Quand l’arbre de la paix devient l’enjeu d’un conflit pour la terre

par ZEN
vendredi 11 décembre 2009

La guerre des oliviers.

Paix et prospérité. L’olivier est un symbole fort dans les civilisations méditerranéennes
De la Grèce antique à la Crète d’aujourd’hui, en passant par le monde romain et l’Afrique du Nord, il représente plus qu’un arbre qui donne la vie, il a aussi dans la Bible une valeur très forte : paix , bénédiction. Dans le Coran, c’est un arbre béni qui représente l’axe du monde. Il représente la paix universelle sur le drapeau de l’ONUL’huile d’olive n’a pas qu’une fonction alimentaire et symbolique, elle a aussi des usages religieux.
 
En Palestine, la récolte des olives n’a souvent rien d’une fête et ne se déroule pas de manière pacifique, c’est le moins qu’on puisse dire, surtout le long du mur et autour des colonies israéliennes installées en Cisjordanie, dont on nous répète depuis des lustres qu’on va y mettre fin , tout en donnant les moyens de les développer encore plus largement
"La récolte des olives, traditionnellement festive dans les Territoires, est, depuis la deuxième Intifada, l’occasion d’incidents avec les colons qui tentent d’intimider les agriculteurs. Cette année, les Palestiniens disent s’attendre au pire en raison des pressions des Etats-Unis, réclamant un gel total de la colonisation, ce qui a exacerbé l’hostilité des Israéliens implantés en Cisjordanie." (DM))
 
Les méthodes sont expéditives à l’égard des paysans qui n’ont guère d’autres ressources que les oliviers. L’enjeu est celui de la terre qu’il faut gagner pour construire et s’étendre encore, en rendant la circulation entre les zones palestiniennes très problématique, parfois impossible, alors qu’elles sont déjà plus en plus isolées. Le but des opérations-commando est de "Vandaliser les oliviers (ailleurs les amandiers et les citronniers) ou les voler, ...une manière de forcer les Palestiniens à quitter les lieux. Ceux qui cultivent les oliviers sont parmi les plus pauvres de la société palestinienne. Lorsqu’une terre est de facto abandonnée pendant plusieurs années, elle devient "terre d’Etat", et souvent les colons s’y installent."(Le Monde)
 
L’olivier, moyen de survie, devient enjeu politique à tel point qu’on a pu parler de guerre des oliviers :

"Branches sciées, arbres brûlés, récoltes volées. Autrefois festive, la récolte des olives est devenue depuis plusieurs années synonyme de violence en Cisjordanie.« La nuit du Yom Kippour, 25 colons sont descendus du village de Yitzhar et ont coupé les branches de 97 de mes oliviers, après avoir essayé de les brûler », raconte Abed Al- Muhainin, un fermier palestinien du village de Burin, à une dizaine de kilomètres au sud de Naplouse. Dans le champ d’à côté, c’est la récolte de 115 arbres qui a été volée, rapporte un voisin. À Yanoun, un peu plus à l’est, Walid, un fermier palestinien, témoigne : « Il y a plusieurs années, les habitants de la colonie voisine ont coupé les troncs de plus de 200 arbres. Un jour, ils ont tiré sur mon oncle, une balle dans la jambe, juste parce qu’il cueillait des olives sur son terrain, trop proche de la colonie. » La colonie d’Itamar, fondée en 1984 par un groupe de juifs orthodoxes, s’est établie à quelques centaines de mètres du village palestinien de Yanoun. « Nous sommes venus ici pour faire revivre la terre de nos ancêtres, qui a toujours été la nôtre », peut-on lire sur leur site Internet. Entamée dans les années 1970, l’implantation de colonies israéliennes est considérée comme contraire à la Convention de Genève par une partie de la communauté internationale, l’ONU et la Cour internationale de justice. Israël ne considère cependant pas la Cisjordanie comme un territoire occupé, et ses motivations pour y construire des colonies sont variées : terres données par Dieu pour certains, territoires historiques pour les autres, les colonies sont également considérées comme des avant-postes de lutte contre la menace terroriste.
 
Récolte à risque : Depuis le début des années 2000, de nombreuses associations israéliennes, comme Rabbis for Human Rights ou encore Association for Civil Rights in Israel, dénoncent les abus et la violence de la part des colons, au moment de la récolte des olives, période clé pour l’économie des villages palestiniens.
 
Selon la police israélienne, une moyenne de plus de 500 accidents de ce type est enregistrée annuellement en Cisjordanie. Seule une partie des 121 colonies israéliennes est concernée par ces accusations, qui mettent en cause une frange extrémiste de leurs habitants. Selon Vera Reider, membre de Coalition of Women for Peace en Israël, ces terres sont convoitées pour assurer l’extension des colonies israéliennes. Les colons les revendiquent en tant que zones de sécurité, mises en place autour des colonies durant la seconde Intifada (2000-2006) à la suite de la mort de plusieurs dizaines de civils israéliens en Cisjordanie.
Abandon des terres : Depuis les accords d’Oslo de 1993, l’armée israélienne assure le contrôle des terres en bordure des colonies. « Chaque année, nous devons demander un permis à l’armée pour récolter nos olives dans ces zones. Il nous faudrait 13 jours pour la récolte, mais nous n’y avons accès que 3 jours. Ensuite, les colons viennent ramasser le reste », raconte Walid. Selon l’organisation israélienne B’Tselem, ces permis délivrés au compte-gouttes contribuent, avec les actions violentes de certains colons, à un abandon forcé des terres par les Palestiniens. « Les paysans n’ont accès à certaines zones que trois jours par an. Ils ne peuvent travailler la terre ou élaguer les arbres, qui deviennent alors malades », témoigne Maggie Foyart, de l’ONG anglaise Zaytoun. Les récoltes deviennent alors moins bonnes, ce qui entraîne un manque à gagner pour les familles. Selon Vera Reider, les terres seront abandonnées et éventuellement annexées au bout de quelques années."


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Le symbole fort de l’olivier : "Les civilisations qui ont successivement peuplé les bords de la Méditerranée ont toujours incorporé l’olivier au sein de leur société. Cet arbre légendaire a accompagné l’humanité pendant son évolution. Il procura des ressources pour la vie quotidienne, puis il s’intégra profondément dans la société en tant que donnée culturelle. Les symboles représentés par cet arbre permettent de mesurer l’impact culturel fondamental de l’olivier sur l’humanité. Selon les civilisations et l’époque, le symbole de l’olivier est interprété différemment. Cela dit, les notions de paix et de prospérité se dégagent parmi tant d’autres comme symboles récurrents de l’olivier..."
 

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