Que se passera-t-il après le verdict de Trump  ?

par Dr. salem alketbi
vendredi 26 mai 2023

La question brûlante pour les observateurs des affaires américaines est de savoir quelles seront les répercussions de l’affaire Jean Carroll, une femme de 79 ans, qui a réussi à prouver l’agression sexuelle dont avait été victime l’ancien président Donald Trump et à le tenir légalement responsable de ses actes. Le tribunal lui a donné raison et lui a accordé 5 millions de dollars de dédommagement, une décision courageuse si l’on considère qu’elle a affronté quelqu’un qui était autrefois une figure mondiale influente et qui pourrait retrouver ce statut, selon The Guardian.

Ce «  triomphe juridique  » a suscité de nombreux débats parmi les experts et les spécialistes quant à son impact sur les chances de M. Trump dans la prochaine course à la présidence. Cependant, nombreux sont ceux qui pensent que le succès de cette action en justice pourrait inciter d’autres personnes à entamer de nouvelles batailles juridiques contre Trump, notamment en ce qui concerne les allégations de harcèlement sexuel. Les médias américains suggèrent que ces allégations représentent un «  dossier substantiel  » pour l’ancien président, qui est également le principal candidat à la succession du président Biden.

Les sondages d’opinion réalisés après la décision de la Cour indiquent que les électrices, contrairement à ce que l’on pensait, n’ont pas été très influencées par cette décision, puisque le soutien de M. Trump parmi elles a en fait augmenté par rapport à 2016 et 2020. Cela indique que les chances de M. Trump d’obtenir l’investiture républicaine et de remporter un nouveau mandat présidentiel restent fortes et intactes.

Le verdict de condamnation prononcé par un jury américain, que M. Trump a qualifié de «  honte », représente un défi électoral de taille, bien qu’il s’agisse d’une responsabilité civile et non pénale. Certains membres du GOP au Congrès considèrent même ce verdict comme un obstacle au retour de M. Trump à la Maison Blanche.

D’un autre côté, de nombreux éléments indiquent que le verdict pourrait ne pas constituer un obstacle significatif au comportement électoral d’un homme habitué à gagner de tels paris politiques et disposant d’une large base électorale qui ne se préoccupe pas particulièrement de ses actions et de ses paroles. Elle s’intéresse plutôt à ses positions et à ses points de vue sur diverses questions relatives aux affaires américaines.

À mon avis, le seul dilemme qui découle du verdict est un dilemme éthique chez certains républicains chevronnés. Ces personnes estiment que le parti a besoin d’un dirigeant qui possède l’«  éligibilité  » et la capacité d’unir le parti et de surmonter ses divisions internes actuelles. En outre, les dirigeants du parti voient dans la défaite potentielle du président Joe Biden une opportunité importante, mais il faut pour cela un concurrent redoutable contre lequel les démocrates ont du mal à lutter et contre lequel ils lancent des campagnes médiatiques.

M. Biden, qui a officiellement annoncé sa candidature à un second mandat présidentiel, a lancé sa campagne avec le slogan «  Let’s Get the Job Done  » («  Faisons le travail »). À 80 ans, il est le candidat le plus âgé en lice pour la Maison-Blanche et ne semble pas convaincre une grande partie du peuple américain, même parmi ses collègues démocrates.

Il est confronté à une vulnérabilité liée à son âge, qui est encore amplifiée par ses nombreux dérapages verbaux et ses trébuchements depuis qu’il occupe son poste actuel. Cela laisse supposer que les quatre prochaines années seront extrêmement difficiles, étant donné que son état de santé n’est pas à la hauteur de l’escalade des défis mondiaux auxquels est confrontée l’influence américaine.

Il lui sera également difficile de déployer les efforts nécessaires pour surmonter les profondes divisions que connaît la société américaine depuis la dernière élection présidentielle. Par conséquent, la voie à suivre pour obtenir un second mandat présidentiel ne semble pas aussi simple que pour les présidents précédents. La réélection d’un président pour un second mandat n’est pas garantie, comme c’était le cas pour ses prédécesseurs, qu’ils soient démocrates ou républicains.

Le défi lancé par M. Trump et son insistance à participer à la prochaine course à la présidence serviront de catalyseur pour rallier les démocrates à M. Biden, poursuivant ainsi le triomphe politique qu’ils ont remporté lors des élections de mi-mandat inattendues de l’année dernière. En revanche, les perspectives de l’actuel président semblent largement tributaires de la situation économique intérieure, d’une part, et de l’issue de la guerre en Ukraine, d’autre part.

D’autant plus que les États-Unis ont alloué des milliards de dollars à Kiev et que si les objectifs américains souhaités ne sont pas atteints dans ce conflit, l’image de M. Biden en tant que dirigeant efficace de sa nation sera complètement ébranlée.

Toutes les possibilités restent ouvertes, car les problèmes qui hantent Trump persistent. Il existe une liste d’affaires juridiques non résolues, mais tout porte à croire qu’elles ne seront pas résolues par des enquêtes.

La campagne de Trump sait habilement les exploiter dans sa propagande, puisque les dons généreux à sa campagne continuent d’affluer malgré les récentes accusations portées contre lui. Les allégations sont présentées comme une «  persécution politique  » à l’encontre de l’ancien président, ce qui amplifie l’enthousiasme de ses partisans.

La vérité, c’est que la position des États-Unis dans le système mondial souffrira beaucoup au cours de la prochaine phase, que M. Biden parvienne à obtenir un second mandat présidentiel ou que M. Trump revienne au pouvoir. Dans un cas comme dans l’autre, Washington ne sera pas en mesure de relever efficacement les défis stratégiques internationaux qui se multiplient.

Cela peut s’expliquer par l’affaiblissement de la capacité du premier à sauvegarder les intérêts de son pays, que ce soit en raison d’un déclin dû à l’âge ou d’autres facteurs liés à sa personnalité et à ses qualités de dirigeant. Elle pourrait également être attribuée aux controverses entourant les positions, les politiques et les orientations du second.


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