Quelle paix ?

par Jean-Luc Picard-Bachelerie
jeudi 1er septembre 2022

Ukraine : chacun désire la paix, l’exprimant trop souvent en prenant parti pour l'un ou l'autre camp, Russie, États-Unis, OTAN, UE, Poutine, Biden. Or il est évident que tous, quels qu'ils soient, ont joué avec le feu sans se soucier des populations. À essayer chacun de choisir notre camp, n'oublions-nous pas les autres, surtout notre camp commun, celui des peuples ? Mais, vouloir la paix en prenant parti pour un impérialisme, est-ce vraiment la meilleure manière de la faire advenir ? Ou alors quelle paix ? 

Ceux qui créent la guerre disent qu’ils la font pour défendre ou obtenir la paix. Le combat ne se place donc pas là.

Car, il y a un combat à gagner : celui des peuples contre les nuisibles que sont les impérialistes et les gouvernants de toutes sortes, défenseurs du pré carré des riches qui mènent le monde à sa ruine. 

Quelle paix ?

Celle qui permettra à l’impérialisme américain de faire un nouveau plan Marshall en Ukraine ? Celle d’un Poutine qui court après son imaginaire de grande Russie ? Celle de l’UE qui intègre encore d’autres pays pour les soumettre au néolibéralisme et maintenir les autres dans les politiques d’austérité subies par les humbles ? Celle qui laisse les peuples livrés à tous les cataclysmes qui s’enchaînent et se multiplient maintenant que les écosystèmes sont à bout ?

Être pour l’un ou l’autre camp, c’est être pour un camp qui envoie régulièrement son peuple à l’abattoir pour de « généreuses » raisons : la liberté, la paix, la démocratie…

Mais quand Poutine dans sa folie des grandeurs ou les États-Unis dans leur quête nauséabonde et trop « intéressée » de la démocratie auront envie de larguer des bombes sur nous, ils le feront sans faillir.

La seule guerre légitime, c’est celle pour se défendre. C’est celle dans laquelle nous devons entrer. Une guerre pour arracher la démocratie réelle et la mise en place d’un nouveau système économique qui garantissent la sécurité des peuples et de la nature.

Nous défendre pour avoir la paix. Pas une paix provisoire mais une paix durable qui repose sur sa capacité de résilience. Et la seule manière qu’elle soit résiliente, c’est qu’elle repose sur notre capacité personnelle et collective à être solidaires les uns des autres. Or, la solidarité ne peut exister que parce que le lien social est fort.

Mais, nous misons sur la technologie. Et la technologie nous individualise, nous éloigne les uns des autres. Il n’y a qu’à voir les répondeurs à choix multiples… Des exemples, il y en a que trop… C’est le plan néolibéral qui veut cela, qui cherche à nous séparer les uns des autres, pire, à nous mettre en compétition les uns avec les autres, c’est-à-dire prendre l’autre pour un concurrent, un adversaire.

Or, établir un lien social fort, c’est quoi ? Le lien le plus évident et par lequel chacun apprend à se sociabiliser, c’est la famille. Mais il y a d'autres formes de liens. Cela peut être un lien qui s’établit sur la similarité : croyances, valeurs et normes unanimement partagées et contraignantes pour les membres du groupe. Cela peut être aussi un lien entre personnes complémentaires de même classe sociale au sein du milieu professionnel notamment. La qualité du lien social se reconnaît lorsque la conscience collective l'emporte sur la conscience individuelle. Or, que voit-on se développer depuis que le néolibéralisme s’est imposé (années 50) sinon une perte du lien social accentuée avec la tactchérisation du monde et la montée de la puissance technologique :

Or, la démocratie, c’est le débat permanent. Mais le débat ne se développe et s’enrichit que dans un lien social fort, celui-ci s’appuyant sur notre capacité à débattre, à rechercher l’intérêt général non perverti par les luttes pour le pouvoir dans lesquelles nous attirent les partis. Au niveau national, aujourd’hui, le débat est désormais confisqué par nos représentants non mandatés, les cabinets conseils et leurs experts.

Retrouver et développer un lien social fort pour retrouver une sociabilité de proximité, c’est :

Si nous voulons réagir devant les cataclysmes qui commencent à se multiplier sans répit, revitalisons le lien social en réhumanisant les espaces colonisés par la technologie, exigeons une autre économie que celle de la « croissance » qui fait décroître notre monde et développons la démocratie réelle. Mais est-ce le chemin que nous prenons ?

Nous sommes en bout de système. Rien ne fonctionne plus normalement et cela va aller en s'accélérant. Les problèmes écologiques contrecarrent tout ce qui a été établi. Nous sommes dans une période prérévolutionnaire ou pré cataclysmique. Soit nos gouvernants et hyper riches baissent les armes, soit ce sont les peuples qui les prendront.

Faire la paix actuellement, c’est laisser les nuisibles, c’est-à-dire les impérialistes et les néolibéraux, en faire à leur guise sur le dos des pauvres et les laisser à leur pauvreté dans un désert inhabitable. 

 

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