Que le diable soit avec vous !
par gruni
mercredi 6 octobre 2021
Que fait donc le bon Dieu pendant que des prêtres et des laïcs abusent sexuellement des enfants, mais peut-être est-ce la faute au diable si la pédophilie ronge l'Eglise. Mardi 5 octobre 2021, la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l'Eglise (CIASE), sous la direction de Jean-Marc Sauvé, remettait son rapport à la Conférence des évêques de France et à la Conférence des Religieux et Religieuses de France.
Le rapport lourd et sulfureux de 485 pages et 2000 d'annexes révèle que depuis 1950, au moins 330 000 victimes ont été les proies de pédophiles. Une "estimation minimale" donne les chiffres de 2 900 à 3 200 prédateurs sexuels masculins depuis 1970, chez les prêtres et les religieux.
"Ces violences sur mineurs représentent 4% des violences sexuelles en France, si on prend uniquement celle des clercs et des religieux, et 6% si on prend en compte les laïcs."
Les estimations ont été dirigées par l'Inserm et l’Ecole des hautes études en sciences sociales, auprès de 30 000 personnes.
"L'Eglise catholique est, après cercles familiaux ou amicaux, le milieu ou la prévalence des agressions (0,82%) est significativement la plus élevée."
Selon Jean-Marc Sauvé, les garçons "représentent près de 80% des victimes, avec une concentration entre 10 et 13 ans" "Il est probable que, dans le cas des prêtres, étant davantage au contact de garçons, un effet d'opportunité ait joué. Mais il ne saurait expliquer à lui seul des disparités aussi fortes [entre les filles et les garçons] et une particularité aussi nette de l'Eglise catholique."
"La question de l'indemnisation n'est pas un don, c'est un dû. Nous considérons que les victimes ont une créance, et que l'Eglise a contracté une dette à leur égard."
La prescription est fixée à trente années après la majorité de la victime, soit jusqu'à ses 48 ans.
Le Pape François qui ne pouvait rester silencieux après avoir pris connaissance du rapport "avec douleur" "se tournent en premier lieu vers les victimes, avec un immense chagrin pour les blessures et gratitude pour leur courage de dénoncer". Il indique également qu'elles "se tournent aussi vers l'Église de France, afin que, ayant pris conscience de cette effroyable réalité (...) elle puisse entreprendre la voie de la rédemption"
En fait, tous savaient et à plus forte raison les Papes d'avant et d'après 1950. Plus de la moitié (56%) des agressions sur enfants ont été commises dans les années 1950 à 1969. Une diminution a été constatée de 1970 à 1990 (moins de prêtres). Certes, en ce temps-là les chiffres de la pédophilie dans l'Eglise n'étaient pas encore connus, mais les confesseurs connaissaient la gravité de la situation. Seulement, il fallait protéger l'Eglise et consoler les victimes en priant pour qu'elles se taisent. Alors, tous les religieux complices ?
Jean-Marc Sauvé déclare "Nous n’avons pas cessé d’interagir avec les structures publiques qui interviennent dans le domaine de la maltraitance" "Bien entendu, à chaque fois qu’ont été portés à notre connaissance des agissements susceptibles de tomber sous le coup de l'article 434.1 ou 434.3 du Code pénal, nous avons fait des signalements au parquet." (22 saisines pour des faits non prescrits). De plus,"des évêques ou des supérieurs majeurs de congrégation" dans plus de 40 dossiers, ont été informés "d'infractions prescrites dont l'auteur est toujours vivant".
Ce qui devrait nous rappeler une parole restée célèbre du Cardinal Barbarin
« Y a-t-il prescription ou pas ? Prescription juridique peut-être, le droit va le dire. La majorité des faits grâce à Dieu sont prescrits, et certains peut-être pas »
Depuis, le célèbre Cardinal auteur d'un livre intitulé « En mon âme et conscience » a fait un petit méa culpa :
« Aujourd’hui, je comprends que, dès que j’ai entendu parler de toutes ces horreurs, j’aurais dû être plus combatif, estime le cardinal Barbarin dans La Vie Quand j’ai eu Bernard Preynat en face de moi en 2010, j’aurais dû exiger qu’il écrive avec précision ce qui s’était passé. Et j’aurais pu agir à partir de cela. Je ne suis pas fier de ne pas l’avoir fait ».
Eric de Moulins-Beaufort, président de la conférence des évêques de France, a exprimé "sa honte", "son effroi" et a demandé "pardon" "Il a invité les catholiques à lire ce rapport, à le lire avec nous." Mon désir en ce jour est de vous demander pardon, pardon à chacune et chacun".
"Entre 2,5% à 2,8% des prêtres et religieux hommes sont coupables d'abus sexuels sur cette période, selon le rapport. Il s'agit d'un "taux plancher" selon Jean-Marc Sauvé, toutefois inférieur au taux allemand (4,4%), américain (4,8%), australien (7%) et irlandais (7,5% dans certains diocèses)."
À croire que Lucifer se montre encore plus tentateur dans des pays étrangers ; il faudra en parler au pape. Quant aux prêtres jamais chatiés pour leurs actes criminels, que le diable soit avec vous !