Quand Mélenchon dit non à Chevènement

par Serge ULESKI
jeudi 3 septembre 2015

 

 Jean-Pierre Chevènement qui souhaite être l’instituteur d’une gauche républicaine et d’une République refondée (ICI), accueillante aux républicains des deux rives propose une première rencontre - qui sera suivie de trois autres - le 26 septembre sur un premier thème : « Europe et souveraineté ». Le but est d’offrir à la France une alternative républicaine.

Seront invités : Régis Debray, Michel Onfray ( ?!), Alain Supiot, Arnaud Montebourg, Jacques Mézard, Jean-Luc Mélenchon, Nicolas Dupont-Aignan, Didier Boulaud. Car Pierre Chevènement pense que seul le débat de fond fera bouger les lignes.

 

   « Je ne participerai pas à ton colloque du 26 septembre. Je t’avais bien informé en amont de mon refus complet d’être associé de quelque façon que ce soit à l’idée lourdement erronée à mes yeux de « l’alliance des républicains des deux rives »

Dixit Mélenchon.

 

 Jean-Luc Mélenchon sur son blog (ICI) a donc répondu "niet !" à Jean-Pierre Chevènement. A la place, Mélenchon propose une "conférence internationale pour le plan B"...

Avec qui ?

Devinez !

Avec la Grèce (Tsipras ? Syriza ? Les dissidents de Syriza ? Varoufakis ?) et Podemos en Espagne ; un Podemos en chute libre dans les sondages !

Alors, c'est sûr, tout ce beau petit monde va peser lourd, très lourd sur la scène internationale ! Et Mélenchon aussi.

 

***

 

Charité bien ordonnée commence par soi-même et chez soi

 

 On peut franchement regretter que Mélenchon n'ait toujours pas compris ceci : pour changer la donne et faire bouger les lignes, il faut tout miser sur le poids à la fois symbolique et réel de la France : aussi, ce plan B c'est en France qu'il faut le penser et l'organiser.

Comme un fait exprès, ce que propose Chevènement ressemble fort à un Plan B d'ordre politique. 

 

 Avec le "non !" de Mélenchon à Chevènement, tout devient clair : il y a donc fort à parier que Mélenchon finisse seul, très seul et tout seul... en « agité de service » des médias et des réseaux sociaux, à la fois alibi et animateur d’une vie politique pseudo-démocratique sans queue ni tête ; et qui plus est : sans troupe ; ce qui est déjà le cas ; alors qu'il faut dès maintenant commencer à réfléchir à une alliance qui partirait de Dupont-Aignan et couvrirait tout le spectre de gauche, jusqu'à son l'extrême - pourquoi pas ! - sans oublier de passer par Asselineau et les dissidents des Verts et du PS.

C'est bel et bien d'une alliance patriotique et européenne qu'il s'agit ; une alliance libérée de l'axe américano-israélo-saoudien ; une alliance proche de la Chine, de l'Inde, de la Russie ; une alliance fraternelle (et respectueuse) avec l'Afrique et l'Amérique du Sud, tout en soutenant sans faille la cause palestinienne - et s'en donner réellement les moyens ! - et tout en reconnaissant à l'Iran un rôle majeur à un niveau régional et international ; sans oublier un retrait total de nos troupes et de nos agents de la Libye à l'Afghanistan, de l’Irak à la Syrie dans une région plongée dans un chaos géopolitique savamment organisé par l’axe précédemment cité.

Car, en ce qui concerne cette région, c'est l'après chaos qu'il nous faut préparer : et la meilleure façon de le faire, c'est, pour l'heure, de s'en tenir éloignés.

Aussi, que ceux qui ont mis le feu l'éteignent !

 

 Autre regret : Mélenchon aurait dû comprendre que le mondialisme, notre ennemi mortel (et non la mondialisation qui relève de la technique et de la science) - le mondialisme donc, cette guerre contre l'Etat nation, l'Etat providence, les salaires, le droit du travail, la liberté d'information et d'expression - n'est ni de droite ni de gauche mais ailleurs : là où triomphe la maximisation du retour sur investissement du capital humain ; un être humain comme moyen et non comme fin.

 Nul doute : ce mondialisme-là nécessite une autre lecture de la scène politique française ; une lecture stratégique et tacticienne.

 

 Jean-Luc Mélenchon en Août 2015 : "l'indépendance de la France est une nécessité".

 

 

  Certes, on peut difficilement reprocher à Mélenchon de ne pas faire, le plus souvent, le bon diagnostic. Dommage qu'il soit aussi mauvais en tant que stratège et tacticien.

 Aussi, plus faible sera son score électoral plus élevé sera le ton de sa voix.

 Finira-t-il par hurler ?

 

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