Présidentielle 2017 : Pauvre France !

par Aimé Mathurin Moussy
vendredi 5 mai 2017

C’est un plaquage agressif à la limite de la régularité qui aurait déclenché la bagarre : les deux protagonistes se disputent la France. Le Front National et En Marche en sont presque venus aux mains, en plein match électoral, devant la nation. C’était le débat télévisé du 03 mai 2017, entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron.

Dimanche le 07 mai 2017, les Français vont élire le président de la République.Mercredi 3 mai, comme l’annonçaient les chaines de télévision et toutes les équipes des candidats, on devrait assister à un débat de clarification. Ils attendaient des deux concurrents en lice, des éclaircissements sur leurs projets, afin que chaque électeur se fasse son opinion et décide en tout état de cause pour qui il voterait. Le but était de savoir l’impact de leur programme sur l’avenir de la cinquième puissance mondiale : Europe, diplomatie, économie, sécurité, justice, etc.

A l’instar de son père Jean Marie, boxeur émérite et frappeur à souhait, Marine a démontré que le sang de son père coulait dans ses veines : La gouaille, le grabuge, l’esclandre. Ceux qui voulaient accorder des circonstances atténuantes à Marine, ont vite fait de déchanter. Cette joute digne d’une cour de récréation, tient seulement à rappeler que l’Extrême droite française n’a pas changé ; les populistes d’Europe recèlent la même brutalité. Le spectacle auquel nous avons assisté est navrant, puéril et désolant. Ce spectacle montre et pointe la fragilité de la démocratie. Cette liberté si chère à la démocratie a accordé une vitrine à l’expression de la négation du vivre ensemble, au repli identitaire, à l’ultra nationalisme. La frange populiste a une action politique essentiellement axée, sur la brutalité des mots, sur le sophisme de masse et l’auto flagellation.

Le débat de deuxième tour entre les deux finalistes, est une tradition inscrite dans les valeurs républicaines depuis 1974. Macron s’est prêté au jeu démocratique de débattre avec sa concurrente, tel ne fut pas le cas en 2002. Car, Chirac considérait que l’Extrême droite, ne portait pas les valeurs républicaines et débattre avec ce parti politique, était lui offrir une tribune pour faire valoir ses idées nauséabondes. A ce jeu de rôle, les deux protagonistes sont soumis à certaines règles : le respect. En fait, c’était comme une école du fair-play, de l’endurance et de l’abnégation telle que soumise aux sportifs.

En foulant tous les codes et usages dans cet exercice citoyen, Marine Le Pen a donné une estocade à la liberté d’expression. Car la liberté d’expression exige aussi une tenue et surtout de la retenue. La débauche langagière, voire insultante à l’égard de son concurrent et de tous ses votants, acquis ou futurs, ou adversaires, laisse entrevoir la manière dont elle exercera ses responsabilités au sommet de l’Etat.

Sur le fond et en particulier sur le terrain économique, fiscal et budgétaire, les approximations et les contre-vérités, ont laissé transparaître son impréparation. Elle a été incapable de prouver l’effectivité et la faisabilité de son projet, et surtout les moyens qu’elle utiliserait pour le financer.

« De même sur la capacité à diriger, demain, un pays comme la France. C’est, au fond, la fonction ultime et essentielle d’un tel débat : prouver aux Français que l’on a l’étoffe d’être leur président. A 39 ans, surgi au premier plan depuis quelques mois seulement, Emmanuel Macron n’a certainement pas levé toutes les interrogations à cet égard. Mais la présidente du Front national, pour sa part, a démontré qu’elle n’en avait aucune des qualités. Son rapport à la réalité des plus flous, son rapport à l’exactitude pour le moins approximatif, son rapport à la vérité toujours manipulatoire dressent contre elle, sur ce plan, un réquisitoire sans appel ».Le Monde

Tout le monde dit que c'était nul. Mais c'était du spectacle. On n'a jamais vu, pour la présidentielle, un débat du second tour aussi violent ! Mercredi, dans la dernière ligne droite avant l'élection finale, les candidats se sont battus corps et âme devant plus de 16,5 millions de téléspectateurs. Ce n'était pas un débat, c'était un combat, dont l’agresseur est Marine le Pen. Impossible de dire à ce stade, qui a recueilli l’assentiment du peuple. Il faut faire un barrage à cette imposture et avec véhémence. Quoi qu’on dise Marine est la fille de Jean Marie. La France mérite mieux. Macron méritait mieux que Marine à ce débat du second tour.

Aimé Mathurin Moussy


Lire l'article complet, et les commentaires