Présidentielles : le dernier coup de collier

par Elliot
mercredi 19 avril 2017

Pour Mélenchon en veine dans les sondages - avec les réserves que l’on peut apporter à ce genre d’exercice dont le fonctionnement et partant la fiabilité furent partiellement sinon mises en doute du moins dûment interrogées par les enquêteurs de l’émission « Envoyé spécial » de Fr 2 - c’est le temps du dernier effort qui couronnera de toute manière une excellente campagne très innovante.

En exploitant les potentialités de la technologie moderne, Mélenchon a démontré que l’on peut parfaitement mettre la modernité au service des idées anciennes, en fait d’avant-garde, inabouties mais nullement déclassées comme aiment à le prétendre certains .

Pour les zélés laudateurs du libéralisme peu soucieux en fait d’égalité sociale, un idéal qu’ils laissent aux rêveurs, la finance au service de l’économie productive et de l’emploi apparaît maintenant comme un objectif déraisonnable, ils sont à la solde de leurs maîtres qui n’ont qu’un seul souci, celui d’accroître leur bas de laine financier et tant pis si cela implique des fermetures d’entreprises et des transferts de technologie.

 

Un monde impressionnant se déplace pour écouter l’orateur de talent développer ce que Hollande, avec l’ingénuité de celui qui a tout raté, appelle des simplismes et qui ne sont jamais que le fond argumentaire qui lui a permis de tromper suffisamment de Français pour lui assurer la victoire en 2012, abusés par son double discours et ses professions de foi inamicales envers la Finance.

Partout où Mélenchon se déplace, la foule vient entendre la bonne parole qui cherche à convaincre des idéaux de justice et de dignité, qui ouvre des perspectives de transformation de l’économie, un discours qui s’adresse à tous sans distinction et qui exclut, par simple décence autant que par conviction, de vomir les torrents d’inepties sur l’immigration ou sur l’Islam.

 

En panne dans les sondages, en peine de convaincre sur son programme économique qui est aberrant dans sa bouche, ce dont certains commencent à se rendre compte, Marine Le Pen revient aux fondamentaux de son parti aux seules fins de complaire à son auditoire à l’horizon bouché par ses préventions raciales quand elles ne sont pas ouvertement racistes : l’immigration, l’Islam ( en fait dans l’esprit de certains tout ça se confond ) et la sécurité avec toujours les mêmes balivernes propres à séduire les convaincus de paranoïa délirante, ceux qu’elle appelle les patriotes et qui ne sont que des zombies enfermés dans leurs peurs irraisonnées autant qu’irrationnelles.

 

Marat a fort justement fait remarquer « Où est la patrie de ceux qui n’ont aucune propriété, qui ne peuvent prétendre à aucun emploi, qui ne retirent aucun avantage du pacte social ? À celui qui n’a rien, la patrie est son seul bien » ce qui renvoie à l’aberration mentale de ces prétendus patriotes en état de déclassement social et en pleine déréliction morale qui n’ont plus que la haine et leurs slogans ineptes pour assouvir les frustrations amassées par des décennies d’abandon.

Dépités, déclassés, laissés pour compte de la mondialisation, ils se laissent convaincre par ceux-là qui de tout temps et sous tous les cieux ont été les plus aptes à exploiter leur désarroi et à la fois les moins à même de résoudre leurs problèmes, les moins désireux aussi de couper les branches qui leur assurent les fruits de leur prospérité électorale : le bouc émissaire est nécessaire à ceux qui vivent de la peur.

 

Poussant le cynisme jusqu’au bout, le FN va jusqu’à citer Jean Jaurès en donnant à cette citation le sens d’un nationalisme étriqué « À celui qui n’a rien, la patrie est son seul bien »

Ce qui signifie en fait dans l’esprit de Jaurès ( assassiné par un militant d’extrême-droite qui avait, lui, bien compris que le tribun socialiste déplorait cet état de fait ) qu’à celui qui est démuni du minimum vital est présenté comme lot de consolation imaginaire une patrie irréelle ( propre à l’époque à l’envoyer au casse-pipe, la fleur au fusil et l’exaltation plein la gueule ).

 

L’ordre républicain que prône le FN et maintenant, quoique avec infiniment plus de mesure, le camp Fillon, c’est l’ordre de la schlague, les contraintes de toute nature, instruments de la grande revanche de la Droite réactionnaire, qui ouvrent la porte à la régression sociale dont les travailleurs, les humbles, ceux que l’on appelle négligemment, perfidement ou dédaigneusement assistés, seront les seules victimes même si au FN certains à la manœuvre sèment le doute dans les esprits avec l’illusion d’un retour sous sa direction au progrès social.

Pendant les Trente Glorieuses, le monde ouvrier avait une représentation vigoureuse qui lui donnait un poids dans les négociations sociale, il n’a plus aujourd’hui ces moyens et seul peut-être Mélenchon pourrait être en capacité de réanimer le dialogue au sein du corps social.

De toute manière, il semble acquis que le parti socialiste est en bout de course et que son candidat officiel sera en tout état de cause loin derrière Mélenchon.

Divisé en factions rivales voire carrément opposées, abandonné par ceux-là, nombreux, qui vont au bout de leur logique de dilapidation de l’héritage historique et qui se sont alignés derrière Macron qui n’en veut mais... le PS résiduel donc, qui soutient plus ou moins son candidat, devra chercher en position de faiblesse les meilleurs accommodements possibles avec la France Insoumise et son leader qui ne s’en laissera pas facilement compter.


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