Quand le PCF va-t-il sanctionner Pierre Laurent ?

par Ariane Walter
samedi 31 mai 2014

L'UMP, par la bouche de François Fillon, aurait dit à Copé : " Barre-toi !", ce qui aurait usé la résistance de ce politicard acharné.
Certes, la faute de Copé n'est pas reluisante, il faut surtout voir s'il n'y a pas eu enrichissement personnel à la Balkany, mais l'on peut dire du moins, si l'on s'en tient à ses dires, qu'il a ainsi agi pour sauver son parti.
La faute de Pierre Laurent est autrement grave. Certes, lui aussi a voulu sauver son parti, consolider des bastions PC en s'alliant avec le PS, mais le PCF est aussi, depuis 2005, une des composantes du FDG.
En s'alliant au PS lors des municipales, en particulier à Paris, malgré toutes les fautes contre la démocratie que ce parti avait et allait commettre, Pierre Laurent a complètement décrédibilisé le FDG.
Je l'ai déjà écrit en septembre 2013, mais, chante beau merle, j'ai été taxée d'anti-communisme primaire.
Il faut croire, au vu du résultat des élections, qu'il y a beaucoup d'électeurs français qui sont anti-communistes primaires...


L'attitude de Mélenchon, dans cette affaire, n'en est pas moins critiquable. Après avoir, pendant plusieurs mois, traité Laurent de tous les noms d'oiseaux, après avoir parlé de coup de couteau dans le dos, après avoir maintenu une ligne ferme pour les municipales, le voilà, pour les européennes, à deux doigts de la rupture, avant d'en arriver à un accord : liste commune PC/PG ! Ainsi en Île de France où, lors des municipales, PC et PG avaient passé leur temps à déchirer leurs affiches respectives, désormais étaient placardés les sourires rabibochés de Le Hyaric et de Garrido !
On touche le summun de l'absurde ! Et il faudrait que les militants et les électeurs avalent ça ? « Oui, il y a eu baston, un peu, mais bon, on se retrouve, c'est merveilleux. »

 Non.
 

On se demande pourquoi le FDG est en rade ?
Où est le FDG que nous présentait Mélenchon lors des présidentielles ? La parole qui représentait enfin la vraie gauche, sans compromissions, le Mélenchon disant à la. Bastille " Nous nous sommes enfin retrouvés !" ?
Hé bien on peut dire, après les municipales et les Européennes, que la vraie gauche est complètement perdue ! Ce n'est plus le temps des cerises, c'est le temps des prunes. On s'est battu pour des prunes. Ah ! C'est bien beau de lever le poing en criant " Résistance" pour se mettre à quatre pattes devant le pire gouvernement libéral que la France ait jamais connu !
Et il faudrait ne plus en parler, passer ce petit écart dans la catégorie profits et pertes et repartir main dans la main !
Non.
Tout l'esprit des présidentielles, qui a fait passer le FDG de 4 à 11%, est définitivement sali. Voilà pourquoi la faute de Pierre Laurent, dénoncée par bien des communistes, les vrais , est fatale, inacceptable. On le revoit encore, souriant , serrant la main à Harlem Désir. Il venait de vendre les voix du FDG pour des postes. Il en réclamait plus, puisque Mélenchon avait obtenu plus de voix ! Mais quel cynisme !
Lorsque Mélenchon, récemment et à plusieurs reprises, parle de " mon ami Pierre Laurent", il accepte la faute. Il l'absout. Lui . Mais beaucoup au FDG ne l'acceptent pas et il y en aura de moins en moins.


Mais si nous en sommes à parler de ce qui empêche le FDG de progresser, continuons.
-Les dirigeants du FDG ont une conception du fascisme, complètement démodée. Pour eux, le fascisme, c'est Marine Le Pen, c'est le FN. Le FN n'est que l'épouvantail que tient à bout de bras , grâce à ses medias, le PS. Défiler contre le FN quand Rebsamen, en douce, entend démolir une nouvelle fois le code du travail, c'est vraiment se tromper d'adversaire. C'est travailler main dans la main avec le PS pour préparer cette confrontation PS/FN dont il rêve pour 2017.


A ce sujet, que les socialistes se méfient, car il y aura un moment, qui se rapproche très vite, où le FN paraîtra plus acceptable que le PS !
Car il faut tout de même être lucide et voir les raisons pour lesquelles certains Français, qui ne sont pas tous fachos, votent FN.

-Pour une dénonciation de l'UMPS qui tombe on ne peut mieux vu les dernières affaires.
-Pour une dénonciation du FDG, voiture balai du PS. Ben...Comment dire...Ça y ressemble un peu quand même grâce à notre ami Pierre Laurent. !
-Pour un grand " Non" à l'Union Européenne.
-Pour un grand " Non" ( après un vote différent, certes, mais tout le monde peut changer d'avis) à TAFTA .
-Pour une affirmation de la supériorité de la Nation et la nécessité de retrouver son indépendance.(Vu l’évolution de l’UE, ce n’est plus une si mauvaise idée que ça.)
-Pour une immigration régulée, une sortie de Schengen et un protectionnisme économique aux frontiéres.


On le sait Le Pen a volé beaucoup de ces idées à la gauche qui ne sait comment faire pour les reprendre, en particulier celle de Nation qui est de gauche par excellence. Souvenons-nous de Valmy.
Voilà le programme du FN. Que ce soit un programme politicien qui ne sera jamais appliqué, peut-être, mais c'est pour ce programme que les Français ont voté.
Pourquoi plus pour Le FN que pour le FDG ? Parce que le FN ne s'est jamais allié à l'UMPS ! (Ils sont donc un peu gauchistes aussi ! )

En ce qui concerne Jean-Luc Mélenchon, j'ai fait partie de ceux qui ont admiré sa campagne des présidentielles.
Certains disent qu'il a un langage trop alambiqué. Non ; Il a le langage à la fois le plus direct et le plus noble. Il touche au coeur. En quelques mois, il a arraché à l'abstention des millions de votants. Il a redonné espoir en la politique.
Malheureusement, malgré le fameux serment où l'on ne devait signer sur aucun coin de table, alors que lui-même a cédé à ce travers, il a été noyé par les contradictions du FDG qui porte en lui une faute originelle. Comment se dresser contre le PS quand on dépend financièrement de son allié le PC ? La quadrature du cercle...

Il n'y a pas eu plus attaqué que Mélenchon, le saint Sébastien de ce temps. Démoli par le FN, normal, par le PS, logique, mais plus encore, là est la tragédie, par un clan PC qui a voulu voler les bénéfices des présidentielles en le jetant par terre à un coin de rue. " Mon ami, pierre Laurent....". Sans compter Chassaigne qui, il y a une semaine encore, le dénonçait avec virulence ! Maiś plus encore, par des membres du PG qui, au moment des élections, voulaient des postes et critiquaient, voulant s'allier au PS, son parler cru et dru.
Lui-même a donc cédé. Quand on voit le résultat et le nombre de ces fameux postes, on pleure...
De tout ceci Mélenchon est conscient écrivant sur son blog un résumé impitoyable de la situation.

" Dès lors, les petits arrangements et alliances à géométrie variable, au-delà même de leur légitimité locale ou non, nous ont directement associés au spectacle des poisons et dentelles du système. Dès lors, nous nous sommes rendus illisibles ou, pour dire plus vrai, nous avons été rendus suspects dans un moment ou les suspects subissent, à juste titre, très vite un mauvais sort ! En une campagne électorale, tout le travail d’autonomisation a été détruit aux yeux du grand nombre." 

 Mais ce ne sont que des mots. Jlm veut aller au combat avec ceux-là même qu'il dénonce. Impossible. Les électeurs ne suivent pas.

Certains réclament des assises du FDG pour aborder tous ces problèmes. A mon avis, elles n'auront pas lieu car le PG, rabiboché avec le PC dont il a financièrement besoin, ne voit pas plus loin que le bout de sa survie.
Mélenchon a raté le coche en septembre dernier quand Laurent a trahi. Il fallait rompre. Il fallait montrer qu'il était celui qui ne s'abaisse pas à négocier avec l'ennemi. Celui en qui on peut avoir confiance. Vu les résultats, il ne risquait pas grand chose.

Ceci dit, si le FDG veut perdurer il faut qu'il se débarrasse de trois croyances nuisibles :

1-Sa phobie de l'unité de la gauche politicienne. Seul moyen, croit-il, de prendre le pouvoir. Les Filoche, Lienemann, (sans parler de la clique PS), la Duflot, la Cosse, qui se fiche de la France et qui est fédéraliste dans l'âme, qu'est-ce qu'on va faire avec ça ? Ce sont les millions d'abstentionnistes qu’il faut viser et qui suivront, comme lors des présidentielles, un programme sans compromissions.

2-Sa phobie du FN facho car Le Pen est plus habile qu'eux et bouge sans cesse ses lignes quand eux en restent toujours à la dernière guerre. Ce qui arrange le PS. L'éternel parrain de l'eternelle mafia.
Au sujet du PS , je vous propose cet extrait de Raoul-Marc Jennar.

Qu’a fait le PS français depuis 1983, si ce n’est d’être en France, en Europe et sur la scène internationale (OMC) à la pointe des attaques contre les acquis sociaux ? (** lire ci-dessous) Faut-il refaire l’inventaire de toutes les lois françaises, de tous les traités européens, de toutes les directives européennes initiés par des personnalités issues du PS français qui ont renforcé la dictature des marchés, mis à mal les services publics et le droit du travail, consolidé des institutions européennes oligarchiques ? Le PS depuis 1983, c’est avant tout Delors, Fabius, Rocard, Strauss-Khann, Pascal Lamy, des gens qui ont initié et défendu les politiques néo-libérales de démantèlement des acquis démocratiques et sociaux. Des gens qui ont négocié les accords de l’OMC, instruments de la mondialisation néo-libérale qu’ils nous ont présentée par la suite comme le bouleversement auquel il fallait absolument s’adapter. Des gens qui, comme Delors et son Acte unique européen, ont érigé le primat de la concurrence en dogme incontournable. Qu’a fait Jospin, si ce n’est davantage privatiser que les gouvernements Balladur et Juppé réunis ? Qu’a fait la social-démocratie européenne lorsqu’elle était à la tête ou présente dans 13 gouvernements sur 15, si ce n’est de soutenir tous les projets qu’elle aurait du normalement combattre ? Que fait le PS depuis 2012 en adoptant le Pacte budgétaire Merckel-Sarkozy, en imposant l’ANI, en faisant délibérément le choix des politiques de droite, en soutenant un projet de partenariat transatlantique qui va aligner les normes sociales, sanitaires et environnementales sur celles des USA et va transférer à des structures privées le soin de trancher les conflits sur ces normes entre firmes privées et pouvoirs publics ?

3- Sa phobie de "l'Europe des peuples". Une majorité de Français de gauche et de droite veulent sauver la France, leur France. Rachel Garrido, répondant à Bernier, écrivait qu'il n'était pas question de coller aux idées du FN mais qu'il fallait " réenchanter l'Europe". Avec ça , on ira loin....

Il faut donc savoir si un nouveau parti, échappant aux erreurs ingérables du projet FDG, peut se créer affirmant :
- Son rejet du PS.
- Son rejet de l'UE et de Tafta.
- Son désir de retrouver la souveraineté de la France.

Mais ça me rappelle quelque chose....

Il faut faire vite. La gauche politicienne est un égout. Dans cet effondrement des anciens partis qui ont la morale aux semelles, un peuple citoyen veut reprendre la parole.
Alors ne pleurez pas si vos électeurs, que vous trompez allègrement, vous assènent le seul coup auquel ils ont droit : s'abstenir ou voter là où ça fait mal.
 


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