Présidentielles 2022 : Voter à droite ou à droite ?
par Octave Lebel
lundi 18 avril 2022
L’affichage de la démocratie comme un leurre
La première manche de la version 2022 du piège de 2017 reconduit a fonctionné puisque les éléments utiles étaient en place depuis au moins 2002 et que les progrès nécessaires avaient été accomplis depuis.
- Une alliance idéologique concernant les fondamentaux économiques installée entre l’extrême-droite et la droite, ce qui est le préalable et le ciment essentiel. Et bien sûr la détestation commune accompagnée de la conscience du risque de ce que représente les aspirations démocratiques portées par un mouvement social dont les racines remontent au siècle dernier. Mouvement parfaitement conscient maintenant qu’il n’y aura pas de démocratie réelle et effective sans la reprise du pilotage de l’économie par le politique aux marchés et à ceux qui les dominent ni sans le fonctionnement d’un pouvoir politique incluant leur implication, contrôle et évaluation de citoyens. Du local au national et au-delà en ajoutant maintenant la nécessité de la programmation d’une bifurcation écologique. Position conduisant logiquement à la reprise de la stratégie de non alignement en politique étrangère et la reprise de la création d’une confédération européenne d’états nations et certainement pas une fédération d’états régions. Confédération autonome quant à sa sécurité, ses fondamentaux économiques et sa politique extérieure.
- Le jeu politique classique entre des personnes, des factions d’un même camp, confrontant leurs égos, leurs parcours personnels, leurs ambitions et celles de leurs soutiens aux événements et aux concours de circonstances. Se battant pour préserver les règles fondamentales de la partie sous peine d’exclusion définitive mais se distinguant dans la lutte pour le leadership afin d’imposer leur marque de fabrique et leurs priorités et méthodes. Sous les yeux et arbitrages discrets de leurs mentors du CAC 40. Dans un système institutionnel où il ne s’agit pas d’être légitime ni responsable de ce que l’on fait ou a fait vis-à-vis d’engagements pris mais validé tous les 5 ans pour son habileté aux jeux des élections. En promettant bien sûr à chaque fois un changement important tout en proposant des soupapes de nature à faire baisser la pression, le temps qu’il faut pour signer un nouveau contrat à sens unique et fatiguer la bête jusqu’à la prochaine pause électorale.
- Une uniformisation, hiérarchisation et politisation du service public de l’information menées avec diligence ainsi qu’un renforcement et une accélération de la concentration des médias privés et du pouvoir politique de ceux qui les possèdent et les contrôlent par l’intermédiaire des directeurs généraux, directeurs de l’information, rédacteurs en chef, éditorialistes, responsables de quotidiennes ou autres. Aidés maintenant aussi par la collaboration d’animateurs du divertissement comme nous avons pu le voir dans le secteur privé et public. Qui a décidé de cette évolution et du fonctionnement de ce type de pratiques dans le champ de la politique et de l’information ? Pas nous, comme si cela ne nous regardait pas. Le marché et ceux qui y font la loi alors ? Assurément et qui n’ont pas rencontré d’obstacles politiques.
- Une évidente porosité idéologique entre la droite et l’extrême-droite. Cette dernière assumant les provocations, la surenchère, les phobies qui habitent le subconscient de la famille en jouant tour à tour la mouche du coche et le bouc-émissaire ce qui permet d’organiser le duel familial que nous connaissons dont la fonction politique est de confisquer le débat démocratique aux dépens de toute une partie de la population au nom de la démocratie en danger. Ce manège dure depuis plus de 20 ans pesant lourdement sur les politiques publiques menées et la possibilité d’un fonctionnement normal de la démocratie permettant l’émergence d’une société pacifiée et ayant confiance en elle-même. Ce faisant cela affaiblit globalement le pays le laissant à la merci des appétits des oligarques et des lobbys qui nous imposent leurs volontés par le biais de l’UE. Il s’agit là d’une martingale institutionnelle subtile qui évite à la droite au pouvoir pour l’élection du président d’être confrontée à son bilan et ses responsabilités en s’imposant contre sa caricature. Magie noire ou magie blanche ?
En résumé, nous avons des dirigeants politiques (LREM, LR, PS, EELV, UDI, MODEM, RN, RNZ) partageant sans le dire, astucieusement et à notre insu croient-ils, les références libérales et néolibérales indissociables, chacun avec sa vitrine plus ou moins trompeuse visant sa clientèle, qui en sont arrivés à ne plus pouvoir se faire élire démocratiquement sur leur programme et bilan ni la cohérence de leurs promesses parce que mêmes mal informés nos concitoyens ne sont pas idiots.
La banalisation du sabotage de la démocratie.
Il n’a pas été difficile de voir comment l’aventure de Zemmour a été possible. Comment elle a contribué à évacuer d’une élection présidentielle les enjeux fondamentaux comme la nature dans le pays du pilotage de l’économie et des choix qui s’en suivent, les modalités de fonctionnement de la démocratie à travers le fonctionnement de ses institutions et les résultats constatés, la nature et les effets de notre inclusion dans l’UE rapportés aux deux premiers enjeux cités. En offrant l’occasion de surcroît à un président de snober le débat en tant que candidat et n’ayant rien à dire non plus en tant que garant des institutions et qui sait du fonctionnement de la démocratie.
De voir aussi comment il a été possible aux médias de tranquillement mettre en scène la soi-disant indépassable droitisation de notre société en faisant de circonstances non prévues, pandémie et guerre en Ukraine, deux prétextes pour écarter ce qui est au fondement d’une démocratie, le déroulement normal des élections (toutes les élections intermédiaires et celle en cours), le fait de pouvoir se poser des questions en lieu et place de se faire imposer des questions-réponses toutes prêtes, de disposer d’une information aussi complète que possible, de débats authentiquement pluralistes sans le moralisme insupportable quand il est à sens unique et que l’on peut imposer à tous ses concitoyens juste parce que l’on a le pouvoir de parler dans un micro ou d’écrire dans un médias de grand diffusion. Avec le résultat que l’on sait. Ces gens ont fait mine aussi, pour faire bonne mesure, une fois la campagne bien chamboulée, de s’inquiéter d’une possible importante abstention. C’est un travail continue de déstructuration de nos repères démocratiques. A ce stade, quand on voit les méthodes de propagande utilisées et leur intensité, il est devenu incontournable de purger un jour par un débat démocratique le problème du fonctionnement de ces médias. Ces gens ont fait un mauvais pari sur le niveau culturel du pays et celui de la prise de conscience montante de la convergence de nos intérêts. Ils ne peuvent concevoir qu’il y a des bénéfices réciproques tirés d’une solidarité mutuelle.Ils vont devoir l'apprendre.
Le piège a fonctionné de justesse.
Malgré le bridage quotidien de notre capacité de nous faire entendre, d’user et de bénéficier d’outils démocratiques partagés permettant une information posée, correctement sourcée, évaluée et discutée sérieusement en vue d’en augmenter la compréhension, malgré une invisibilité de tout un pan de la société, de son mode de vie, ses préoccupations, de ses aspirations, un mouvement social, abusé, balloté entre des états-majors politiques en représentation permanente d’eux-mêmes dans leurs interactions continues avec les hiérarchies médiatiques et leurs troupes, ce mouvement a pu s’affirmer, se développer et se consolider.
Dans presque toutes les démocraties européennes et leurs institutions, l’union populaire et ce qu’elle représente aurait eu une place déterminante et décisive dans l’arbitrage ultime d’un processus démocratique qui une fois de plus se termine pour le choix du poste clef de nos institutions en queue de poisson. Imposée à nous les citoyens mis à nouveau devant la même impasse. Nous le peuple dont notre constitution nous dit que nous serions souverains ...et représentés par et… blablabla. Notons que cette union populaire est la seule force politique qui en termes d’âges et de diversité sociale représente dans le vote de manière équilibrée notre société avec un déficit pour la catégorie des plus âgés. Ce denier point est un avantage décisif pour la famille qui s’accapare de cette dernière manche mais une faiblesse pour l’avenir. Il y a, triste constat, une forme de désastre intellectuel et moral chez une partie des retraités qui n’ont pas l’excuse de l’inexpérience. Aux jeunes qui auraient envie de faire le malin, je dis en aparté « attendez d’avoir fait vos preuves, on ne sait jamais ».
Tout cela renvoie à leur usurpation, leurs mensonges, leurs hypocrisies, tous les Tartuffes qui ont mimé le regret de la division de la gauche et nourri toutes les caricatures du mouvement LFI et de l’Union Populaire en cachant la vraie nature de leurs motivations et intérêts. Pour l’essentiel, se maintenir en place dans un système qui ne les a pas encore trop malmené dans lequel ils sont peu à avoir confiance pour la conduite du pays même s’ils le soutiennent électoralement si on en croit les sondages (Ipsos 10 avril 2022:1er tour : comprendre le vote des Français). Bel idéal et belle perspective. Respect. Nous sommes bien loin de la bonne humeur que cherchent à vendre nos médias quand ils ne sont pas occupés à nous dire où sont le mal et le bien dans la maladie et la guerre, bien qui se confond avec celui qui le dit puisqu’il est le seul à pouvoir le dire et déterminer qui peut le dire. Acculés, cette petite minorité et leurs porte-paroles disent alors en forme d’excuse que notre pays serait ingouvernable et que nous sommes incapables de nous mettre d’accord. Mais ce sont eux qui contribuent à le rendre ingouvernable et nous diviser. Ils sont devant tout événement, toute mutation majeure ou non, arcboutés à avant tout chercher le biais qui permettra de préserver leurs positions et privilèges et le déséquilibre de plus en plus mortifère qu’ils imposent ce faisant à toute la société.
Rebondir.
Le travail long et harassant qui a été fait a porté ses fruits, c’est une réussite, c’est un programme comme il n’y en a pas eu depuis longtemps, appelé à marquer son temps. Ce programme par toute la réflexion qu’il contient et les compétences qu’il a fédéré est un outil unique et essentiel. Dommage pour ceux qui ne l’ont pas vu ni compris assez vite mais le temps se rattrape. Ce travail est un socle et une dynamique qui ont besoin d’être développés et nourris. Tout fleuve tire son existence et sa force des rivières qui l’alimentent. Honte et indignité pour ceux dans les états-majors qui ont prétendu servir une cause en s’en servant à leur profit. Vous pourriez vous cacher sous la cendre mais bien sûr vous donnerez le change en faisant toujours les mêmes paris sur notre naïveté, prétendue ignorance et mémoire défaillante. Cela devient et deviendra de plus en plus difficile savez-vous et vous mordrez la poussière plus vite que vous ne l’imaginez. Ce travail est la réponse politique au mouvement social qui cherche à s’affranchir du carcan qui protège une minorité et sa reproduction. Il est à juste titre redouté parce que outre les solutions opérationnelles qu’il apporte, il porte, pour certains qui ont très bien compris, le danger extrême de placer un citoyen éclairé au cœur du fonctionnement de la démocratie.
Dans ces conditions, pour le second tour, sans joie mais résolument en toute lucidité et détermination, plus insoumis que jamais et fier de l’être (je parle, que l’on soit adhérents ou sympathisants, de l’état d’esprit, de l’énergie apportée par la solidarité et l’intelligence collective partagées qui permettent de traverser les moments plus difficiles), mon vote sera l’abstention comme en 2002 et 2017. L’abstention (ou le vote blanc) sont ici un vote pleinement politique montrant du doigt l’escroquerie morale et politique qui consiste à saboter les conditions d’une confrontation démocratique pour dénoncer ensuite le risque démocratique que représente le sparring partner que l’on a soi-même contribué à mettre en lice. Les 62% d’abstentions (avec nuls et blancs) aux législatives de 2017 en témoignent et s’il le fallait ensuite, le comportement des élus, qui une fois le moment difficile passé, n’ont surtout rien entrepris pour y changer quoi que ce soit.
Les résultats de la consultation à vocation indicative des soutiens de LFI sont maintenant connus. J’avoue ne pas comprendre le passage pour une minorité à un vote pour Macron au second tour. Je pense qu’il est infiniment plus dangereux que son homologue d’extrême-droite dont paradoxalement la capacité à dire et faire de grosses bêtises et à s’en rendre compte assez vite nous protège. De même que la médiocrité de son entourage dès lors que l’on sort des jeux politiques et sa propre pusillanimité dont elle est consciente. Son partenaire lui a acquis de l’expérience. Il est bien plus introduit dans le monde de la finance mondiale et inféodé dans les rouages de l’UE dont il a prévu de se servir pour nous contraindre. Dans un dernier mandat son tempérament et son ambition contrariée le porteront à jouer le tout pour le tout avec la manière que l’on sait aidé par un entourage infiniment plus résolu et dangereux.
En attendant j’observe et suit avec attention les gentilles fleurs que certains ont commencé à offrir, les pieux mensonges, les fieffés menteurs, les arnaques habituelles tellement grossières qu’elles s’autodétruisent à peine lancées en nous présupposant à ce point idiots de les mériter. Faisant de Marine la nouvelle madone des courants d’air électoralistes pour les ravis de la boîte à votes qui ont besoin d’une bonne dose d’illusions et d’auto persuasion après ce qu’ils viennent de voir et de vivre pour se faire les instruments de leurs futures désillusions et honte qu’ils cacheront ensuite sous de la colère. En espérant sincèrement que ce soit le départ pour eux d’une nouvelle réflexion.
Il s’agit donc de tisser en hâte, en détournant l’attention du fait que cela était déjà cousu de fil blanc depuis le début comme en 2017 et bien avant d’ailleurs, tisser le voile de la madone et d’organiser le pas de deux, droite et extrême-droite dont ont besoin le faux toréador et la victime d’opérette afin de divertir la lucidité et troubler la mémoire de citoyens réduits à l’état de marionnettes électives. Il sera intéressant d’observer ultérieurement à quelle vitesse ces ravis du vote seront mis devant la réalité et avec quels éléments de langage et méthodes ils seront conduits à devoir s’y faire. M’est avis que le chemin de ravi de la madone ou du toréador à la guirlande de promesses attentionnées à couillon honteux sera plus rapide qu’attendu. Soyons positif, ce sera aussi l’occasion d’un progrès. On apprend tous en faisant des erreurs et il y en a qui, selon les disciplines pratiquées, ont besoin de plus d’essais et de gamelles que d’autres.
Calembredaines et impressions de campagne.
Je ne résiste pas à énumérer quelques calembredaines censées nous engourdir le cerveau et nous euphoriser (indispensable vu le contexte) afin de nous amener au pied de l’urne le 24 avril le bon bulletin en main et surtout les plus nombreux possible. Quelques impressions aussi. Ce qui n’enlève rien à la nuisance potentielle de ce qui est tourné en dérision.
1. Marine Le Pen. Au moins c’est récréatif avec un mélange de burlesque et de surréalisme grinçants. On ne peut dénier le sens du gag. Mieux vaut faire rire que pleurer.
- La madone n’appartenant plus dorénavant à l’extrême droite, ses électeurs de la première heure sont donc sommés de ne plus voter pour elle. Comme cela il n’y aura pas de doute possible. Attention, ce serait une faute grave insultant l’honneur de déroger à cette consigne. Et personne n’a le droit de rire.
- S’étant déportée désormais à gauche, inspirée par ce diable de Mélenchon, qui ingrat ne veut même pas le reconnaître en la snobant, les plus intelligents des électeurs de Mélenchon devront, afin de prouver leur qualité, voter désormais pour elle. Toute incartade signalera le manque de convictions et de cohérence des impétrants concernés. Ce moment est solennel et c’est très sérieux.
- Tout français normalement constitué ne peut décemment encore résister à l’appel de celle devenue la mère de la patrie, chargée du bannissement de l’usurpateur, de l’exil des envahisseurs et, dans la foulée, du règlement de tous les problèmes. Qui plus est avec seulement 22 flèches .Et bien sûr son intelligence (de la situation). C’est chargé mais c’est beau.
2. Macron. Ici, la comédie est tout aussi réelle mais cela prête moins à rire. Le sourire est séducteur, la rhétorique mielleuse et les dents longues. Pour les coups fourrés, il s’agit d’un autre calibre. Normal, c’est le maître et l’inspirateur du jeu.
- Le maître et ses conseillers respirent mieux, ils sont soulagés avec le vent du boulet qui vient de siffler à leurs oreilles. La véritable confrontation gauche/droite a été évitée. Ils font le guilleret et le gentil et promettent à tout va des kinder-surprise. A la place de la madone, je me méfierais de ce genre d’imitateur, il a des pistolets qui tirent dans tous les coins.
- Le maître et ses conseillers ont choisi et espéré cette reine d’un jour, déjà courtisée et pressentie avec gourmandise par le chevalier Darmanin. Ouf, elle y est arrivée une nouvelle fois. De justesse, non sans contrariétés, tirée par la tradition familiale, remaquillée grâce à un trublion opportuniste et bien réchauffée depuis longtemps au soleil des médias. Ils se frottent les mains de concert. Ils sont contents, heureusement l’abstention a encore monté un peu.
- Finalement, ils se congratulent Est-ce qu’elle va réussir à échapper à la lucidité de ceux qui ne voient en elle qu’un outsider sacrificiel, programmé de longue date, et en hypnotiser un nombre suffisant afin d’obtenir l’appoint indispensable au miracle électoral ? Affichage décontractée façon acteur studio, bonifiée en art oratoire, la volonté et les convictions un peu destructurées par 3 lessiveuses présidentielles, entre populaire et populiste avec une dégaine de conservatrice floue , ces atouts feront-ils le poids ? En principe pas possible, mais sait-on jamais avec ces satanés électeurs.
- Mais au fond à quoi bon s’inquiéter. Si elle était élue par surprise, combien de jours de plus ou de moins que ses homologues italiens replacés vite fait bien fait sous la tutelle de Mario Draghi, un de nos meilleurs amis politiques, nous fraudaient-ils pour lui faire lâcher les rênes et la contrôler ? Marine, au fond, qui sait, ce serait peut-être dans cette configuration la meilleure solution pour déstabiliser définitivement les résistances de ces satanés français à l’UE. Merci, gentille Marine aux talents cachés.
Le combat continue et la réussite n’est pas loin.
Beaucoup d’entre nous vont rester à la maison ce jour-là en songeant à cette union populaire qu’il s’agit de faire vivre et dont nous aurons besoin très vite sans attendre la fin d’un mandat afin de préserver ce qui doit l’être et préparer l’avenir.
Reste la suite immédiate, l’élection législative, démocratiquement biaisée par son articulation systématique et exclusive avec la présidentielle. Incertitudes pour le camp du progrès car ici les états-majors et les professionnels de la carrière sont à l’aise pour actionner leurs réseaux d’influence, faire jouer les renvois d’ascenseur et les copinages. De mandat de 5 ans en mandat de 5 ans, ils se sont bien gardés d’en modifier l’organisation malgré toutes les promesses faites et refaites. Ce sont les avantages de la démocratie à la française et parmi ceux qui se plaignent, il y en a sûrement des qui auraient pu y réfléchir avant. Ici, déjà, l’union populaire qui s’est faite va pouvoir se mettre en synergie et se lancer pour conjuguer le combat parlementaire et le combat social. Ce sera le moment crucial pour le pays à ne pas louper. Il s’agira de bien identifier les forces de progrès et ses adversaires, de bien identifier les évolutions en cours et d’être en mesure de les infléchir ou les combattre afin que le centre de gravité penche du côté de la démocratie car il s’agit institutionnellement et démocratiquement ne plus se faire imposer de reculades.
Pour la route : Discours de Jean-Luc Mélenchon après le 1er tour (extraits)
Fidèle à lui-même le candidat de LFI et de l’Union Populaire, ne donne pas une consigne simpliste à propos d’une situation complexe. Il croit en cette utopie qui deviendra réalité à savoir que le citoyen éclairé est la finalité et la condition de la démocratie qui finira par s’imposer. Il commence donc par l’inviter à prendre du recul et à réfléchir par lui-même. Le piège s’est refermé, de justesse mais c’est fait. Le délégué du pouvoir de la finance a réussi à se soustraire au débat démocratique avec le représentant d’une véritable alternative pour pouvoir jouer sa comédie avec une adversaire de paille qui cache son obédience au même pouvoir en proposant de corriger les conséquences des politiques voulues par celles-ci sans jamais s’attaquer sérieusement aux causes structurelles. En y substituant l’immigration et l’insécurité et en promettant quelques cataplasmes temporaires. Il rappelle simplement qu’on ne peut combattre un système en soutenant le mouvement qui lui sert régulièrement de faire-valoir et de bouclier électoral grâce à un scrutin propice. Que c’est en fait la 3ème composante du piège, sacrifier ses propres repères et propositions politiques et tout le travail capitalisé pour l’illusion éphémère d’une fausse victoire. L’hameçon est tellement gros quand on prend le temps de l’identifier que cela suffit pour savoir quoi faire.
« Une nouvelle page du combat s’ouvre. Vous l’aborderez, nous l’aborderons dans la fierté du travail accompli. Cette force immense que nous avons construite de nos mains, tant de fois sous le mépris et les insultes, elle est là. Et pour chaque étape, elle est là, si vous décidez de la préserver, de l’entourer comme vous l’avez fait jusqu’à cette heure en dépit de tout……Car le tableau, le tableau que vous avez sous les yeux, tel qu’il a été voulu non de notre fait, ni même du fait du peuple français, mais des institutions de la cinquième République et de cet étrange système de tirage au sort qui aboutit à vous demander de choisir entre deux maux dont vous vous sentez à la fois qu’ils sont terribles pour vous mêmes et qu’ils ne sont pas de même nature. Et chacun d’entre vous se trouve mis au pied du mur de sa conscience, de la décision qu’il doit prendre. C’est la condition humaine d’être sans cesse confronté à des décisions qui sont souvent difficiles à prendre
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Les batailles arrivent devant vous. Ne commettons pas l’erreur de nous fourvoyer à peine entrés sur le chemin. Nous savons pour qui nous ne voterons jamais. Et pour le reste, faites comme je vous l’ai dit il y a cinq ans. Vous souvenez-vous qu’il y a eu quelques dégâts après notre déclaration ? Pour qui prendrait-on les Français ? Ils sont incapables de savoir quoi faire ? Ils sont capables de décider ce qui est bon pour le pays. Jamais nous ne perdrons notre confiance dans la démocratie. Donc vous ne devez pas donner une voix à madame Le Pen
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Alors je le sais bien, je répète parce que des fois, il arrive que même quand je dis les choses, c’est comme si je ne les avais pas dites. Alors je recommence à cet endroit du film : il ne faut pas donner une seule voix à madame Le Pen. Il ne faut pas donner une seule voix à madame Le Pen. Il ne faut pas donner une seule voix à madame Le Pen. Voilà, je crois que le message pour cette partie a été entendu.
La lutte continue.
Nous disons à tous ceux qui, jusque-là, n’ont pas voulu l’entendre : ici est la force. Nous avons une stratégie : le pôle populaire. Nous avons un programme. Nous avons devant nous d’autres élections. Nous tiendrons à chaque étape notre rang. Réfléchissez-y. Alors bien sûr, les plus jeunes vont me dire : « Eh ben, on n’y est encore pas arrivé ? » Ce n’est plus loin. Faites mieux !
Merci.
Repères :
● Qui a voté pour qui ? : On analyse ce premier tour (Les Crises, Elucid, Olivier Berruyer 16/04/22).
Travail remarquable, très lisible.
https://elucid.media/politique/qui-a-vote-pour-qui-on-analyse-ce-premier-tour/?mc_ts=crises
● Présidentielle 2022 | 1er tour : comprendre le vote des Français (10 Avril 2022).
J’avoue qu’à trop découper le poisson, on ne reconnaît plus la truite. Peut-être que nous sommes des citoyens avant d’être des électeurs occasionnels. Ce qui semble échapper aux sondeurs qui ont pour eux l’excuse de vendre du sondage et aussi à pas mal de commentateurs amateurs ou professionnels. Qui a les meilleures excuses ? Pourtant faire le point sur la photo du jour n’est pas inutile.
https://www.ipsos.com/fr-fr/presidentielle-2022/1er-tour-comprendre-le-vote
● Présidentielle 2022 | Profil des abstentionnistes et sociologie des électorats (10 avril 2022).
Un peu plus pertinent me semble-t-il.
https://www.ipsos.com/fr-fr/presidentielle-2022/1er-tour-abstentionnistes-sociologie-electorat
● Discours de Jean-Luc Mélenchon après le 1er tour (intégral).
https://melenchon.fr/2022/04/10/1er-tour-jean-luc-melenchon-prend-la-parole
● Bon à savoir pour l’avenir : Comment les sondages ont sous-estimé le score de Mélenchon (13 avril 2022)
https://linsoumission.fr/2022/04/13/sondages-sous-estime-melenchon
● Présidentielle : Macron annonce une guerre sociale encore plus féroce en cas de 2ème mandat 18 mars 2022.C’est le principe des promesses Kinder-Surprise.
https://linsoumission.fr/2022/03/18/macron-annonce-guerre-sociale-feroce
● Magazine Frustration : « Et maintenant, on fait quoi ? » Nicolas Framont et la rédaction (11/04/22). Un décodage simple et limpide de la situation. A ne pas Rater.
https://www.frustrationmagazine.fr/presidentielle-que-faire
● A lire ou à relire, revigorant « La classe dominante a besoin que l’on se croit trop con pour prendre sa place »
https://www.frustrationmagazine.fr/gens-sont-cons