Quand la géographie cloue le bec de l’extrême droite

par morice
mercredi 3 octobre 2012

Les "riches juifs", "la richesse des juifs", "l'hydre ou la pieuvre juive" aux doigts crochus s'emparant des richesses du pays, ou les franc-maçons voulant tout régenter : l'extrême droite a toujours entretenu ces mythes, à grands coups de dessins provocateurs ou de textes immondes. Avant la seconde guerre, la presse fasicante française en remplira ses éditoriaux, et aujourd'hui encore, ses descendants directs, du style Blanrue ou Dieudonné continuent à distiller le poison de la pensée consistant à montrer du doigt un groupe d'individus, rejoignant dans le principe ceux qui se cachent derrière le site de Riposte Laïque, ces derniers continuant à déverser leurs flots de haine islamophobe à tout crin. Or aujourd'hui, un très intéressant travail géographique de cartographie met à mal le mythe juif entretenu. Figurez-vous qu'un géographe a eu en effet l'idée de réaliser quelque chose qui va faire date, au même titre que le tout premier dessin infographique du genre figurant la retraite calamiteuse des grognards de Napoléon en Russie, avec un plan où figure l'adresse de chacun des râflés du Vel-D'Hiv : or ce très étonnant travail nous révèle que ceux qui ont été envoyés en camp d'extermination à partir de cette rafle infâme faite entièrement par des policiers français étaient certes juifs, mais aussi... pauvres. Et que les endroits où ils habitaient ont hébergé après leur départ d'autres pauvres.... tout aussi surprenants. Saluons ce travail exemplaire qui ruine une bonne partie du propos des extrémistes bêlants s'accrochant aux vieilles lanternes d'un Maurras, d'un infect Drumont, ou d'un Céline. Un remarquable travail salutaire, fort réussi en ces temps difficiles où l'on se trouve beaucoup trop facilement une population à dénoncer... et où l'on voit fleurir à chaque coin du Net des apologies du négationnisme, plaie véritable de l'Histoire.

Revenons tour d'abord au tout premier chef d'œuvre infographique, fruit de la plume alerte et précise de Charles Joseph Minard, avec sa désormais célèbre "Carte figurative des pertes successives en hommes de l’Armée française dans la campagne de Russie en 1812-1813", un schéma publié en 1869, alors que Minard n'est qu'un Ingénieur des Ponts et Chaussée en retraite, qui, jusqu'alors n'a fait aucune vague ni défrayé la chronique. Son schéma, limpide et immédiatement compréhensible, pas vraiment reconnu lors de sa publication, créait en fait d'emblée un genre. On le rangera dans la catégorie "représentation statistisque" jusqu'au jour où on le re-découvrira comme précurseur de l'infographie, le regretté Jean-Pascal Grevet, directeur d'Icônes, passionné d'infographie (le magazine a édité plusieurs numéros de cet art nouveau en train de naître) ayant beaucoup fait pour cette nouvelle classification de ses travaux. Minard avait fait œuvre d'historien en travaillant à partir de sources historiques ayant dénombré les survivants de l'expédition calamiteuse de Napoléon, dont notamment le très étonnant journal resté à ce moment-là inédit de Jacob, le médecin de l'Armée de l'empereur. Il y avait ajouté une courbe de température, indiquant qu'à Moloderno, par exemple, celle-ci était descendue à -30°C, réduisant déjà de moitié le nombre de soldats napoléoniens vivants. Partis 422 000, ils reviendront à peine 10 000 : un véritable massacre ! Napoléon, boucher de l'Europe, a-t-on dit à juste raison ! Responsable de trois millions de morts, un score jamais atteint depuis la Guerre de Trente Ans ! Le genre infographique était né. Mais Minard n'en sera pas retenu comme étant l'inventeur, hélas. En 1898, un capitaine irlandais, Matthew Henry Phineas Riall Sankey, fera le même type de diagramme pour représenter l'efficacité d'une machine à vapeur, et laissera son nom au genre à la place de celui de Minard, qui l'aurait amplement (et davantage) mérité. 

Minard continuera sur sa lancée, en dessinant des cartes montrant par exemple le nombre de voyageurs par voies de chemin de fer, ou en créant par exemple les premières cartes choroplèthes (du grec χώρος : « zone/région » et πληθαίν : « multiple ») aujourd'hui devenues de grands classiques : à l'intérieur de chaque région ou d'une frontière, une couleur ou un grisé indique une valeur différente. Les grands travaux sur les canaux de l'époque d'un Freycinet seront eux aussi l'objet de superbes schémas. Celui des "émigrants du globe" fait par Minard étant tout aussi superbe ! Il fera des émules tel que Bertillon, qui tracera en 1891 une carte des étrangers à Paris, qui montrera qu'à l'époque c'était plutôt le nord-ouest où la proportion était alors la plus grande.  La technique en pleine efferverscence en cette fin de siècle donnera un sérieux coup de pouce au travail en amont : celui de la collecte fastidieuse des données, ou plutôt de son tri. L'année précédente, en effet Herman Hollerith créait sa machine à cartes perforées qui allait avoir des répercussions énormes dans la conduite des recensements futurs (pour voir leur usage en France pour le recensement des juifs, relire ceci). En Angleterre, Charles Booth effectuera un comptage des pauvres par quartier qui aboutira à une carte fort parlante. Bref, c'est à la fin du XIXe et au début du XXeme que les outils statistiques et leurs représentations visuelles feront leur entrée dans les livres de géographie, la géographie moderne prenant alors en même temps son essor, grâce notamment à des personnages hors du commun comme Elisée Reclus, à la fois géographe... et anarchiste, qui s'intéressa lui aussi très tôt à la cartographie.

Au XXe siècle c'est la diffusion des images qui va tout changer. Cela a démarré véritablement en 1984 avec la transmission d'images fixes des jeux de Los Angeles, grâce au fabricant Hasselblad et son étrange scanner de diapos-transmetteur Dixel 2000, aujourd'hui tombé complètement dans l'oubli : dommage, il aura été précurseur. La révolution digitale débarquait.  L'infographie prendra juste après son essor, l'informatique lui donnant dans les années 90 une nouvelle jeunesse avec les sociétés d'imagerie créées autour de la demande de la presse de d'illustrations la plupart réalisés sous le logiciel Ilustrator." Icônes leur consacrera des pages entières, comme ce numéro 55 de février-mars 1996 offrant 38 pages d'infographie de l'année 1995. Le numéro 50 ayant débuté la série avec les meilleures illustrations de l'année 1994 ; sous forme de numéro spécial. Le Net leur apportera en prime cette année 1996 les débuts de l'interactivité. L'un des pionniers en France sera Jean-Claude Boksenbaum, de l'AFP, avec ses deux talentueux graphites Patrice Deré et Fancis Nallier (exemple ici). Les premiers graphiques se faisaient alors sur trois Mac II et un SE. Envoyés par modem, leurs dessins signaient la mort du Bélinographe, et ses "faxs" photographiques de piètre qualité. Une révolution véritable qui permettra à d'autres sociétés d'apparaître, tel Idé, créé en 1984 par Gérard Jeulin  (ex-propriétaire de Fininfo) et Hilaire de Laage, ingénieur sorti de chez IBM, avec l'arrivée du Macintosh II couleur (celui surnommé le "bac riviera"), produisant toujours des schémas remarquables au fil de l'actualité, visibles ici. Ayant travaillé informatiquement avec l'une d'entre elles, je m'étais intéressé à leur travail et avait découvert que ses talentueux artistes avaient tous le même point commun : ils possédaient tous dans leur bibliothèque plusieurs versions d l'encyclopédie "Tout L'Univers", parue en 1961, mine véritable d'illustrations, et vraie précurseur dans l'imprimé des tableaux et des schémas explicatifs destinés à ces plus jeunes. La pédagogie destinée aux enfants à l'attention fugace est très efficace aussi avec des adultes de plus en plus pressés ! Tout infographiste doit se munir d'une documentation importante pour y puiser des idées, et l'encycopédie mythique des années 60 constitue une référence obligatoire !

La (jeune) discipline est devenue depuis un art unique, indépendant, qu'un pape de la communication a hérigé en ouvrage fondamental : David McCandless, écrivain, journaliste et designer anglais, qui a eu l'idée de rassembler les plus belles infographies dans un ouvrage qui fait déjà référence désormais, intitulé sobrement "Datavision", que l'on peut voir aussi comme le couronnement du XXIe siècle des idées de Minard. Dans une vidéo elle aussi désormais célèbre, McCandless présente ici avec ferveur ce qu'est pour lui l'essence même de l'infographie : l'homme est pédagogue, d'une clarté saisissante, faisant passer sa foi en l'information, qui est aussi un engagement : des gens éclairés rejetteront les fascismes divers qui encombrent encore la planète, semble-t-il nous dire. En ce sens, le premier schéma qu'il a choisi est très révélateur de ce qu'il souhaite nous faire comprendre : l'information, ça se manipule aussi. Le gars est brillant, très brilant, et sa démonstration marquante. Et très humoristique : c'est même à se tordre de rire parfois, comme le fait le parterre devant lui.  Sa mise en image des "ruptures" à partir de données Facebook es un grand moment !!! McCandless a pour lui la force de la sincérité : il a débuté programmeur informatique, est devenu journaliste et n'a découvert le design que tardivement avouera-t-il sur scène : en somme, la beauté des graphiques devenus tableaux s'est tout simplement imposée progressivement à ces yeux. A feuilleter son livre, où à l'écouter citer Hans Rosling (inventeur du logiciel Trendalyzer *), on retrouve le même... émerveillement. Sa démonstration de la taille du budget militaire américain, en deux schémas seulement qui montrent en fait qu'il peut contenir tous les autres budgets militaires mondiaux est un concept fort, très fort, qui, comme il le dit lui-même, "vous fait voir l''Amérique d'une autre façon" (si vous ne le saviez pas déjà) !

Aujourd'hui, le travail que vient de réaliser Jean-Luc Pinol, professeur à l’ENS de Lyon et directeur du TGE Adonis, et Sabine Zeitoun, une historienne (ancienne directrice du Centre d’histoire de la résistance et de la déportation à Lyon), mise à disposition par la Fondation pour la mémoire de la Shoah, est tout autant renversant. La carte réalisée propose en effet la localisation des enfants raflés pour être rassemblés au Vel d'Hiv. On y apprend par exemple qu'un bon nombre d'entre eux n'avaient que .... 4 ans, parfois même 3 seulement, telle la petite Suzanne Sobelman, qui habitait rue de Citeaux, alors que l'on sait qu'une fois expédiés dans les camps ils ne reviendront pas. Ou parfois même qu'il s'agissait de bébés, comme Michel Zellicki, emmené à 1 an seulement vers les camps d'extermination, par des gendarmes français ! La barbarie est alors au bout de la souris de votre ordinateur, et elle glace tout simplement le sang. Le nom de la Suzanne Sobelman et des enfants emménés vers la mort étant inscrit parmi les disparus sur le monument de la mémoire de la Shoah. Les enfants juifs de Paris, victimes des nazis, mais également du gouvernement de Vichy, comme l'avait révélé l'historien américain Robert Paxton, le premier a avoir accusé Pétain d'avoir commandité des rafles de juifs en France : "Le gouvernement de Vichy a fait délibérément des Juifs un groupe à part, leur a voué un mépris particulier et a pris à leur encontre des mesures discriminatoires. Il a, par là même, ouvert en France le terrible chemin qui allait conduire, le moment venu, à la "solution finale" avait-il écrit dans ce qui deviendra mon livre de référence d'enseignant dès sa sortie en France en 1973. Selon Paxton, il n'y a jamais eu de "double jeu" de Vichy avec Hitler : le régime était là pour satisfaire les moindres désirs du dictateur, ou même parfois les devancer. L'antisémitisme de Vichy ne faisait pas un pli, il était flagrant, nous dit également Robert Paxton. Or dans les années 70, on ne voulait toujours pas l'entendre et Maurice Papon n'avait toujours pas été arrêté : il deviendra ministre de Raymond Barre avant. L'onde de choc de l'ouvrage résonne encore aujourd'hui : personnellement, un de mes collègues de Collège, grand supporter de Napoléon, me fera des remontrances pour m'en être servi devant mes élèves. L'histoire de Vichy, au moment même ou je débutais l'enseignement, était complètement ignorée ! Il n'y avait rien à son sujet dans les manuels !

Aujourd'hui, on vient de reconnaître la responsabilité de la police française et donc de l'Etat français dans cette râfle immonde : je m'en réjouis. D'autant plus que l'on découvre chaque jour un peu plus quels étaient les mensonges des fascisants français alors au pouvoir. Ce formidable travail de mémoire, explique dans Libération Jean-Luc Pinol, également directeur du LARHRA (le Laboratoire de recherche historique Rhône-Alpes **) a un autre énorme avantage : « La carte montre de manière bien plus spectaculaire des phénomènes que l’on connaît historiquement. Les antisémites des années 30 associaient les Juifs à la ploutocratie. On voit bien que c’est faux. La grande majorité des enfants ont été arrêtés dans des quartiers pauvres, où ils résidaient bien souvent. » Ce qui ruine totalement ce qui a pu être dit pendant des années sur ses fameux juifs riches qui avaient envahi la capitale, à lire les propos enflammés des extrémistes français. "Plus de 25% des 6 182 arrestations ont été faites dans les îlots insalubres de la capitale (situés majoritairement dans le quart nord-est de Paris)" note le journal. Serge Klarsfeld, à l'origine du projet, ajoutant : "la communauté juive à Paris dans les années 40 était moins avancée socialement qu’aujourd’hui. Elle était notamment composée de personnes venues de Pologne, des pays baltes, qui exerçaient des métiers très humbles : tailleurs, casquetiers..."

Quand ils ne sont pas présentés comme riches, à cette époque, les juifs étaient rendus responsables de tous les maux... et du chômage également :"l'idée que les étrangers sont responsables du chômage et des difficultés sociales et politiques est très répandue. Un des principaux thèmes de l'extrême droite et de bien des démagogues consiste à dénoncer les Juifs et les judéo - bolcheviks et à les accuser indistinctement de tous les malheurs de la France. Le « rassemblement anti-juif » de Darquier de Pellepoix n’est qu’un des nombreux groupuscules qui répandent ces accusations dont plusieurs sont financés par les nazis. Une de leurs cibles favorites, Léon Blum, est souvent présenté comme un agent de la prétendue Internationale juive" peut-on lire dans un résumé scolaire de la période. Les étrangers, aujourd'hui encore, subissant les attaques répétées de l'extrême droite, que ce soit celles du FN ou celles du Bloc Identitaire, qui se sont trouvés de nouveaux juifs : ce sont les musulmans, bien sûr, auteurs selon eux de tous les maux et bien entendus tous extrémistes. Et bien entendu aussi tous terroristes en puissance, selon l'extrême droite, toujours. Comme on avait présenté le groupe de Missak Manouchian, montré comme tel par Vichy. Ce dernier écrira avant d'être fusillé le 21 février 1944 au Mont Valérien "je mourrais avec mes 23 camarades toute à l’heure avec courage et serénité d’un homme qui a la conscience bien tranquille, car personnellement, je n’ai fais mal à personne et si je l'ai fait, je l’ai fait sans haine". Derrière l'affiche placardée, il y avait ce slogan immonde :

"VOICI LA PREUVE
Si des Français pillent, volent, sabotent et tuent…
Ce sont toujours des étrangers qui les commandent.
Ce sont toujours des chômeurs et des criminels professionnels qui exécutent.
Ce sont toujours des juifs qui les inspirent.


C'est
L'ARMÉE DU CRIME
contre la France
Le Banditisme n'est pas l'expression du Patriotisme blessé, c'est le complot étranger contre la vie des Français et contre la souveraineté de la France.
C'EST LE COMPLOT DE L'ANTI-FRANCE !…
C'EST LE RÊVE MONDIAL DU SADISME JUIF…

ETRANGLONS-LE
AVANT QU'IL NOUS ÉTRANGLE
NOUS,
NOS FEMMES
ET NOS ENFANTS !"

Or, pied de nez utime découvert par Jean-Luc Pinol, lors de la réalisation de sa géniale cartographie..."Je me suis rendu compte, grâce au recensement de 1954, que les musulmans d’Algérie habitaient les mêmes îlots insalubres occupés par les Juifs quelques années auparavant" note-t-il : on songe naturellement aux quartiers de la Goutte d'Or... situé, on le sait, au Nord de Paris, dans le XVIII eme arrondissement. Au n°42 de la Rue de Clignancourt, sur le schéma de Pinol, ce sont trois enfants qui sont emmenés le frère et la sœur Lasman, Cécile 14 ans, et son petit frère Nathan 10 ans, et la petite Louise Jacobowicz, âgée de 5 ans seulement. Etrange retournement de situation, les descendants de ses musulmans des années 50, habitant alors les anciens quartiers des juifs,aujourd'hui, sont devenus, hélas... antisémites, en reprenant le thème du juif riche et influent qui prévalait dans l'entre deux guerres (il y a toujours une extrême droite pour leur souffler, hélas !) : "des jeunes musulmans, discriminés, peuvent nourrir un sentiment de révolte contre ceux qu’ils jugent puissants et influents. Par là, l’antisémitisme d’aujourd’hui n’est pas si éloigné de l’antisémitisme des années 1930" note le Monde. D'avoir répandu partout l'infâme faux document des Protocoles des Sages de Sion n'y est pas étranger, hélas (***) !

Ces enfants juifs martys, vous pouvez encore en voir les visages dans cette remarquable exposition (gratuite) qui se tient jusqu'au 27 Octobre, à l’Hôtel de Ville de Paris, comme le rappellait cet été RFI . "Les enfants séparés de leurs parents… cachés dans des familles d’accueil. Ecrivant parfois à la maison pour réclamer, qui un livre qui un chandail, alors que leurs familles étaient depuis longtemps déportées à Auschwitz. L’exposition "C’étaient des enfants" est sans doute l’une des plus poignantes de l’année. A travers des lettres, témoignages et photos, elle permet aux visiteurs de redécouvrir le drame du Vél d’Hiv à travers les yeux des enfants. « Les enfants ne comprenaient pas toujours pourquoi on les séparaient de leurs parents. Le plus émouvant parmi tous les témoignages, c’est quand on a l’impression que ces enfants, du jour au lendemain, vont revoir leur papa ou leur maman, ce qui n’est pas le cas. » D’autres visiteurs, eux savaient à peine que parmi les 13 152 juifs parisiens arrêtés les 16 et 17 juillet 1942 par la police, puis entassés sans ménagement au Vélodrome d’Hiver, 4 000 étaient des enfants. La plupart mourront de privations ou seront gazés à leur arrivée à Auschwitz. Une exposition qui ne laisse aucun visiteur indifférent : « Il y a là, le choc des photos, le poids des mots. Cela fait sortir des grandes émotions en nous. » « Les voir à travers de documents. Cela a un côté beaucoup plus réel que ce qu’on peut lire. » « Ce n’est pas quelque chose qu’on apprend dans les livres. Et comme c’est gratuit, c’est vraiment bien que tout le monde puisse l’apprécier. » Une exposition pour ne pas oublier, une exposition pour ne jamais oublier ces sourires d'enfants disparus.

Il convient, en ces temps troublés ou d'aucuns recommencent à montrer du doigt d'autres populations, à ne pas laisser dans l'oubli cette rafle du Vel d'Hiv : "un sondage hallucinant révèle que 60% des 18/24 ans n'ont jamais entendu parler de cette page de notre histoire".  Mais que font donc les professeurs d'histoire pour ne jamais avoir évoqué cette horreur, ou ne pas avoir été assez convaincants pour que leurs élèves puissent s'en souvenir ? Que font les médias pour que le pays ne sache pas davantage à propos de cet épisode sinistre de notre histoire ? Ou plutôt, comment fait-on pour empêcher certains de venir raconter sur le web que tout cela n'aurait jamais existé ? C'est bien là tout le problème actuel, il me semble ! Souhaitons qu'à l'image de David McCandless, d'autres schémas immédiatement assimilables apparaissent, pour que cela ne soit jamais oublié. Il n'y a qu'une seule façon de lutter contre l'extrême droite : en diffusant l'information historique, et en reprenant systématiquement sa désinformation et ses mensonges, ou ses détournements de l'histoire, dont le but est extrêmement simple : en niant l'existence des camps d'extermination, en niant le massacre d'Oradour sur Glane (en en accusant d'autres que les auteurs réels) c'est un Hitler "propre" qu'ils veulent nous proposer. Et rien d'autre ! Un de leurs adeptes néo-nazi fervent catholique (il est sédévacantiste), Vincent Reynouard, héritier direct des Robert Faurisson, Alain Guionnet  (celui qui parle de lui dans son blog-torchon à la troisième personne, qui a été condamné et a fait de la prison le premier pour négationnisme et édition en mai 1990 des Protocoles, en photo ici à gauche lors d'une émission d'Arte sur les négationnistes) et Olivier Mathieu (resté célèbre pour sa prestation chez Dechavanne- c'était l'homme excité à la chemise rayée), cet homme, adepte du lever de bras droit en réunion privée (voir la photo ci-contre) l'a écrit noir sur blanc (****) : il rêve toujours d'un national-socialisme sans les camps ; vantant à qui veut l'entendre les "réussites sociales" d'Hitler (*****). D'où l'idée chez lui de les ignorer ces camps d'extermination ! Tout citoyen digne de ce nom doit pouvoir les contrer. Mieux ; en démocratie, qui garantie les libertés, cela s'appelle un devoir, celui de mémoire, que ne pas laisser s'étendre les germes d'une pensée qui nie l'existence même de la démocratie en lui préférant ouvertement l'hitlérisme. Ces gens-là sont prêts à tout, plus ou moins insidieusement, pour minimiser ces événements tragiques : la dernière tentative en date étant celle-ci. Absolument répugnante !

PS : dans le genre inconséquent ou manipulateur, on trouve de tout au pays de la liberté de faire n'importe quoi : sur le net on trouve par exemple cet autre puzzle : le drapeau nazi en puzzle, sur un site appelé "ProProfs, jeux d'esprits". L'auteur, Ben Marriott, ayant proposé aussi un questionnaire sur Hitler comme jeu !!! Ailleurs, c'est un mot croisé où les mots font référence uniquement aux nazis, dans une série "fun trivia"  ! Tout est bon pour "placer" du Hitler !

(*) depuis 2010, ses données sont lisibles directement sous Google sous le nom de "Public Data Explorer" : à aller voir impérativement avant chacun de vos exposés faisant appel à des données statistiques !

http://www.abondance.com/actualites/20100310-10273-google-public-data-explorer-met-en-images-les-donnees-publiques.html

http://www.netpublic.fr/2011/12/google-public-data-explorer-donnees-internet/

(**) à écouter ici tant son propos est clair sur l'usage des données informatiques en cartographie, comme ici l'usage du recensement de 1975 (voir la cartographie au bout de 3 minutes de l'exposé, avec la remarque sur les constructions de pisé à Lyon).

(***) A voir, l'émission d'Arte sur le faux grossier des Protocoles des Sages de Sion de Mathieu Golovinski, véritable "brèviaire de la haine" édité jadis en France par Guionnet (ce qui lui avait valu la prison !) : malheureusement, l'amalgame 11 Septembre et Protocoles nuit au documentaire (comme des invités tels que Gilles William Goldnadel, extrémiste de droite lui aussi). Dommage, car les émissions de télévision du Hamas présentant les Protocoles comme documents "vrais" ou le film "Le cavalier sans monture" valent bien le film qui vient d'enfammer tout l'islam, ou presque. Tout bâtir sur un tel faux est.... confondant de bêtise ! Car, en défintive, ce n'est qu'une reprise d'extraits du "Dialogue aux Enfers entre Machiavel et Monstequieu", de Maurice Joly, paru en 1863.

http://www.dailymotion.com/video/x8wudl_le-protocole-des-sages-de-sion-1-3_tech

http://www.dailymotion.com/video/x8wu8t_le-protocole-des-sages-de-sion-2-3_tech

http://www.dailymotion.com/video/x8wtx2_le-protocole-des-sages-de-sion-3-3_tech

(****) sur Reynouard, en effet, sa "pensée" se résume en effet à une admiration d'un Hitler... débarrassé de ses camps d'extermination : "En ce sens, sur son appartenance au nazisme, les écrits de Reynouard ne laissent en effet planer aucun doute. Voici comment il s’est décrit lui-même il y a quelques années : "Vers quatorze ans, j’ai pu contempler les photos du IIIème Reich. J’ai rapidement compris que le vrai socialisme, celui auquel j’aspirais, avait été réalisé par Adolf Hitler. Ce fait m’apparaissait comme une évidence. Lorsque je m’en ouvrais aux adultes, ils répondaient en invoquant les “atrocités nazies”. Pendant longtemps, j’y ai cru. Mais j’admirais tout de même Hitler pour ses réalisations sociales et je disais : “Il faudra refaire un État national-socialiste sans les camps.” On me répondait que c’était impossible car le national-socialisme menait naturellement aux camps de la mort. Dans ma tête pourtant, je n’arrivais pas à comprendre comment un tel régime, si bon pour son peuple, avait pu mener à de telles atrocités. La franche dichotomie me troublait et m’amenait à douter parfois. Mais tout le monde me le disait… Alors je restais seul, un peu honteux, avec mon “national-socialisme”. Dans ces aveux, il y a toute l’ambiguité savamment entretenue par les négationnistes à la Faurisson : la réhabilitation du nazisme, mais sans mettre en avant la personnalité sulfureuse d’Hitler, ce qui représente une belle prouesse de pensée". A noter que ce long passage, disponible encore en 2010 à l'article Reynouard sur Wikipedia a été profondément raccourci, très certainement à sa demande, pour que n'apparaisse plus le fond de son "analyse" : car la fameuse phrase "Il faudra refaire un État national-socialiste sans les camps" à depuis tout simplement disparu (et a été transféré chez Metapedia l'encyclopédie fascisante (******) : elle révèle en fait ce que souhaite Reynouard pour l'avenir du monde ! Très révélatrice, trop révélatrice !!! Manipuler Wikipedia, la aussi... voilà à quoi s'attèle l'extrême droite, au nom du respect individuel !

(*****) Reynouard, hébergé en suisse et aidé par Urbain Cairat, qui distribue une littérature nazie, consistant cette fois à réhabiliter Rudolph Hess, via un livre signé... Reynouard. Vital pour les pro-nazis, Hess, pour faire d'Hitler un gars acceptable ! Pensez-donc, il voulait la paix tente de faire croire Reynouard, prêt à tout pour faire passer sa pilule national-socialiste !

(******) : Metapedia est né en 2006... en Suède, créé par un groupe d'extrême droite proche des idées du norvégien Breivik. Son animateur est  Pierre-Marie Le Diberder, ex-membre d'Unité Radicale (mouvement dissous après la tentative d'assassinat de Chirac) qui est -hélas- enseignant d’histoire-géographie dans un lycée privé de Bretagne ! Le Diberder, et son supporter agoravoxien Suumcuique, un intervenant régulier sur les forums néo-nazis. Le Diberder, jamais avare sur le net de faire la propagande pour tous ses amis d'extrême droite. Parmi eux, Pierre Hillard, pilier d'Egalité et Réconciliation ou du réseau Voltaire de Meyssan. Ou Georges Feltin-Tracol, venu du GRECE, lui aussi d'E&R, ou Claude Bourrinet, qui a fait une tentative ici chez Agoravox avant de s'en retourner casaque, il concluait son article en demandant "l'union à l’échelle continentale des forces identitaires et l’élaboration de buts communs". Ou encore Christian Bouchet, adepte d'Aleister Crowley, l'occultiste, et supporter encombrant de Marine le Pen. Car comme l'indique le site Droites Extrêmes, "le site VoxNR, clairement nationaliste-révolutionnaire, antisioniste et pro-Iranien, qu'anime M. Bouchet" est un lourd fardeau... électoral. C'est un tout petit monde que celui de ses fascisants sur-représentés sur le net ! Un petit monde qui a investi le net... et que l'on retrouve-hélas- sur Agoravox également, si on n'y prête pas attention !

-Datavision, quelques exemples ici :

http://fr.calameo.com/read/0009135441b0fef6a44bf

-superbes exemples de cartographie du XIXeme ici

http://www.georouen.org/spip.php?article441

-le site essentiel sur Minard est ici :

http://euclid.psych.yorku.ca/SCS/Gallery/minbib.html

http://www.datavis.ca/gallery/minbib.php


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