Quel avenir pour le Parti Socialiste ?

par Elliot
lundi 13 novembre 2017

Question assez oiseuse car encore faudrait-il qu’il eût un avenir après avoir saccagé méthodiquement tous les espoirs que l’on pouvait avoir en lui.

 

 

BHL pour une fois pertinent, du moins dans le choix du titre de son livre sinon dans l’inventaire des solutions dont il se faisait le héraut grandiloquent, avait dépeint, il y a une dizaine d’années, le PS comme un « grand cadavre à la renverse ».

Il avait emprunté le titre à Jean-Paul Sartre qui avait déjà défini ainsi la Gauche de son époque dans sa préface à Aden Arabie de Paul Nizan.

On voit que le mal est ancien qui ronge la Gauche.
Le présumé philosophe anticipait seulement de quelques années et le grand remue-méninge qu’il prônait entre autres déplorations sionistes pour encourager ce parti à abandonner le socialisme était au fond assez inutile car il faisait l’impasse sur un constat : le PS n’était plus socialiste, il en avait oublié les travaux pratiques pour ne plus gloser que sur des principes dont il ne saisissait plus le sens.

Aujourd’hui c’est le socialisme qui a abandonné le PS où plus personne aujourd’hui ne se réclame de lui sinon en comité restreint.

 

 
Les rescapés du naufrage, encore tout éberlués d’avoir été repêché par les gracieusetés du scrutin à deux tours, ne risquent plus guère les quolibets puisque plus personne ne fait attention aux arguties ( quand elles existent ) développées presque mécaniquement par ces quelques énergumènes encore absorbés dans la contemplation de leur nombril.

 

Une direction collégiale – semblable à la curie romaine – de 28 personnes a été mise en place pour rendre au parti le lustre perdu.

On les qualifierait difficilement de pontes tant ses membres sont pour la plupart parfaitement inconnus n’ayant jamais eu les honneurs de la presse même celle qui est par nature ou intérêt la plus accueillante à leur égard.

Il faut dire à leur décharge que les médias redécouvrent avec ébahissement la persistance du droit de cuissage et que cela attire l’essentiel de leur attention, suscitant débats compassés et croisades incessantes…

 

Un certain Rachid Temal serait chargé de l’organisation du prochain congrès des naufragés prévu en février 2018 et il sera chargé d’organiser la veillée funèbre des derniers lambeaux de doctrine socialiste qui passeront à la trappe pour déboucher sur un parti dont on ne sait trop quel sera le rôle puisque, tournant officiellement à la fois le dos au Socialisme et voulant s’opposer mais sur quelle ligne ? à l’entreprise macronienne, on ne voit pas bien sur quelle ligne ils vont jouer les équilibristes.

Tout ce que l’on peut constater, c’est que les Macron’s boys assistés par quelques transfuges avisés sinon solides dans leurs convictions ont porté la dérive politique du PS à un point d’incandescence difficilement réversible.

 

Leurs derniers élus ( qui ont anticipé et déjà changé d’étiquette à l’Assemblée ) continuent d’ailleurs d’échapper aux radars tant au Parlement où ils sont inexistants que rue de Solferino ( tant qu’ils peuvent encore occuper les lieux ) où leur travail de reconstruction qui est surtout une déconstruction de ce qui fit les grandes heures du Socialisme attire peu l’attention des foules.

 

Le désintérêt du public ! Ça, on le savait depuis les pénibles 6 % obtenus aux Présidentielles , mais que même la presse, tout occupée à encenser Macron, n’a plus une ligne à consacrer à leur pathétique tentative de redonner un contenu doctrinal à un parti qui ne sait plus ce que c’est depuis belle lurette, un parti qui, il faut le noter sans s’en affliger n’attire plus aucun grand intellectuel pour réfléchir à son avenir, tant ce dernier apparaît scellé.

 

Ne parlons pas des barons déchus, certains courent cacher leur désarroi ou peut-être leur honte, on peut rêver ! au fond de la province où, ayant perdu tout crédit, ils tentent de survivre par ces accommodements rémunérateurs que la République, bonne fille, prodigue volontiers à ceux qui l’ont servie même mal !

Et d’autres ont providentiellement quitté la politique sans laisser de regrets superflus

.

Exit donc dans la poussière de l’effondrement général en Occident ( les Sociaux démocrates ont disparu en Italie, on été réduit à la portion congrue en Grèce, ils sont affaiblis en Espagne et en Allemagne, ils survivent péniblement en Wallonie et encore plus difficilement en Flandre … ) la social-démocratie française dont le réformisme bon teint ( qui prend parfois le doux nom de pragmatisme pour dissimuler le sentiment de trahison permanente ) n’intéresse plus personne et en premier lieu cette oligarchie pour qui ils ont œuvrés et qui n’a eu qu’à se féliciter de leurs reniements continuels mais qui s’est débarrassée de leur présence devenue inutile sinon encombrante.
La bourgeoisie d’affaires a profité de la démobilisation des travailleurs pour imposer son improbable victoire totale en profitant des institutions monarchiques de la 5e république.

On se trouve face à une atonie généralisée de la population favorisée par les trahisons des représentants socialistes dont les différents clans se disputaient les faveurs de l’électorat avec une petite musique aussitôt oubliée dès qu’ils avaient obtenu leur petite victoire et qui s’empressaient de contredire par leurs actes toutes leurs belles professions de foi.

 

Même ceux qui tentent de garder bien haut levée la bannière de l’espérance ne peuvent parfois cacher le désagrément que leur cause leur voix s’époumonant dans un désert d’indifférence.

Ils ont parfois de passagers mais compréhensifs moments de blues ( qui ne sont en fait que le constat d’une réalité amère ).

 

Le plus surprenant dans toute cette histoire, et ce sur quoi la vraie Gauche va devoir réfléchir, c’est comment le parti Socialiste a pu jouer si longtemps son rôle de béquille de l’aristocratie financière sans être démasqué sinon dans des cénacles que leur radicalisme discréditait et coupait des masses.

Comment son électoral naturel a-t-il pu être dindonné si longtemps ou ce qui revient au même a-t-il accepté de l’être ?

 

Ce n’est pas tout d’avoir raison et de porter un projet, mais quand c’est à peu près contre tout le monde, il y a comme un petit problème de communication.

Les avant-gardes éclairées ne servent à rien si elles sont coupées du gros des troupes.

 

Inouï aussi que ceux qui en ont eu marre de cette hypocrisie instituée en mode de gouvernement se soient précipités en masse vers un Napoléon au petit pied qui, pour être élu, ne se donnait même pas la peine de cacher ses intentions de démantibuler le contrat social issu des accords de la Libération.

 

Ceci posé, il faut reconnaître que Macron tient ses promesses et que ceux qui s’imaginaient pouvoir influencer et tempérer ses ardeurs destructrices se sont magistralement trompés et ont, à l’instar de la CFDT, abusé ceux qui imaginaient que, par le dialogue, il était possible d’obtenir autre chose que des succès d’estime.

 

Les débris du PS veulent aux dernières nouvelles se doter d’un programme social-écologique, c’est fou comme l’écologie est tendance surtout chez ceux qui ont contribué à lacérer ses fondements à grands coups de canif .

Mais ni Benoît Hamon qui a porté une partie de ces objectifs avec l’insuccès que l’on sait ni Valls qui en a été à l’opposé et n’a pas hésité à trahir sa parole d’honneur ne seront de la partie.

Au demeurant, l’inconséquence est devenue la matrice de toute politique dite écologique : presque tout le monde est d’accord sur les objectifs mais tout le monde ou presque est aussi d’accord pour leur réserver au premier grain de sable des funérailles de grande classe.

Nicolas Hulot est ainsi chargé de l’organisation du service funèbre, tâche dont il s’acquitte non sans remords mais en faisant taire toutes ses restrictions mentales renvoyées aux calendes grecques.

Le réalisme à la sauce capitaliste fait rarement bon ménage avec l’écologie.

 

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