Prox’Net agit pour l’emploi en 2025 !

par Désintox
lundi 9 septembre 2019

Le 20 septembre 2025

La plateforme "Prox'Net" a fait récemment l'objet de débats plus ou moins houleux. Pour éclairer le lecteur, nous sommes partis à la rencontre d'auto-entrepreneuses affiliées à la plateforme. Nous avons aussi rencontré la responsable de l'antenne française de Prox'Net.

"Prox'Net" a été au centre de l'actualité à la suite de l'arrêté de la cour d'appel de Paris du 5 septembre 2025, qui a requalifié ses activités en proxénétisme pur et simple. Mais heureusement, la nouvelle loi1 votée le 6 septembre 2025 a permis de lever toute ambiguïté. Une plateforme qui se contente de mettre en relation des fournisseurs indépendants de services sexuels tarifés avec leurs clients ne saurait être considérée comme pratiquant le proxénétisme. L'activité de Prox'Net est donc complètement légale. Dans le souci de protéger les auto-entrepreneurs affiliés à ce genre de plateforme, la nouvelle loi oblige cependant ces dernières à signer une charte.

Pour en savoir plus, nous sommes allés à la rencontre de trois de de ces nouvelles travailleuses du sexe. Nous avons rencontré successivement Léa, Manon et Chloé (les prénoms ont été changés).

Pour rencontrer Léa, nous nous sommes connectés au site https://www.proxnet.paris2. Sur la base des photographies, nous avons choisi Léa, puis coché les deux options "turlute" et "coït". Le tarif s'affiche tout de suite :

Nous devons ensuite accepter les conditions d'utilisation de la plateforme, puis payer par carte bancaire.

Avec beaucoup de professionalisme, Léa se présente exactement à l'heure convenue. Dans un premier temps, elle se montre étonnée d'avoir affaire à un couple "vous n'avez pas commandé un plan à trois, mais si vous voulez, vous pouvez modifier tout de suite votre commande au prix d'un supplément". Nous lui expliquons alors que nous sommes journalistes et que nous voulons seulement l'interviewer sous anonymat, ce qu'elle accepte.

- Le journal : Bonjour Léa, peux-tu nous décrire tes conditions de travail ?

- Léa : c'est simple, je reçois les commandes sur mon smartphone. Je dois ensuite me rendre chez le client ou bien à l'hôtel par mes propres moyens.

- Le journal : qui paye l'hôtel ?

- Léa : le client nous reçoit où il veut. S'il choisit un hôtel, celui-ci est à sa charge.

- Le journal : peux-tu nous dire combien te rapportera ta visite chez nous ?

- Léa : je reçois 10€ pour le déplacement, 20€ pour la turlute et 35 € pour le coït.

- Le journal : comment es-tu venue ?

- Léa : en vélo.

- Le journal : quelles sont les prestations que t'apporte la plateforme ?

- Léa : d'abord la sécurité : à la fin de chaque prestation, j'envoie un texto qui s'assure que tout s'est bien passé. En cas de problème, le service de sécurité arrive rapidement. Nous avons une visite médicale tous les 6 mois. De plus, j'ai reçu mon "kit".

- Le journal : En quoi consiste-t-il ?

Léa ouvre une sacoche avec le logo de prox'net, Elle contient plusieurs sortes de préservatifs, différents flacons de produits dont nous ne demandons pas la composition, ainsi que des lingettes de nettoyage.

- Le journal : la plateforme te donne-t-elle une protection sociale ? Une retraite ?

- Léa : non. Je suis auto-entrepreneuse. C'est à moi de me débrouiller.

- Le journal : comment es-tu devenue auto-entrepreneuse du sexe ?

- Léa : en fait, c'est mon deuxième travail. À la base, je suis professeure de SVT, mais mon salaire ne suffit pas à payer mon loyer à Paris.

Après Léa, voici venir Manon. Pour elle, nous avons coché le pass'sodomie à 100€. Elle aussi se montre surprise de découvrir un couple et nous propose spontanément différents suppléments à des tarifs variables. Après nos explications, elle se prête volontiers au jeu de l'interview.

- Le journal : es-tu obligée d'accepter le pass'sodomie ?

- Manon : j'ai signé la charte de "Prox'net" et je me suis donc engagée à satisfaire les demandes du client et cela en fait partie.

- Le journal : Combien gagnes-tu pour cette prestation ?

- Manon : 10€ au titre du pass'déplacement et 50€ pour le pass'sodomie.

- Le journal : pourquoi seulement 50€ alors que nous payons 100€ ?

- Manon : "Prox'net" nous a expliqué que cette pratique lui occasionne des frais supplémentaires en suivi médical et en accessoires.

- Le journal : comment es-tu devenue auto-entrepreneuse du sexe ?

- Manon : l'an passé, j'étais caissière dans un supermarché. Un jour, ils nous ont proposé de travailler le dimanche3. Nous étions libres de d'accepter ou non, mais celles qui refusaient se faisaient licencier. Quelques mois plus tard, les caissières ont été remplacées par des robots et j'ai perdu mon emploi.

- Le journal : tu n'avais pas d'allocation chômage ?

- Manon : si, mais on les perd au bout de deux refus d'emploi. J'avais déjà refusé un emploi trop loin de chez moi et sous-payé. La deuxième offre était celle de "Prox'Net". Je me serais retrouvée sans ressource si je l'avais refusée.

Note : depuis 2023, les opportunités de créer son auto-entreprise au service d'une plateforme sont considérées comme des offres d'emploi à part entière. Deux refus entraînent la suppression des allocations chômage.

Après Léa et Manon, voici venir Chloé. Pour elle, nous avons coché les prestations pass'déplacement à 20€, pass'chair fraîche à 200€ et pass'trio à 300€, pour un total de 550€ quand même. Les notes de frais risquent d'être difficiles à justifier auprès du comptable du journal. Bien sûr, la seule prestation réellement demandée à Chloé a été son interview.

- Le journal : bonjour Chloé, quel âge as-tu ?

- Chloé : 18 ans et 2 mois.

Elle nous montre sa carte d'identité. En effet, Prox'net ne fait appel qu'à des prestataires majeures.

- Le journal : combien gagnes-tu en venant nous voir ?

- Chloé : 10€ sur le pass'déplacement, 100€ sur le pass'chair fraîche et 100€ sur le pass'trio.

- Le journal : jusqu'à quel âge relèveras-tu du pass'chair fraîche ?

- Chloé : il n'y a pas d'âge. Cela dépend de l'apparence physique de la personne, mais on le garde rarement après 19 ans.

- Le journal : Pourquoi as-tu choisi d'exercer cette activité ?

- Chloé : en 2023, lorsque les études supérieures sont devenues payantes, j'étais en classe de première. J'ai fait mes comptes. Je me suis aperçue que pour parvenir au niveau master, je devrais emprunter au moins 250 000 euros. Cela m'a paru insurmontable et j'ai commenceé à me renseigner sur les plateformes. Une fois mon bac en poche, j'ai attendu mes 18 ans et j'ai créé mon auto-entreprise4 de services sexuels.

- Le journal : pourquoi avoir choisi cette filière, plutôt que des livraisons à vélo par exemple ?

- Chloé : ça paye nettement mieux, mais je ne vais pas faire ça toute ma vie. Dans quelques années, j'envisage de travailler pour quatriemeage.net.

- Le journal : tes débuts n'ont pas été trop difficiles ?

- Chloé : j'ai bénéficié d'une formation intensive de 4 heures, après quoi j'ai été lancée dans le grand bain, mais je m'y étais préparée.

- Le journal : la presse a évoqué un mouvement social5 dans la plateforme "Prox'Net". Peux-tu nous en dire plus ?

- Chloé : en effet, des filles ont manifesté pour mauvaises conditions de travail, mais elles ont été identifiées par reconnaissance faciale. Par la suite, "Prox'net" leur a envoyé 20 pass'sodomie par jour. Maintenant, plus personne ne revendique rien.

Après l'interview de ces trois professionnelles, nous nous rendons au siège de "Prox'net", où nous sommes reçus par Mme Claude Mac'Rel, directrice de l'antenne française de l'entreprise.

"Prox'net est un concept innovant, né il y a deux ans aux États-Unis. Nous inventons de nouveaux métiers ! L'entreprise a connu une ascension fulgurante et est devenue de leader mondial du sexe tarifé. Nous répondons à de vrais besoins. Grâce à nous, les prestataires font un travail sécurisé et bien rémunéré. Nous vérifions l'âge de leurs vaccins6. Les clients, quant à eux, bénéficient de services de qualité à un prix abordable. Notre activité en France atteint son rythme de croisière avec la vente de 2 millions de pass par jours. Nous réfléchissons activement à de nouveaux produits".

Notes

 

  1. Le 10 janvier 2019, la Cour d’appel de Paris requalifiait en contrat de travail, le lien unissant un ancien chauffeur Uber à la plateforme de réservation. : réaction du gouvenement : la loi LOM passera cette semaine à l'assemblée pour sécuriser les plateformes contre les risques de requalification de leurs travailleurs par la justice. La réalité dépasse dores et déjà l'affliction !
  2. Avant d'utliser l'adresse bidon https://www.proxnet.paris, j'ai cherché si elle était libre, mais auparavant, j'avais d'abord testé les noms de domaine prox.net, puis proxnet.com. Vous me croirez si vous voudrez, mais ils sont réservés !
  3. Pour autoriser l'ouverture des supermarché le dimanche, on a mis en avant la création d'emplois. Résultat : les premiers supermarchés sans caissier ou caissière sont en train d'ouvrir le dimanche.
  4. Quand N Sarkozy a créé le statut "d'auto-entrepreneur", la mesure a été vendue à l'opinion en expliquant qu'il serait très facile de créer sa propre entreprise. Peu de gens ont compris alors que ce statut était fait pour les plateformes.
  5. Les livreurs se mettent en grève ? La réponse est simple : il suffit de les licencier ! Mais ce n'est même pas un licenciement, puisqu'ils ne sont pas salariés !
  6. Sans contrepèterie

Source de l'illustration : https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Prostitute_tj.jpg

 


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