Prostitution sauvage à la chambre des députés !

par Christophe Leclaire
mercredi 7 décembre 2011

Maquée par Guy Geoffroy (UMP) et Danielle Bouquet (PS), l’Assemblée nationale, droite et gauche confondues, vient de voter comme un seul homme, ce mardi 6 décembre 2011, la résolution affirmant "la position abolitionniste" de la France en matière de prostitution.

Comme tous les présidents des groupes politiques qui sont censés représenter la France ont voté cette infâme résolution, puis présenté un stupide projet de loi – un de plus – visant à la pénalisation des travailleuses et travailleurs du sexe, ainsi que de leurs clientes et clients, on réalise à quel point la pensée unique et sclérosée a pénétré les plus hautes sphères législatives de ce triste pays.

On réalise à quel point ces jolies dames et ces beaux messieurs, dont les salaires sont dignes des meilleures prostituées de luxe des réseaux VIP internationaux (pour un travail moins sérieux, à vrai dire), sont totalement déconnectés des réalités humaines les plus basiques. Pire : ils sont les complices des crimes liberticides en vogue sous ce quinquennat génocide des libertés, qui se perpétueront en 2012, qui s’intensifieront même, quoi qu’il arrive, UMP et PS, sexuellement et économiquement, menant le même combat !

À en croire la rigide Danielle Bouquet, pour une personne qui affirme avoir fait ce choix, “il y a des centaines de victimes", fantasme-t-elle à gorge déployée. Décidément, après Claude Guéant et ses pourcentages trafiqués, désavoués par l’Insee, sur les échecs scolaires des enfants d’immigrés, les professionnels de la politique, à voile ou à vapeur, semblent fâchés avec les chiffres, puisque 20% des travailleuses et travailleurs du sexe (selon Act-Up) accomplissent malgré tout cette tâche ingrate en toute liberté. Donc, voir des centaines d’esclaves sexuels pour un seul réellement consentant relève d’une propagande puritaine et d’une désinformation flagrante.

Même de grandes figures féministes comme Elisabeth Badinter affirment haut et fort leur hostilité à l’abolition de la prostitution et à sa pénalisation. “Si une femme souhaite gagner en trois jours ce que d’autres gagnent en un mois à la caisse d’un supermarché, c’est son droit”, assure-t-elle, tout en ajoutant, évidemment, une condition essentielle : que la femme en question “ne soit pas contrainte”, qu’elle dispose de sa souveraineté et son libre arbitre.

Avec cette résolution consensuelle et ce projet de loi dont le seul but est de pénaliser encore et encore, de mettre des couvercles sur des marmites en surchauffe, les députés français font preuve quant à eux d’une démagogie sans nom, dont il conviendra, le moment venu, d’analyser toutes les conséquences. Mais dès à présent, on les imagine facilement : au lieu de protéger les travailleurs imposables du sexe, on les plonge davantage encore dans la précarité, la soumission aux clients, le racket policier, le danger permanent, où la clandestinité et l’absence de soins seront monnaie courante.

Les réseaux de prostitution, seule cible majeure qu’il conviendrait de combattre avec force si l’on s’en donnait les moyens, si certains “arrosés” cessaient aussi de les “protéger”, vont peaufiner leurs stratégies et leurs méthodes avec la plus grande efficacité et la complicité, bien sûr, de hauts gradés de la police hautement corruptibles, comme on l’a vu avec l’affaire Neyret (Lyon) ou celle du Carlton de Lille (Lagarde, etc.)… Et seuls les clients les plus fortunés, si par malheur ils se faisaient prendre, pourront se permettre le luxe de payer l’amende de 3.750€, une babiole pour eux, si l’on en croit les sommes folles dépensées par la société Eiffage pour satisfaire les pulsions et les pervertions de certains de ses cadres dirigeants, de ses bons clients ou de vieux barbons de la politique, DSK en tête.

Au lieu de nous parler de cette pénalisation des clients qui se pratique en Suède depuis 1999, les députés feraient mieux de voir ce qui est en train de se passer aujourd’hui dans cette Europe malade du libéralisme, dans cette Europe en crise où, sans les consulter, on met les peuples en esclavage, comme les fourmis se servent du travail des pucerons pour s’alimenter.

Aujourd’hui, en Grèce, en Espagne, en Italie et au Portugal, la prostitution est en train d’exploser. Étudiantes et mères de famille, diplômées sans travail, sont obligées d’avoir recours à la prostitution pour pouvoir survivre, payer un loyer et acheter à manger, se soigner, envoyer leurs enfants à l’école ou à ce qu’il en reste.

Encore une fois, les députés, au mieux, ont un train social de retard, au pire, ils ne comprennent rien à ce qui est en train de se passer à cause d’eux et des gouvernements corrompus en Europe, et dont la prostitution n’est en réalité qu’un épiphénomène.

En France, aujourd’hui, 32% des jeunes de moins de 30 ans vivent sous le seuil de pauvreté ! On leur dit que leurs études ne valent plus rien, que leur qualification est inutile, etc., on transforme le RSA en STO, et le chômage est leur seul horizon, alors combien d’entre eux vont se tourner et se tournent déjà, occasionnellement ou régulièrement, comme partout ailleurs dans cette Europe où les politiciens et les banquiers massacrent la jeunesse, vers une prostitution chronique parce qu’ils n’ont pas le choix, parce qu’ils n’ont plus que leur corps à vendre pour pouvoir survivre à cette austérité illégitime et illégale, qui fait le Bonheur des grands actionnaires, des banquiers, des micro-prêteurs (genre Attali), des nantis et de leurs financiers spéculateurs !

Cette assemblée nationale de riches bourgeois hypocritement puritains, et ne représentant qu’eux-mêmes, peut bien voter ce qu’elle veut en matière de prostitution, elle sera très bientôt dépassée, terrassée, par la terrible réalité.

Au lieu de s’échanger de bonnes adresses de luxueux restaurants pendant leurs heures de travail, les députés feraient mieux de se balader sur le net : ils verraient les dizaines de milliers de petites annonces françaises qui commencent à fleurir depuis quelques mois et proposent des services sexuels en tous genres et en toute discrétion assurée…

Ils comprendront peut-être alors que leur pitoyable et inadmissible politique d’austérité est en fait la plus grande maquerelle de l’Histoire et que, grâce à eux, à leur propre prostitution, grâce à leur cupide soumission passive aux diktats de la Haute Finance, le plus vieux métier du monde est en train de devenir un secteur d’avenir, le seul qu’ils offrent à une jeunesse qui ne veut pas crever.

Il y a aussi la politique professionnelle, bien sûr, mais les jeunes, eux, ont encore de la dignité. Un jour prochain, vous verrez, Mesdames et Messieurs les députés, même dans cette France sinistre que vous nous fabriquez pour remplir vos poches et servir l’intérêt de vos clans, jeunes et moins jeunes envahiront les rues, mais pas pour tapiner… 


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