Procès Mila : quand les juges du système font les gros yeux aux trolls du système

par Florian Mazé
mercredi 23 juin 2021

C’est le grand bal des systémiques ! Pour une fois, la justice officielle intente un procès officiel à de vrais auteurs de menaces proférées sur internet à l’encontre d’une vraie victime de menaces, Mila en l’occurrence. Mais, le citoyen lucide ne s’y doit point laisser prendre. Le système recule pour mieux sauter, plus exactement : pour mieux nous sauter à la gorge. Car derrière l’arbre du procès Mila se cache la forêt des harcèlements en tous genres, y compris judiciaires, qui ont de très beaux jours d’impunité devant eux.

 

Car, en effet, je ne donne pas dix ans avant que tous les auteurs de propos un peu critiques sur l’insécurité, sur l’écologisme, sur l’islam, sur l’immigration, le féminisme ou le président de la République ne finissent en taule, et pour de longues années (la liste précédente n’est d’ailleurs pas limitative). Les Français battus-cocus-contents sont encore majoritaires à croire qu’ils vivent dans une démocratie, où ils ont le droit de s’exprimer. Que nenni, bande de couillons ! Vous n’avez le droit d’exprimer que ce que le système vous concède.

 

Déjà, on ne compte plus le nombre de procès intenté à ceux qui ont la langue bien pendue ! Dans des genres un peu différents, demandez donc à Soral, à Ryssen, à Riposte laïque, à Dieudonné, aux Identitaires, à Fdesouche, au Rassemblement national, et à tant d’autres que j’oublie, et ils m’en pardonneront. Et dans ces procès, c’est au minimum de lourdes amendes avec la ruine à la clef, ou, parfois, déjà, de la prison ferme. Pendant ce temps, bien entendu, les crimes et délits les plus sordides se multiplient dans la plus scandaleuse impunité. C’est déjà le monde imaginé par G. Orwell, dans 1984 ; je vous recommande notamment la scène de garde à vue mémorable, où le prisonnier politique Winston Smith comprend, terrifié, qu’il risque infiniment plus que les détenus de droit commun qui partagent sa cellule et qui se foutent éperdument de ce que les autorités, pourtant totalitaires, peuvent leur dire.

 

Je rappelle d’ailleurs que Mila a failli, au début, être inquiétée par la justice du système, avant que cette même magistrature systémique n’effectuât un rétropédalage. Je rappelle aussi que des influenceurs ultra-systémiques tels que Sardoche continuent à la charger allègrement sur internet, et sans être beaucoup inquiétés. Je rappelle enfin que les accusés hurlent en ce moment à la liberté d’expression, le comble pour des gugusses qui furent les premiers à menacer de mort une personne qui s’exprime !

 

Je vais maintenant vous expliquer pourquoi ce procès semble remettre les choses à l’endroit, dans le bon sens, avec bon sens, alors qu’il n’en est rien.

 

Tout est une question de calendrier, d’échéances, pour parler comme les complotistes (et pourtant je n’en suis guère). Nous ne sommes pas encore, par exemple, en 2030. Le système actuel n’est pas encore – pas tout à fait – celui imaginé par Orwell. Les usages administratifs, politiques et judiciaires ne peuvent pas basculer tout de suite dans une horreur caricaturale, qui nous semblera normale en 2030, mais qui nous paraît encore anormale – à certains d’entre nous – en 2021. En 2030, mettons, les gens comme Mila se retrouveront systématiquement derrière les barreaux pendant que les braves citoyens se feront massacrer dans la rue sous l’œil complice et sadique de l’ordre établi. Et les Mila qui critiqueront tel ou tel aspect de la vie collective qu’il sera interdit de critiquer, n’importe lequel, islam ou autre, connaîtront un sort des plus fâcheux, un sort orwellien.

 

Mais nous ne sommes pas encore en 2030. Le système, à trop presser les choses, finirait par déclencher des révoltes, du moins par susciter des idées de révoltes. Si la justice, aujourd’hui, envoyait systématiquement des Mila en prison, il se trouverait encore quelques citoyens lucides pour s’en offusquer. Et il y aurait peut-être même un tsunami populiste aux grandes élections, ce que le système redoute le plus.

 

Ainsi, le système doit mettre un peu d’eau dans son vin. Il faut, de temps en temps, que la justice systémique concède quelque justice morale, précisément, à de vraies victimes, et qu’elle désigne, de temps à autre, de vrais coupables ; sinon, elle tombe dans l’horreur caricaturale, dans l’inversion des valeurs la plus abjecte, et elle perd sa crédibilité, au moins pour une partie de la population, la partie dangereuse, la partie authentiquement populiste et populaire, celle qui risque sérieusement d’en avoir assez de toute cette gabegie, de toute cette pagaille, et de vouloir renverser la table.

 

C’est du reste, ce que j’exprimai une fois dans mon roman, la fiction s’inspirant toujours de la réalité :

 

« La Fédération protégeait les nuisibles et bafouait les fragiles. Néanmoins, comme dans tout régime corrompu par une idéologie incohérente, il fallait rester crédible. L’impunité prédominait. Mais elle ne pouvait prédominer dans tous les cas. Un peu comme le mensonge en politique, que les démagogues doivent tempérer de vérité pour que personne ne s’en aperçoive. »

2193, Le Crépuscule des Humanistes

 

Bref, pour en revenir au monde réel, à savoir la France en 2021, il fallait bien que la justice actuelle accordât quelque attention bienveillante à Mila, qu’elle lui concédât le statut de victime, qu’elle évitât de lui infliger celui de coupable. Mais, braves citoyens, ne vous leurrez jamais ! Dans le système actuel, et ce sera probablement bien pire dans le futur, les vrais protégés du système ne sont pas Mila et tous ceux qui lui ressemblent. Les vrais protégés du système sont ceux qui la menacent – et tous ceux qui ressemblent à ceux qui la menacent – quand bien même le système aurait décidé d’en sacrifier un ou deux pour donner le change…

 

Illustrations :

— Image du procès Mila

— L’influenceur Sardoche, hostile à Mila


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