Quand Hessel parle des « indignés », ça m’indigne !
par enréfléchissant
lundi 20 juin 2011
Beaucoup des personnes que l'on apperçoit dans les rassemblements sont assez attachées au morceau de papier produit par le vieux résistant. Il y dénonce tout haut ce que tout le monde pense. Les méchants banquiers, les méchants sionistes, les méchants libéraux... Ce livre a fait un tabac : il appelle à l'indignation.
Tellement simple l'indignation : rien à faire, juste à râler. On comprend la différence entre le nombre d'"indignés" dans la rue et le nombre de lecteurs ou de détenteurs du "manuel d'indignation".
Tout aurait pu en rester là, le viel homme ayant contribué à la nomination d'un mouvement démocratique inédit aurait pû laisser faire leur travail aux citoyens.
C'était bien trop facile, c'est dûr pour un viel homme plein d'expérience de ne pas donner de leçons à ses petits camarades.
Il fallait qu'il généralise, qu'il conseille, et qu'il donne son avis, que bien sûr, beaucoup de gens prendront comme des sacrements.
Dès le début du mouvement, Stephane Hessel s'est montré dans un esprit totalement différent du mouvement. Alors que le mouvement commençait, Hessel indique ainsi sa volonté d'un gouvernement de gauche pour la France, il votera même Europe Ecologie.
Tout dérape avec un entretien donné au Soir.
Alors que les "indignés" prennent bien soin de répéter qu'ils ne représentent personne et qu'ils ne parlent qu'en leur propre nom, Hessel n'hésite pas à parler au nom du mouvement :
"Les indignés ne veulent pas tout casser, mais qu'on tienne compte de leur besoin de logement, de sécurité sociale, de presse indépendante…"
Beh tiens, heureusement que t'es là pour parler à leur place
Et Stéphane Hessel repart avec ses propres opinions, les faisant passer pour celles du mouvement.
Alors que le mouvement exige une réelle démocratie (à l'aide de démocratie directe, de processus anti conflits d'intérêts, etc) Stéphane Hessel voudrait nous faire croire que le seul problème c'est les hommes au pouvoir. Non, le problème, ce n'est pas Sarkozy, ni Zapatero, ni Papandreou, c'est que nous ne sommes pas en démocratie.
Dans la suite de son interview, Hessel commet l'erreur impardonnable :
Il regrette que le mouvement ne soit pas partisan, il souhaite que le PS ou les Verts s'en rapprochent.
Stéphane Hessel n'a rien compris, et n'a apparemment même pas analysé la situation européenne puisqu'il pense encore qu'un gouvernement de gauche changerait les choses, alors qu'en Espagne le PS est au pouvoir et applique l'austérité.
Et c'est sans parler du Hessel qui condamne certaines manifestations d'indignés en Espagne.
Après plus d'un mois de lutte, des indignés catalans ont bloqué le parlement face à l'inertie et au cynisme de la classe politique face à leurs revendications, légitime non ?
Bon, il faut dire que quelques députés ont été chahutés, mais quand même, Hessel a tout bonnement condamné ces faits, sans même les relativisant en mettant en face la complexitude des faits.
Hessel a exprimé son “ferme rejet de toute oppression, agression et pression, insulte ou attitude violente, utilisées par des groupes minoritaires qui profitent de la légitime et pacifique vague d'infignation qui s'est emparée des villes espagnoles depuis le 15 mai”.
Stéphane, sache que cette action avait été décidée en Assemblée, ce n'est donc pas un groupe minoritaire du mouvement.
Pour Hessel, bloquer un parlement, c'est anti-démocratique.
Mais monsieur Hessel, est-ce démocratique qu'une infime minorité de personnes choisissent pour des millions ? Le vote est-il démocratique ? Qu'est-ce qu'une démocratie ? Pensez-vous que le peuple continuera à manifester pacifiquement pendant des années alors que les dirigeants continuent pendant ce temps à tout démolir ? Ne pensez-vous pas qu'à un moment le blocage des lieux de pouvoir soient-une alternative ?
Stéphane, t'as tout faux, mais je pense qu'au fond, le système tu l'aimes bien.
En fait non, c'est même pas ça, si tu crois encore qu'on vit en démocratie, après plus de 93 années passées sur Terre, t'es encore ignorant.