« Poutine est rentré du ski »

par Ariane Walter
mardi 4 mars 2014

Tel est le titre du dernier western américain depuis peu sur nos écrans. Les Russes remplacent donc les Indiens puisqu'il n'y en a plus assez pour ce genre de production.

 Assez manichéiste, il faut le reconnaître : le Bien d'un côté, le Mâle de l'autre avec deux blondes genre KGB pour agrémenter la sauce.( Ioulia et sa fausse tresse truffée de micros et Angela qui a les chocottes parce qu'elle se fait livrer en gaz par le héros Vladimir, qu'elle aime en secret, et qu'elle veut sauver des hommes de son clan.)

Ce qui frappe tout d'abord dans cette production, c’est son caractère cheap. On constate en effet que n'ayant plus les moyens de débarquer où que ce soit, les Américains sèment la panique en Ukraine avec une centaine de figurants qui en trucident une cinquantaine ! On est loin, évidemment de « Ben Hur". Il n'y a même pas de char ! Pour vous dire ! Du moins dans la première partie. Assez confuse. Notons cependant un bon moment. L'intervention du prêcheur fou, interprété par Bernard Botul et qui joue à merveille, il faut le reconnaître, le faux jeton hystérique qui vient foutre la panique partout où il passe. ( On parle même pour Botul de la récompense suprême pour un acteur dans un second rôle,  une hyène d’or au festival de Tel-Aviv ! )

Donc première partie assez molle malgré les scènes d'orgie dans la villa de Ianoutchenko lors d'une séance très hot avec les ministres de l'UE. Lagarde, un fouet à la main essaie de faire signer un compromis à Ianoutchenko qui se rebiffe tout en lui faisant une sodomie. (D’où la recommandation de ce film pour les scolaires dans le cadre des ABCD pour l'égalité.)

Mais très rapidement une question se pose . Que fait Vladimir, le tsar de Russie ?

Celui-ci est trés occupé par les jeux de Sotchi. (Là encore déception car la production n'a même pas les moyens de se payer des canons à neige et ces jeux d'hiver sur une pampa, non ce n'est pas très vraisemblable.) Un drame vient en effet d'éclater. Une patineuse russe ayant reçu la médaille d'or, la volant à une patineuse coréenne, la Corée menace d'envoyer une bombe sur Moscou. Vladimir qui, un peu à la De Gaulle, ne laisse personne faire quoi que ce soit à sa place, enfile des patins, danse à la Fred Astaire avec les deux filles, termine la série de sauts dans le vestiaire, l'ambassadeur coréen s'étant joint au groupe. Ouf ! L'incident diplomatique est écarté.(Et une bombe économisée pour la production !) Le tout est couronné d'un feu d'artifice qui est un des beaux moments du film.

C'est alors que Brejnev dit à Vlad : " Mais votre Altesse, que faites-vous pour l'Ukraine ?"

Et c'est alors que le héros a cette phrase remarquable qui sonne d’échos prémonitoires :

"Veni, vidi, occi !"

On ne peut certes manquer de reprocher à l'histoire son invraisemblance. Comment imaginer en effet qu'un pays, les US , qui n'ont même plus assez de papier chiotte pour faire des billets, se lancent dans une provocation, avec trois bouts de ficelle, qui va leur mettre sur le dos la grande Russie ! Surtout soutenus par Hollande, le président français, qui propose d'aller bombarder Moscou en vespa parce qu'il a une maîtresse qu'il veut épater ! (Invention amusante, Hollande étant joué par Benny Hill qui fait un retour remarqué !)

Une autre invraisemblance : il n'y a aucun suspense. Vladimir, en deux jours, sans écraser un seul moustique fait la conquête de la Crimée ! Là encore, difficulté de la production à montrer une bataille le spectateur étant lésé par la vue de quelques soldats qui hissent des drapeaux russes sur des bâtiments !

On revient à Washington où Obama, en chemise, les manches relevées, les jambes écartées, est, nous dit Laurence Haim sur son compte twitter, en train de télephoner à Poutine ! Il téléphone, en fait, au toiletteur pour son chien et négocie un bon prix vu l'état des finances américaines !

Mais Angela a enfin Vladimir au bout du fil. Extrait :

-Vlad ?

-Angie ?

-Warum ? Mein blau blume. Ich liebe ditch. (C’est tout ce que je connais en Allemand.)

-Je suis enbotulé !

-Viens. Il faut qu'on se parle. Arrête de faire le fou. Je te veux !

-Va dire ça à ton Obama !

-Mais je le hais, tu le sais bien !

- La grande Russie ne se laissera pas pisser dessus par un caniche !

-Arrête ! Tu me plais trop. Surtout ne coupe pas le gaz !

( Ou l'on comprend qu'Angela est très intéressée ! Mais Vladimir le comprend aussi, qui raccroche brusquement.)

Cependant le G8 a trouvé une punition terrible et exemplaire : ils n'iront pas prendre le goûter à Sotchi !!! Et ce n'est qu'un début ! FABLUS, le ministre français, parle de terribles menace tout en confirmant la livraison de bateaux de guerre pour Poutine. Les affaires sont les affaires.

Tout ceci se passerait dans la réalité on serait évidemment très inquiets car voir Obama qui joue aux dés avec Kerry pour savoir s'il vont atomiser le Kremlin, fait rire à l'écran, surtout quand Obama lance les dés dans le décolleté de Beyoncé, mais serait plus gore dans la vraie vie.

Un sage russe qui vit dans la toundra et suit les évènements à la télé résume admirablement la situation en disant :

" Mais ces cons, c'est qu'ils vont bien nous gâcher le printemps !"

C'est alors qu'un retournement de situation intervient. Les Ukrainiens anti-russes et les Ukrainiens pro-russes se retrouvent à la frontière et disent : " Nous sommes frères, nous sommes frères ! Aimons-nous ! Les fascistes sont enfermés dans les zoos et les animaux sauvages, tellement moins sauvages que ceux qui les remplacent, sont adoptés et désignés pour diriger le pays ! La girafe fait preuve de hauteur de vue, l'éléphant trompe moins que Ianutchenko et les singes apprennent aux hommes à faire, enfin, de belles grimaces. Vladimir part pour Mars avec la patineuse Coréenne. Obama plaqué par sa femme qui est folle de Brad Pitt, se marie avec le véto de son chien car en fait il est gay.

Et c'est la paix sur terre !

 

Fin un peu bâclée donc. Un peu bisounours. Va-t-on au cinéma pour voir ça ? Vladimir n'est même pas un vampire et Obama n’a aucune scène avec une tronçonneuse ! Pas même une bataille !

Oui, on aime bien avoir peur au cinéma car dans la vie de tous les jours c'est tellement simple, tellement calme !

Et puis ce qui rassure, c'est que les guerres, maintenant dans la vraie vie, ça coûte trop cher. Ouf !

 


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