sur lequel le système pourra tranquillement continuer à taper, on ne s’en sortira pas. Les échecs répétés du populisme, perpétuellement écarté du pouvoir (Marine), ou encore empêché de le conserver (Trump), et sous pression judiciaire et médiatique permanentes, ne font que renforcer et perpétuer le mythe d’un système mondialiste éternel, définitif, toujours bon, jamais coupable, quels que soient ses défauts.
Imaginons, a contrario, que le système se retrouve tout seul, nu et cru, face à lui-même, réduit à son armée de castors décérébrés, privé du repoussoir habituel qui permet de détourner l’attention. Imaginons même un vaste mouvement global de repli du populisme…
Vous ne voulez pas de nous ? Vous trouvez que nous puons de la gueule ? Vous applaudissez dès que nous passons au tribunal ? Eh bien, démerdez-vous ! Démerdez-vous, les systémiques ! — Les oligarques, les castors, les voyous, les battus-cocus-contents, les bourreaux opportunistes, les victimes consentantes, les assistés chroniques, les lobotomisés de tout poil !
Les meilleures guerres sont celles que l’on gagne en ne rien faisant, celles que l’on gagne en donnant raison à ceux qui nous donnent tort.
Privés du repoussoir commode, les élites et l’État-zombi apparaîtraient enfin pour ce qu’ils sont : des créatures totalitaires monstrueuses. Alors, là, peut-être, les gens cesseraient de croire, finiraient par déserter la religion mondialiste, retrouveraient la joie de penser hors-cadres.
Ne rien faire ; c’est là ce qu’il faut faire.
Une victoire du RN aux élections est, plus que jamais, improbable, pour ne pas dire impossible. Si l’on additionne les profiteurs d’en haut, les profiteurs d’en bas, et la masse énorme, incommensurable, des castors-baisés-battus-cocus-contents, les systémiques sont majoritaires, immensément majoritaires, d’où le fameux plafond de verre infranchissable.
Si le populisme veut renaître un jour, dans dix ans, dans vingt ans, dans un siècle, il est urgent qu’il se retire et qu’il s’économise.
En clair, le meilleur service que le RN puisse rendre à la France et se rendre à lui-même, c’est de s’auto-dissoudre. Et vive les vacances !
Illustrations :
— Marine Le Pen, femme politique française
— Un castor, mammifère rongeur semi-aquatique