Pourquoi y a-t-il tant d’islamophobie en Occident ?

par Kamal GUERROUA.
samedi 23 mars 2019

Il y a quelques jours seulement, le monde entier aurait assisté à un carnage en mode live dans deux mosquées en Christchurch en Nouvelle-Zélande. Le meurtrier, Breton Tarrant, un extrémiste de droite, connu des services de sécurité de son pays pour sa haine des musulmans et des étrangers, mais possédant étrangement un port d'armes, aurait tiré à bout portant sur une foule des fidèles en pleine prière. Le bilan est terrifiant : au moins une cinquantaine de morts recensés. Loin d'être un fait divers, ce massacre ignoble s'inscrit dans la lignée d’actes islamophobes qui ravagent l'occident ces dernières années. Une islamophobie nourrie de façon insidieuse par les médias, des relais d'extrême-droite et des groupuscules néonazis qui croient encore à la suprématie de l'homme blanc !

En effet, l'état des lieux n'est pas du tout reluisant pour ces millions de musulmans d'occident ou pour ceux éparpillés dans la diaspora à travers le monde, pris pour cible d'actes et d'attaques racistes, rien que pour avoir osé pratiquer leur foi ou montrer leur confession en public. Cela est d'autant plus dramatique que cette islamophobie est devenue une sorte de « musulmanophobie », pour reprendre le terme de l'universitaire irlandais Fred Halliday. Autrement dit, un cocktail de jugements de valeur et de stéréotypes culturalistes qui mêlent la haine de la religion musulmane à celle de toute une race et d’une culture. Ce qui a débouché sur un essentialisme primaire, en total déphasage avec les principes de la citoyenneté et de la démocratie défendus dans les pays occidentaux.

Puis, la question qui taraude toujours les esprits est la suivante : pourquoi y-a-t-il souvent un parti-pris dans le traitement de l'information de la part des médias, surtout ceux de l'occident, quand il s'agit de drames touchant les musulmans ? Ne conviendrait-il pas d'écrire et de crier fort aujourd'hui : « Je suis Christchurch », comme on l'a vu il y a quelques années de là avec « Je suis Charlie » ou « je suis hypercasher », pour signifier le rejet total d'apocalypse du « monde de choc de civilisations », décrit par un certain Samuel Huntington ? Et pour dire aussi que la culture de la haine devrait être condamnée d'où qu'elle vient ! Enfin, comment peut-on prétendre combattre l'idéologie de cet islamisme radical dont on nous rabâche les oreilles, tout en nourrissant les germes de son éclosion, c'est-à-dire, ce sentiment victimaire et de discrimination qui pousse des jeunes à la fleur de l'âge dans les bras du djihadisme mondialiste ? Fermer les yeux sur « les dérives sémantiques » des médias et des politiques qui font assimiler dans l'inconscient collectif occidental « islam » et « islamisme » n'est-il pas une incitation tacite à la haine du musulman et à son lynchage dans la place publique ?

Kamal Guerroua


Lire l'article complet, et les commentaires