Quand on n’a que l’humour, au plat pays, de « François-le- Petit » !
par bakerstreet
mercredi 13 janvier 2016
« Je suis à nouveau assez en colère contre tous ces gens », a déclaré Patrick Rambaud, lors de la sortie de son dernier Livre "François-le-Petit", dédié à Cabu, Wolinski, ses vieux copains de Charlie Hebdo assassinés. Voilà donc un nouvel opus des mémoires élyséennes. Il avait pourtant dit qu’on ne le reprendrait plus, mais la colère lui a fait reprendre sa plume, pour notre plus grand régal. Chroniqueur assassin du quinquenat de Nicolas Sarkozy, alias "Nicolas premier", ou "Nicolas-le-Mauvais', c'est cette fois-ci notre bon président Hollande, "François IV", dit "Le petit", qui en prend pour son grade.
"Je raconte ici l'histoire d'un petit nombre d'hommes qui, poussés par les événements, ne se hissaient pas à leur portée"
Lui qui lisait fort peu, surtout pas des romans, il se complaisait aux divertissements politiques. Il avait consulté naguère le profitable Bréviaire des politiciens que le cardinal de Mazarin rédigea en latin et publia à Cologne en 1684. Le titre l’avait alléché puisqu’il se proposait de l’instruire sur le seul métier qu’il sentait à sa mesure, et qui n’était point réellement un métier sinon l’application de diverses recettes et roueries pour parvenir.
« Affecte un air modeste, candide, affable, lui soufflait le rusé cardinal. Feins une perpétuelle équanimité. Complimente, remercie, montre-toi disponible, même à l’égard de ceux qui n’ont rien fait pour le mériter. » M. de la Corrèze en fit son credo ; il se souvenait d’une autre recommandation :« Méfie-toi des hommes de petite taille : ils sont butés et arrogants. » Il y devinait le portrait de son prédécesseur, Nicolas Ier, et décida à son inverse de présenter une image normale.”
Ce qui est bien, avec Patrick Rambaud, c’est que quand il se fâche, il le fait avec beaucoup de classe, dans un style où les déclinaisons grammaticales travaillent de concert avec celles de l’humour ! Cela donne un cocktail étonnant, une ceinture explosive bricolée à l’ancienne, bourrée de subjonctifs, de bons mots, et de fulgurances qui vous pètent à la figure, sans risque létale, bien au contraire !
Si je ne retenais pas, je proposerais Patrick Rambaud à la légion d’honneur. "Grand chevalier de l’Hara-Kiri" ! Ou "Grande croix François Cavanna" ! A la limite « chevalier du canard enchaîné ». Bien sûr il refuserait. Il faudra donc attendre qu’il soit mort comme les autres pour qu’il l’accepte, de gré ou de force, de se faire embaumer ! Tout dépend d’où l’on se place, du bon ou du mauvais coté de la tombe.
Remercions donc Patrick Rambaud d’entretenir ainsi la lutte contre la médiocrité aux pays des tweets . Mais chut, ne le dites à personne, on serait capable de l’ensevelir sous un beau discours. Ce bouquin a sa place dans la trousse d’urgence et de réanimation ! Au pays des vampires et des zombies, c’est un antidote encore meilleur que les gousses d’ail pour rester en vie. A prendre en priorité si Hollande vous mord au cou, vous trouvant assoupi devant la télé.
C’est plus fort que moi, mais des phrases du discours s’imposent à n’importe quelle occasion. Un peu embêtant, quand l’esprit des lumières fait déjà des faux contacts et des courts circuits.
Tenez, pas plus tard qu’hier, alors qu’elle me rendait la monnaie, j’ai sorti à ma boulangère estomaquée, d'une façon saccadée et quelque peu sentencieuse, à la manière de notre président :
« Sommes-nous capables de maîtriser le temps ? Sommes-nous capables de maîtriser l’espace ? Sommes nous capables de maîtriser la nature ? Sommes nous capables de nous maîtriser nous mêmes ? (discours d’introduction de la Cop 21)
« Oh, moi, m’a dit la brave femme, un peu effrayée, en me tendant mon pain, J’allais pas si loin. Je parlais juste du temps qu’il fera demain ! »
En ces tristes temps de commémoration et de jdihadisme, qui sont toutes deux des formes de terrorisme, et provoquent peur, sidération, et crétinisme, nous voici mis au garde à vous d’office ! Jamais depuis l’immédiat après guerre, et ces millions de morts, une époque ne fut si fertile en 11 novembre « revisited », travail de mémoire, hommages aux héros, hommages aux victimes, gardes à vous de la pensée sclérosée, obligée, unique, et inique.
J’espère que je n’ai oublié personne dans cette déclaration lénifiante.
« Cette vérité, nous la devons à tous ceux qui, par leur histoire douloureuse, blessée, veulent ouvrir une nouvelle page […] La vérité rassemble, répare. Alors l’Histoire, même quand elle est tragique et douloureuse, doit être dite ! (extrait du voyage en Algérie)
Ca m’est sorti d’un coup comme ça, toute un longue tirade clamée dans la rue, alors que je sortais de chez moi, la tête encore toute tourneboulée. Mon voisin, qui taillait sa haie, a pris ça connement pour lui !
« Moi je fais pas d’histoire ! C'est vous qui me cherchez des noises ! »
Ce retour de service m’a fait évoluer ! Etre à la tête d’un pays, c’est pas facile tous les jours. On est parfois incompris ! Je devrais acheter des lunettes à grosses montures, style Hollande, gros porteur aérien, pour souligner mon regard de cobra et faire tomber les femmes ! M’enfin, je vous le demande, qu’est-ce que ce type a de plus que moi, si ce n’est les paupières qui tombent dans la tombe !
Perso, je préfère voir Marianne sein nu débraillé, insolente, buvant un coup avec le Charlie de ma jeunesse. Ils se tirent vite fait de l’Élysée, comme sur le tableau de Delacroix, entament dans la rue des chansons paillardes et des chants révolutionnaires, se foutant de l’état d’urgence, bras dessus, bras dessous !
La liberté, elle ne s’use que si l’on ne s’en sert pas.
Cabu assis dans un coin, se régalait, la croquait à toute vitesse. Et dire que certains le croient mort !
Notre président devrait essayer ! Je ne parle pas des binocles du grand Duduche, mais du bain de jouvence. Deux ou trois nuits passés à camper au milieu des zadistes, je suis sûr que ça lui relèverait les paupières.
Tout en haut du grand pont de Cheviré, les manifestants ont eu beau s’agglutiner, demander des comptes, un engagement du président.
C’était sa promesse, juré promis craché ! …. « Je m’engage …. » avait-il dit. Il s’est dédit, il n’a pas desserré les dents, ni relevé le regard, l’œil dans la tombe, comme disait encore Victor Hugo à propos de Caïn.
Ces gens là, c’est vrai, n’ont aucune pudeur ! Si on les laissait brailler, ils exigeraient qu’on s’attaque au nomadisme fiscal, pour ne prendre qu’un exemple. Ca foutrait mal, alors que nos énarques venaient d’inviter Johnny pour le grand raout commémoratif de la république en danger.
« Un dimanche de Janvier », c’est vrai a été écrit sur commande par Jeanne Cherhal, qui a repassé le beau costume fait le pli et l’ourlet, rien que pour Johnny, avant de lui faire endosser à la descente de l’avion.
Heureusement qu’après, sur l’estrade, il ne s’est pas planté, en chantant cette bluette, comme il l’a fait déjà, lors d'un concert, confondant Saint-Etienne avec Clermont-Ferrand ! 'http://bit.ly/1IYOnDu " Imaginez un peu l'effet !"...
« Je suis mitigé, nous avoue Magyd Cherfi, le chanteur de Zebda. À la fois, on éprouve un immense respect pour cette idole et ses cinquante ans de spectacle, mais en même temps, on observe que dans toute sa carrière, il s'est plutôt affiché à droite, et qu'il ne s'est jamais exprimé sur l'immigration, le chômage, l'exclusion, qu'il est allé en Suisse pour des raisons fiscales… J'aurais préféré un chanteur militant, comme Renaud, Lavilliers ou Higelin. »
« Des millions de regards/ Et de larmes à peine essuyées /Des millions de pas sur les boulevards/
Un Dimanche de Janvier /J'avais ta main petite/ Dans la mienne recroquevillée… »
"Charb détestait Johnny Hallyday et c'est précisément à lui que nos “autorités“ on fait appel pour pousser la chansonnette en son honneur : quand il y a une connerie à faire, on peut compter sur nos responsables, ils ne la ratent jamais ! ».
« Les terroristes volent la vie des innocents, mais veulent aussi suspendre la nôtre, alors je le dis fermement : La France restera un pays de liberté, de mouvement, de culture, un pays actif, vaillant, dynamique, qui ne cède jamais à la peur ! »
Comment ne pas être d'accord avec notre président ? Mais qui donc cherche à imposer un état d’urgence permanent, et à faire sortir la loi d'urgence de son cadre d’application évident ? Il y a là des messages ambivalents et contradictoires, dans des postures de girouette, dont on ne sait plus quel vent les pousse à tourner et à piquer du bec !
Il ne faudrait pas que le remède soit plus dangereux que le mal ! En d’autres termes qu’on triomphe de la maladie, mais qu’on emmène le patient au funérarium.
Une commémoration ? Qui peut être contre, quand on a des principes et des valeurs, et l’envie de se retrouver ensemble pour communier, faire bloc, faire sens ! Mais justement pour cette raison, le coup de la récupération à répétition, insupporte et en rend chafouin plus d’un !
Le journal « le point » a sorti un excellent article sur le sujet : Et si on arrêtait les commémorations ? http://bit.ly/1Zh7EBU  ;. Les rassemblements du 10 Janvier, en dépit des têtes de gondoles alléchantes, et réunies à grand frais, n’ont pas donné les résultats escomptés. La veine électorale de la contrition et du malheur serait-elle épuisée ?
C’est comme si jadis, on avait décrété un jour du souvenir pour les morts de Verdun, un autre pour ceux de la Somme, de la Marne, et puis d’Ypres…. J’arrête là pour 14-18, les jours d’une année ne suffiraient pas, et ma salive se tarirait avant que je ne solde le nom de toutes les horreurs !
Ne l’ont-ils pas remarqué, mais la connerie change de visage ! Dans ce théatre de guignol, les voilà toujours à courir après Dieu, cette ombre qui ne veut rien dire, qui sert juste à certains de couverture, pour cacher leurs exactions ! Plutôt que de cliver les gens en querelles stupides, ne serait-il pas plus pertinent de tirer sur le voile, pour montrer ceux qui se cachent dessous, et ont fait une OPA sur la religion ?
C’est une belle époque pour les arts funéraires, ceux qui découpent les plaques de marbre, et qui écrivent des noms dessus. Pas facile sans doute de graver un nom dans la pierre ! C’est juste un avis de néophyte ! En tout cas je pensais que l’orthographe des noms n’était pas la plus grande difficulté. Qu’il suffisait d'un petit modèle écrit au crayon, une sorte de pense-bête, pour ne pas marquer Dupont à la place de Dupond, ou Pays bas à la place de Hollande !
L’humour était sauf ! Georges a pu l’espace de quelques heures flirter avec Lucy in the sky, en rapport à cette foutue lettre Y, créant un Wolinsky insolite, « with diamonds »
L’impertinence de Charlie est devenue très chic. Les ambassades et les consulats ont pris un abonnement. Le journal fait maintenant un malheur, et bientôt les grands couturiers risquent d’envelopper leurs mannequins dans les vieux numéros, et les robes deviendront « collector » !
J’ai beau avoir été « Charlie » un temps, le temps de l’indignation légitime, révolté par l'obscurantisme, je reste ce petit garçon qui a grandi à l’ombre de ce journal épatant, qu’était « Pilote », le journal : "qui s’amuse à réfléchir", selon sa devise de l’époque.
Ne tirons pas sur les soignants, sur le personnel du journal. Ils ont des circonstances atténuantes, et se donnent un mal du diable pour garder le flambeau. C'est pas facile de dessiner quand les puissants vous flattent et vous embaument. Un peu comme à la cour du roi soleil. Ils sont restés dans leur rail de pensée, continuent à ne pas porter de cravate, et à maudire « dieu le grand coupable » l'assassin qui court toujours ! Ils ont dû en discuter pendant des heures, de cette couverture, comme des généraux d'armée, bien loin de la spontanéité qui existait au sein de la vieille équipe de l’époque Cavanna !
Le professeur Choron, cet Einstein de la provocation, manque furieusement pour remettre les pendules molles à l’heure, et pincer le cul de cette Marianne de salon, ne renversant pas les barrières de ces commémorations en chaines.
Choron et Cavanna peuvent dire merci à « la grande camarde » de Brassens, qui les a protégé à temps des gros cons en tous genres : Daesh, et la déchéance. Mais ils l’ont tout de même échappé belle, en se faisant tirer un peu avant les autres par la manche.
Imaginer Choron et Cavanna vivants, coincés entre deux gardes du corps, est une image irrésistible, une couverture encore plus terrible que la fameuse : Bal tragique à Colombey : Un mort ! »...Je crois qu'ils n'auraient pas survécu à cette infamie !
C’est parfois si « Bête et méchant ! » la vie....