Préparation H (3/3)
par Mmarvinbear
vendredi 17 août 2012
Depuis au moins 5 000 ans, et ce malgré le fait qu’ils soient en général par nature incapables de se reproduire par eux-mêmes, les homosexuels ont toujours existé, génération après génération. Dans tous les milieux sociaux, sur tous les continents habités, malgré toutes les pressions sociales, politiques et religieuses possibles et imaginables. Aucune religion, aucun Dieu n’est parvenu à extirper ce comportement du sein de l’humanité. Ce qui soit-dit en passant est assez suspect quand à sa prétendue toute-puissance ou sa volonté profonde de ne plus voir un gay sur Terre.
Face à l’accusation du crime d’avoir des rapports « contre-nature », il était évident pour se défendre que le mouvement allait voir si, par hasard, les rapports entre individus de même sexe n’existaient pas aussi parmi les autres animaux qui peuplent la planète.
Autant le dire tout de suite, le petit monde scientifique a été assez secoué par les résultats quand les historiens d’abord, puis les éthologues ont rendu leurs copies.
Les chercheurs ne partent pas d’une page blanche. Les premières observations du règne animal ont été effectuées très tôt par les premiers observateurs de l’ antiquité : Aristote, Pline l’ancien et Plutarque évoquent des rapports homosexuels chez les oiseaux comme les perdrix, les coqs et les cailles. D’autres auteurs classiques évoquent le sujet, tout en niant leur existence, car contraire à leurs croyances philosophiques.
Les naturalistes chrétiens tels que Buffon, Darwin ou d’autres ne parlent pas dans leurs ouvrages de tels comportement. Pourtant, la relecture de carnets de brouillons portent clairement la mention de rapports homosexuels, qui ne sont pas repris dans les versions imprimées et diffusées au public. Il est clair ici que la pression sociale et religieuse a joué un rôle dans cette forme d’auto-censure.
La fin de la prééminence de la religion, dans le domaine privé autant que dans le monde public, libère la parole des éthologistes. Le chercheur américain Bruce Bagemihl a ainsi démontré que les dauphins, les lamantins ou les girafes avaient des rapports homosexuels. Depuis la publication de son ouvrage Biological exhuberence en 1999, plus de 450 espèces animales ont montré des représentants avoir de tels rapports dans le milieu naturel. Les résultats préliminaires, non encore documentés de façon complètes, portent le nombre total d’espèces animales connaissant des rapports homosexuels à près de 1 500.
http://www.youtube.com/watch?v=VUwza5Grxos&feature=related
L’ouvrage fut bien entendu attaqué en raison de l’homosexualité de son auteur. Mais aucun travail scientifique ne parvint à ce jour à contrer les résultats démontrés. L’auteur rencontra une forme de consécration légale en 2003 quand la Cour Suprême des USA, sur la démonstration du fait que l’homosexualité était un comportement naturel chez de nombreuses espèces vivantes en plus de chez l’ Homme, déclara contraire à la constitution les vieilles lois du Texas anti-sodomie, ces dernières violant le 14è amendement : http://en.wikipedia.org/wiki/Lawrence_v._Texas .
Sur le plan purement pratique, l’étude poussée et approfondie des moeurs animales a montré que loin d’être une activité strictement reproductrice, la sexualité animale avait un rôle social et récréatif. En gros, plus un animal était social, et plus il avait des rapports sexuels y compris en dehors des périodes de chaleurs.

Profitons en pour définir les trois types de comportement observés jusque ici et qui entrent dans le champs de l’homosexualité : un rapport est homosexuel quand la relation implique deux individus de même sexe. Il existe cependant des variantes : certains rapports sont exclusifs mais ponctuels. D’autres ont lieu dans le cadre d’une parade plus large et qui implique aussi des partenaires de l’autre sexe. Enfin, il y a les rapports de couple, c’est à dire que deux individus de même sexe se mettent en couple, effectuant une vie conjugale à l’image des couples hétérosexuels. Les observations effectuées couvrent ces trois types de relations, avec des fréquences et des proportions variables selon les espèces. Ces couples suivent en revanche les canons de leurs espèces : annuels ou pérennes.
Que ce soit en captivité ou dans la nature, des animaux affichent parfois un comportement homosexuel. Parfois juste le temps d’une relation passagère, parfois pour former de véritables couples : trois couples de manchots mâles se formèrent ainsi dans un zoo allemand en 2005. Mis en présence de femelles, aucun des couples ne se sépara. La promiscuité n’était donc pas la cause de leur union.
Mais l’élément le plus intéressant en fait réside dans le fait que que ce soit dans la nature ou en captivité, un couple homosexuel formé l’est au vu et au su de tous les congénères. Et qu’ aucun d’entre eux ne porte la moindre attention à cette paire pas comme les autres.
Aucune attaque de nature homophobe n’a été répertoriée par les scientifiques. Les couples formés restent en place une saison ou plus, et le couple du nid voisin ne vient pas voler littéralement dans les plumes de l’autre. Les lionnes qui se donnent mutuellement du plaisir laissent les jeunes mâles ou le dominant de marbre. Les bonobos masculins accouplés ne se font pas ratonner par le voisin.
L’ élément le plus intéressant est de voir que malgré le caractère stérile d’une telle union, le couple arrive parfois à se trouver en charge d’un jeune. Chez les manchots par exemple, il leur arrive d’obtenir de la part d’un couple hétéro un oeuf dont ces derniers ne veulent pas avoir la charge. Le couple homosexuel couve l’oeuf et élève le petit qui en est issu.
D’autres palmipèdes (...) comme les oies cendrées ont eux une véritable stratégie afin d’obtenir un oeuf. Un des mâles va tout simplement séduire une femelle lors de la saison des amours et construire un nid. Il s’accouple avec elle, mais dès la ponte des oeufs, le partenaire arrive et avec l’aide du premier mâle, il chasse la femelle du nid ! Le couple reformé se concentre dès lors à l’élevage de la couvée. Même Sacha Guitry n’aurait pas osé penser à cela.
http://www.eingana.fr/prochain-theme-amour-sexe-et-reproduction/82-lamour-chez-les-oiseaux.html
Les biologistes ont constaté que par la suite, la femelle outragée pouvait trouver un autre partenaire pour former à son tour un couple. Cette stratégie est doublement gagnante : la femelle double sa ponte et s’assure d’une descendance plus nombreuse, tout en épargnant de l’énergie car un autre couple se chargera d’une partie de ses petits. Le couple gay, lui, participe au renouvellement de l’espèce de cette façon. Et toujours dans l’indifférence du voisinage.
La seule conclusion que l’on puisse porter de tout cela est celle-ci : l’homosexualité, bien que peu fréquente, est un comportement naturel qui existe dans un grand nombre d’espèces vivantes en plus de l’ Homme. Le Dieu qui a fondé ce monde selon certains à donc grandement raté son coup s’il a voulu une planète 100 % hétéro.
A moins que tel n’a pas été le cas. Après tout, tous les textes sacrés ont été écrits de la main de l’ Homme. Le lévitique, cité en exemple pour justifier de l’interdiction divine d’avoir des rapports homosexuels ( abomination, sang sur eux, blablabla ), réserve les mêmes peines au couples adultères et au blasphémateur. Pourtant, nul n’ose désormais lapider le coupable. Pourquoi continuer à suivre un texte dont on en rejette ce qui ne nous plait pas ? Un texte sacré est censé ne pas être discutable, rien n’ y étant facultatif.
Plus encore, il apparait, faute d’exemple dans le monde sauvage, que le seul comportement contre-nature démontré soit l’homophobie, puisqu’ il n’existe a priori que chez l’ Homme.
La nouvelle a de quoi choquer pour celui ou celle qui s’accroche à ses convictions, faute de mieux.
Celui qui, du moins, ouvrira les yeux, saura désormais ce que votre fils ou votre fille voudra vous faire comprendre quelque chose qu’il n’ose pas trop vous dire.
Il saura, au lieu de CROIRE, que le fait pour lui ou elle d’aimer une autre personne de sexe identique n’est rien d’autre que l’expression de sa nature.
Il saura également que la peine qu’ il ressent, ou qu’ il a ressenti, est compréhensible, mais que la colère, la haine, la peur et la violence qui en découlent n’ont rien à faire dans sa vie, ses paroles ou ses actes.
Le tout pouvant se résumer en une ligne très simple.
We’re here. We’re queer. Get’s used to it.