Prévoir, c’est aller contre la logique de notre monde
par Robert Branche
mercredi 24 juin 2009
Plus le monde a évolué, moins il a été prévisible. Quelle est la dynamique qui sous-tend l’évolution de notre monde ? La réponse me paraît être : l’accroissement de l’incertitude.
Commençons par le début avec la matière inanimée : ce qui sous-tend les lois de la physique sont l’entropie et la tendance de tous les systèmes à son accroissement. Or l’entropie est directement liée au désordre de la matière. Plus l’entropie augmente, plus le désordre augmente.
Arrive ensuite l’apparition des premières cellules vivantes et l’émergence des végétaux. Ces cellules sont en échange permanent avec l’extérieur. Elles génèrent ainsi des interactions complexes et rendent encore plus incertaine l’évolution du monde. A l’entropie de la physique, vient s’ajouter l’aléa du vivant.
Et voilà que nous arrivons avec notre cerveau « sophistiqué » et notre capacité à construire des stratégies propres et nouvelles. Nous sommes encore moins prévisibles que les animaux, et notre impact collectif sur le monde est considérable.
Ainsi toute l’évolution a accru l’incertitude et la complexité du monde. Et si c’était son vrai moteur ?
Ceci est singulièrement vrai dans les entreprises et leurs relations avec le monde financier : on demande sans cesse aux entreprises de bâtir des plans prévisionnels qui vont servir à calculer des valeurs financières ; ces valeurs seront alors immédiatement « vendues » au marché et les entreprises seront contraintes d’atteindre ces résultats. Ces mécanismes qui cherchent à limiter l’incertitude sont donc à l’opposé des logiques réelles qui sous-tendent l’évolution du monde.
Il est urgent que nous apprenions à fonctionner autrement…
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