Prix Nobel du racisme
par Voris : compte fermé
lundi 22 octobre 2007
« Elémentaire mon cher Watson », il suffisait d’y penser : décerner chaque année officiellement un Nobel du racisme ! Et c’est un Nobel, le Dr Watson, qui, en défrayant la chronique avec ses propos eugénistes et xénophobes, en a fait naître l’idée. Mais des concurrents sérieux sont en lice. Ou plutôt en Suisse...
Le Dr Watson a été distingué par le Prix Nobel de médecine en 1962. 45 ans après, c’est d’une manière moins élégante qu’il se voit à nouveau distinguer. Cet Américain, James Watson, codécouvreur de la structure de l’ADN - largement évoquée en ce moment !- s’est vu attribuer par le quotidien privé sénégalais Le Populaire, le "Nobel de racisme". Ce journal a estimé que ce scientifique n’avait pas démérité. Qu’on en juge plutôt : M. Watson a indiqué, la semaine dernière, au Sunday Times qu’il aurait aimé que tout le monde soit égal, mais que "ceux qui ont à traiter avec des employés noirs savent que ce n’est pas vrai. Nos politiques sociales se fondent sur le fait que leur intelligence est la même que la nôtre (Occidentaux blancs), alors (...) que toutes les recherches concluent que ce n’est pas vraiment le cas". A défaut de consécration pour ces propos récents, le journal pourrait attribuer le Nobel à notre homme pour l’ensemble de son oeuvre pour avoir déclaré auparavant que les femmes devraient avoir le droit d’avorter si des tests pouvaient déterminer que l’enfant à naître portait les gènes de l’homosexualité. Ou encore qu’il y a un lien entre la couleur de la peau et les pulsions sexuelles, ce qui expliquerait pourquoi les Noirs ont une libido plus développée que les autres. Ou bien alors le prix Nobel de l’eugénisme pour avoir dit que l’on pourrait un jour modifier la génétique pour créer des gens plus beaux. "Les gens disent que ce serait horrible si on pouvait faire en sorte que toutes les filles soient jolies".
La Suisse file un mauvais chocolat : l’Union démocratique du centre (UDC), un parti de droite populiste et xénophobe, a le vent en poupe ! L’UDC déjà devenue la première formation politique du pays lors de la précédente consultation de 2003, avec 26,7 % des voix, a vu sa position renforcée ce dimanche en recueillant 28,8 % des voix, selon des résultats préliminaires des élections fédérales. Soli Pardo, candidat de ce parti se défend de propager des idées xénophobes. Pourtant une affiche, montrant un mouton blanc expulsant d’une ruade un mouton noir du territoire national, a suscité des accusations de racisme à l’encontre du parti et de son chef Christoph Blocher. Mais, selon Pardo (dans un entretien accordé à La Tribune de Genève), le mouton noir est une expression courante dans plusieurs langues. On ferait une querelle sémantique à son parti en prenant le mot "noir" au pied de la lettre. Si l’affiche a suscité une vague d’indignation, ce serait à cause d’une hystérie organisée par les partis de gauche, qui espèrent camoufler leurs retards idéologiques. On relèvera des analogies entre cet argument et celui qui fut utilisé par la droite française à l’occasion du "détail" de tests ADN. Il existe aussi des similitudes entre la campagne de l’UDC et celle de l’UMP pendant la présidentielle en France : le chef de parti est ministre de la Police et de la Justice, le populisme est flatté sans limite, et cette référence commune à l’image du mouton. Sarkozy avait parlé de moutons qu’on égorge dans les baignoires, dans un échange avec Azouz Begag, mais n’avait pas exploité ce filon lors de sa campagne. Notre président a donc peu de chances de remporter le Prix Nobel du racisme.
Pour finir, je conseillerai à monsieur Watson la lecture du livre Le Racisme expliqué à ma fille de Tahar Ben Jelloun, qui peut être lu par toute petite fille - même si elle n’a pas les traits redessinés selon ses plans eugénistes. Mais le livre, qui s’adresse aux enfants
entre 8 et 14 ans, et qui explique précisément chaque terme, aiderait surtout les candidats de l’UDC suisse à bien comprendre le sens des mots et à réfléchir sur leur comportement...