Quand Google déclare la guerre à la Russie

par Roosevelt_vs_Keynes
lundi 4 décembre 2017

Prêts à tout pour remettre les États-Unis sur le sentier de la guerre et se débarrasser d’un présidence américaine décidément trop portée sur une détente avec la Russie et la Chine, les scénaristes de l’ « enquête russe » ont réussi à obtenir vendredi l’inculpation de Michael Flynn, l’ancien conseiller à la Sécurité nationale de Donald Trump.

Les tenants du « Deep State » – réunissant néo-conservateurs, faucons de guerre et oligarques de Wall Street et de Londres – font feu de tous bois pour entretenir un climat de nouvelle guerre froide. En octobre, les antennes de RT et de Sputnik aux États-Unis ont été forcées de s’enregistrer auprès de l’administration comme « agent étranger », statut qui n’était traditionnellement pas appliqué à des entreprises de presse.

Le 18 novembre, dans une démonstration de défense de la liberté de la presse, Google a annoncé son intention de « programmer » des algorithmes afin de rendre plus difficile l’accès aux articles diffusés par les médias russes sur le moteur de recherche Google news. « Nous travaillons à la détection et au déclassement de ce genre de sites – c’est-à-dire principalement RT et Sputnik », a déclaré Eric Schmidt, le président exécutif de la société Alphabet, la maison-mère de Google. Et pour ceux qui y verraient une tentative de censure, pratique dont on accuse sans vergogne la Russie et la Chine, Schmidt s’est voulu rassurant : « Mais nous ne souhaitons pas interdire ces sites – ce n’est pas notre façon d’opérer… Nous ne sommes vraiment pas favorable à la censure ».

Quelques jours plus tard, la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, a déclaré : « Nous attirons votre attention sur le fait qu’un tel classement artificiel des résultats de recherche constitue une censure directe et une violation des principes fondamentaux de la liberté d’expression. Ce genre de pratique, si elle est introduite, contredira à la fois le bon sens et le droit humain au libre accès à l’information sur Internet. Cela affecte aussi directement la concurrence normale et saine entre les médias, qui est un des principes de l’organisation démocratique de la société ».

Pendant ce temps à l'Est de l'Europe...

Le sixième sommet réunissant la Chine et seize pays d’Europe centrale et orientale (PECO) s’est tenu à Budapest les 27 et 28 novembre. La participation des pays de la région à la construction des Nouvelles Routes de la soie, autrement dit l’initiative chinoise de la ceinture et la route (BRI), était au cœur des discussions.

Selon le communiqué final du sommet, « les participants affirment leur volonté de continuer à coopérer dans le cadre de l’initiative chinoise à travers le dialogue et le partage des bénéfices en recourant à la coopération 16+1, [afin d’]essayer de développer davantage les synergies entre la BRI et des initiatives importantes telles que le plan d’investissement pour l’Europe, ainsi et que les plans de développement respectifs des pays concernés ».

Les élites du Titanic transatlantique regardent évidemment d’un mauvais œil le fait que la Chine vienne aux portes de l’Europe apporter aux pays de la région le développement que l’UE est incapable de leur offrir. À la veille du sommet de Budapest, le Financial Times, porte-voix des intérêts la City de Londres, a publié un article intitulé « Bruxelles ébranlée par l’arrivée de la Chine en l’Europe de l’Est ». Visiblement en manque d’arguments, le journal reconnaît dans un sarcasme typiquement britannique que les pays de la région s’ouvrent vers l’Est, voyant dans ces projets le ciment d’une « amitié fiable », et finit par admettre qu’« il est clair que l’étoile de Beijing monte en puissance dans les pays d’Europe centrale et orientale ». Puis il cite Viktor Orban : « Le centre de gravité de l’économie mondiale se déplace d’ouest en est ; bien qu’il y ait encore un certain déni de cette réalité dans le monde occidental, ce déni ne semble pas raisonnable. Nous voyons le centre de gravité de l’économie mondiale passer de la région de l’Atlantique à la région du Pacifique. Ce n’est pas mon opinion, c’est un fait ».

En France, ce désarroi des élites transparaît clairement dans la chronique de Sylvie Kauffman, parue le 28 novembre dans le journal Le Monde, et intitulée « L’Europe centrale et orientale, tête de pont de la Chine sur le Vieux Continent ». D’après Kauffman, le président chinois Xi Jinping a bien compris qu’ « il y a deux Europe : la vieille et la nouvelle. Dans cette vision, la première apparaît rétive, bourrée de préjugés, campée sur une grandeur passée qu’elle prétend protéger ; la seconde est en devenir, plus avide de progrès, moins regardante et en demande, aussi, de nouveaux partenaires. Et la nouvelle Chine aime la nouvelle Europe ». Quand le cynisme couplé au désespoir donne une certaine lucidité…

En France, c'est au niveau local que cela se joue aussi : avec les maires. Voici le tract que Solidarité & Progrès, le parti de Jacques Cheminade, a distribué lors du Salon des maires et des collectivités locales les 21, 22 et 23 novembre à Paris : "Les communes doivent être le pilier d’une France qui voit loin, intégrée à partir de sa base dans les grands projets de développement du monde et non asservie à la recherche de profits financiers sans foi ni loi."

 


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