Quelques questions posées dans le livre d’Eric Zemmour

par Dan
jeudi 18 décembre 2014

Pourquoi une telle déferlente des médias sur les questions posées par Eric Zemmour concernant la problématique de la mixité identitaire et/ou culturelle des français des quartiers populaires avec la religion musulmane en France ? (cette dernière ayant aussi à voir dans sa cohabitation avec la diaspora pratiquante juive). Ces phénomènes n'existent-ils pas ?

Ce phénomène d'inquiétude des populations exposées au "vivre ensemble" est-il propre à la France ? Non pas. En Angleterre David Cameron "enveloppe" le sujet sous couvert du poids de l'immigration globale, en Europe, laquelle reposerait sur l'attrait de l'ouverture des prestations sociales immédiates aux primo-arrivants et menace de quitter l'U.E. si celle ci ne change pas la politique des flux migratoires. En Suisse c'est une votation populaire référendaire qui a demandé la cessation du canal de l'immigration. En Autriche, en Hollande les élections amènent aux franges du pouvoir des partis réputés nationalistes. L'Allemagne, eh oui le "bon élève de la classe" selon tous les "grands économistes" qui défendent l'U.E. enregistre contre toutes attentes (car il est LE modèle économique) des manifestations venues de nulle part (carrémment des défilés allant jusqu'à quinze mille personnes !) contre la mixité musulmane Turque, facilitée et développée par l'Europe de Bruxelles ; sachant que des nostalgiques néo-nazis s'y sont engouffrés et que cela fait froid dans le dos. Alors cherchons les causes.

On le voit, ceci n'est pas un phénomène français loin de là. En France, pays d'immigration et de tolérance, on enregistre néanmoins le FN aux alentours de 25 % lors des dernières élections européennes. Et nous savons que les électeurs du FN sont la partie émergée de l'iceberg.. sur le rejet de l'immigration. Si l'on ne se voile pas la face, on admettra que les électeurs de l'UMP -plus feutrés pourtant que les électeurs FN- expriment aussi un ras le bol sur l'immigration, qui peut être estimé aux deux tiers de son électorat ; ce qui sur 30 % de français revenant à l'UMP ferait 20 % de français en désaccord avec l'immigration subie (qui n'est pas l'immigration choisie). On est déjà à 45% de français environ sur les votes essentiellement classés à "droite" par facilité d'expression, sachant qu'à présent la l'étude de l'électorat est plus complexe et que les sociologues, géographes, politologues, etc.. parlent plutôt de "classes populaires" et des "élites bourgeoises" avec une "classe moyenne" toujours à cheval. Donc un trinôme sociologique de fait. S'agissant des autres partis (UDI, PS, FDG, DLR) ceux-ci renferment à coup sûr une proportion d'électeurs défavorables à l'immigration d'aujourd'hui. Aurement dit on dépasse facilement les 50% de français éparpillés qui sont hostiles au phénomène migratoire organisé par les classes dirigeantes.

Ceci confirmerait, à minima, un sondage qui recueillait 76% d'opinions selon lequel la religion musulmane posait problème d'assimilation et de compatibilité avec le modèle Républicain qui défend la laïcité émanant des Lumières, de Voltaire, de Rousseau. Cette laïcité qui avait volé en éclat lors des élections des printemps arabes donc mise à mal dans les pays musulmans ré-islamisés. Tendance finalement neutralisée dans les régimes durs encadrés par l'armée comme en Egypte, en Algérie, en Turquie, en Syrie, garants des courants religieux minoritaires. 

 Sommes-nous en France avec des manifestations identitaires dans nos rues, qui seraient des manifestations équivalentes à l'Allemagne ? loin de là. Mais si cela arrivait il faudrait trouver des boucs émissaires, des agitateurs d'idées, etc.. On voit venir que cela reviendrait à viser l'essayiste, pour se dédouaner de la responsabilité historique de cette construction , tout un front dit "républicain" montrant du doigt, désignant sur l'air : "c'est la faute à Zemmour". C'est juste un peu plus compliqué car en cassant le thermomètre cela ne ferait pas retomber la fièvre. 

Pour autant il serait inadéquat de refermer le couvercle comme si il n'y avait pas un problème existentiel. Et il ne sert à rien de tirer sur le pianiste qui a une analyse critique de la question. Par ailleurs il n'a jamais parler de "déportation" mot à connotation qui plus est. C'est l'interwiever italien qui reconnait s'être "planté" dans la retranscription. Erreur qui va faire porter un boulet à Zemmour. Pour autant ce dernier confirmera sa prédiction sur les risques communautaristes autour de la question de la mixité avec des zones qui ont changés de peuplement après trente annnées. Changer organiquement et culturellement de population peut amener à une exaspération. Les signes visibles ostentatoires vestimentaires jusqu'à la burqua, le hallal, les démarcations hommes/femmes dans les piscines par des créneaux horaires, la construction inévitable de mosquées, des horaires de prières revendiquées au sein de l'entreprise, l'Histoire de France déconstruite/remodelée face aux élèves rétifs, la concentration des populations en quartiers HLM. C'est une réalité que chacun peut voir. 

Un spécialiste en sciences sociales constate :

"Plutôt que de convoquer la question du racisme, n'est-il pas temps d'accepter que la question du village soit au coeur des préoccupations des catégories populaires ici et ailleurs ? Des montagnes de Kabylie aux grandes villes chinoises, la question universelle du village raconte, à l'heure de la mondialisation, la nécessité pour les plus modestes de préserver un capital SOCIAL et CULTUREL à l'heure où l'Etat ne protège plus. Le processus d'assimilation et d'acculturation a vécu. Nous sommes aujourd'hui au contraire dans l'affirmation des identités, des cultures et/ou des religions. Ce multiculturalisme de fait modifie en profondeur le rapport à l'autre. Car dans une société multiculturelle, l'AUTRE NE DEVIENT PAS SOI. cela ne signifie pas qu'il est un ennemi ou un danger mais que, potentiellement, et sur un territoire donné, on peut devenir MINORITAIRE. L'intensité et la permanence des flux d'entrées sur un territoire créent ainsi un état D'ANXIETE dans les milieux populaires".

Autre question du livre, autour de l'essayiste, à savoir une déferlante médiatique sur la période sombre de l’occupation et du rôle de Vichy sur la question juive. Oh là, que de diabolisation des bien pensants. La France a été vaincue puis occupée. Dans l’échiquier de l'occupation allemande Vichy n'était qu'une antichambre d'enregistrement. Pour autant la France (donc les français) n’était pas une et indivisible dans l’absolu. Rappeler toujours et encore la collaboration et la responsabilité de Vichy, ceci pour assimiler les français à un peuple qui abdiquait -selon l'américain Paxton si j ai bien compris- est une attitude mesquine et retord de la part de ce dernier.

Dans chaque pays occupé en Europe il y a eu des agents qui ont collaborés (de gré ou de force), mais aussi des périodes de retournements, des résistances et...des résistants. Et aussi des soldats tués ou prisonniers de guerre en amont qu’il ne faudrait surtout pas oublier. De Gaulle a eu raison de distinguer Vichy de la nation ; l'Etat en 1940 n’était représentatif que de ses seuls actes à savoir : collaboration sous contrainte militaire d’occupation (avec représailles et peloton d’exécution par les allemands) et cet agissement ne peut-être assimilable à la diversité de la nation française. Dans un tel contexte la banalisation conduit à l'outrance. La simplification intellectuelle à la caricature et à la malhonnêteté.

On pourra toujours ne pas adhérer aux éclairages et développements de Zemmour mais on doit lui reconnaître du courage d'être à contre champ de la doxa officielle. Eric Zemmour a mis le doigt sur un problème (la proportion de juifs déportés selon la nationalité) qui s'est vite retourné contre lui, considérant la diaspora aux commandes culturelles dans les médias. Il n’aurait pas dû réanimer une page sombre de l'Histoire par une telle segmentation analytique sur les acteurs. Le pouvoir médiatique n'aura de cesse de le casser ; les autorités morales...

S'agissant d'un ensemble confessionnel extra territorial lequel, comme toutes les religions (on le voit avec l’islam radical de ressortissants européens) ne se sent pas concerné par les Etats/nations qui abritent des communautés religieuses. L'islam, si il est développé, articulé, au sens littéral véhicule la charia en Code Civil pour aboutissement. Est-on certain que l'essence de ces principes moyen-ageux ne sera pas revendiqué au bout du bout par une nouvelle (récente) population ayant une implantation magistère dans les pays d'accueil ? c'est une question posée explicitement par Zemmour mais aussi par l'inconscient collectif, et là, chasser Zemmour ne va pas éclipser la question posée.

Sur le phénomène des années 30 de l'ascencion des Nazis il aurait été judicieux de chercher les motivations des causeurs de guerre, l'Allemagne en tant qu'entité, qui a une responsabilité créatrice sur le phénomène (nazi). Hitler n'a-t-il pas été porté au pouvoir par des élections populaires ? En outre, il semble que des foules populaires immenses applaudissaient le dictateur lors des discours qui déclinait la mise en marche de l'armée allemande, provoquant misère et désolation pour 60 millions de morts en Europe jusqu'à Moscou. Le tribunal de Nuremberg, en pointant une poignée de bourreaux, des généraux et colonels SS, est vite passé sur la question morale d’une nation pourtant éduquée ayant les plus grands philosophes d'alors.

Pour autant, ne s’agit pas d’assimiler toute un peuple dans son étendue, ce serait injuste et faux. Des communistes et des démocrates allemands ont eux aussi, payés de leur vie, les premiers camps de concentration spécialement crées dans les années 30 pour liquider le PC allemand, le plus puissant d'Europe à l'époque. Y compris, des officiers allemands, donc des soldats sous commandement, ont tentés de renverser Hitler. heureusement, le peuple est hétérogène par définition et par nature.

Mais il n'y pas eu d’analyse sérieuse sur le déterminisme social et/ou culturel de la nation allemande de la part des historiens comme si c’était trop infâme d'évoquer cela. Peut-être, mais décortiquer un phénomène "populaire" avec le recul n'aurait pas été du luxe pour l'explication aux générations. L'une des explications étant les dettes de guerre de 14/18 , l'inflation et le chômage. C'est un peut court quand même.

A la sortie de la guerre c'est l’anticommunisme viscéral des américains qui a pris la scène de l'histoire avec fulgurance, qui n’a pas attendu un an pour désigner les soviétiques comme des bourreaux des Polonais, des pays de l'Est, etc.. En mettant en équation les idéologies par la formule des équivalences des « totalitarismes » chère à Annah Harendt. Comme si l’adversaire principal restait bien (après cette "parenthèse fasciste") les soviétiques et le péril rouge dans une propagande névrotique qui n’est toujours pas éteinte, loin s’en faut.
 Les détracteurs suffisants de Zemmour devraient pourtant s’y intéresser.
 Là il y a du boulot. On n'entend jamais rien sur Arte sur cet aspect presque psychanalytique des causes/effets.

Les américains ont-ils sciemment laissé les rouges soviétiques se faire dévorer par les allemands (pour qu'ils se détruisent entre eux ?...) 

L’histoire allemande de 1933 à 1945 (douze ans c’est beaucoup) étant simplement ramenée à une "minorité agissante" s’étant emparé de l’Etat et de l’armée. Le phénomène nazi exaltant des généraux, des colonels, des lieutenants allemands sous la commandanture, les SS n'étant formés que d’envahisseurs "interplanétaires", des trolls, venant dont on ne sais où. Une parenthèse accidentelle en quelque sorte...

Pour en revenir au livre d'Eric Zemmour on voit qu'il s'attaque aux mythes de l'histoire officielle de la bien pensance. Et, en réalité, c'est sur cet ensemble qu'il déroute et qu'il gêne le bilan français. Faire un flash back de la mise à mort des trentes glorieuses, de la singularité de l'action gouvernementale indépendante de De Gaulle, décrypter les motivations des nouveaux philosophes de 68, analyser le patriotisme décalé de Georges Marchais, revisiter les causes de l'effondrement industriel par les choix patronaux de la mondialisation qui aboutit à tuer la croissance et subir le chômage endémique, les choix "sociétaux" de la religion "du progrès" pour ne plus traiter du "social" et faire de la fumée, traiter sans concession des dégâts sociologiques d'une émigration continue décuplée par le regroupement familial de Giscard au seul bénéfice des entreprises par l'essor des marchés de l'urbanisme, du BTP (Mr Bouygues) de l'automobile, de la restauration, en faisant pression à la baisse sur les salaires et acquis sociaux. L'adéquation au libéralisme capitaliste de "l'armée de réserve" déjà décrite par Marx.

Et puis un décryptage aux petits oignons sans complexe du livre de BHL " L'idéologie française". Tout y est sur la pensée de l'ex, ancien nouveau philosophe. Il analyse sa parano, l'anticommunisme, qui claque sans cesse, digne du Mac Carthysme américain non révisé de 1953. Une névrose qui poussera BHL à prendre parti pour les Afghans talibans contre les soviétiques en 1981. On voit le résultat du rêve démocratique des USA. en Afghansistan. Mais il prend parti aussi, pour les Bosniaques et Kosovars musulmans -pourtant extrémistes, formant des djihadistes à venir- contre Belgrade la chrétienne orthodoxe bombardée par l'OTAN car... russophile ; soutenir les actes de guerre civile et le terrorisme islamiste -pourtant ennemi décrété fascisme vert par BHL him self s'agissant du Hamas de la Palestine- mais plus du tout "terrosiste" (l'appellation fourre tout) lorqu'il s'agit des tchétchènes.. car c'était Moscou et Poutine qu'il fallait abattre. Même au prix d'une école d'enfants russes ou d'un théâtre à Moscou. On le voit encore "passer l'éponge" sur l'activisme de Pravy sector, Svoboda et autres néo-nazis qui collaborent au pouvoir ukrainien et mettent le feu pour massacrer et tuer -en les enfermant- quarante des manifestants à Odessa. N'est-ce pas là de la barbarie ? Des types qui défilent avec des emblêmes type croix gammée, mais qu'il ne faut pas voir. Une russophobie manichéenne le dévore au point de nier. Sur l'explosion de la Libye de Khadafi le résultat est pathétique, cette "zone" étant devenue incontrolable, et fournisseur d'armes à Daesh et à Aqmi. L'indignation de MM Gluksmann, BHL, Finkelkrault, codifiés intellectuels humanistes est bien singulière.

Zemmour qui a grandi à Montreuil, commune ouvrière, et n'en garde pas aigreur (on le sent toujours respectueux des classes populaires, du mileu ouvrier, des gens "de rien") démonte et dénonce parfaitement les élites capitalistes françaises lesquelles depuis 1975 vont casser le monde ouvrier industriel méthodiquement à petit feu par la mondialisation et l'exploitation des pays émergents asiatiques. Un simple sens de l'observation. Pourtant celui ci se fera immédiatement dézingué par les chroniqueurs des plateaux télés qui le mordillent comme des pigbulls.

C'est par exemple, Jean Michel Apathie l'Inquisiteur du Grand Journal, de Léa Salamé d'ONPC, les yeux elle aussi d'inquisitrice au balcon, carotides gorgées de sang, qui le somme de nous dire : "alors que faire des immigrés, hein ?!!... dites nous Zemmour ! ré-pon-dez à cette question !!.." comme si, en relatant des causes et des faits, il en était responsable ! C'est l'autre compère, qui une semaine après l'émission exercera un satisfecit arguant que grâce aux controverse accusatrices ils (les deux) avaient surement ralenti les ventes du livre...my God ! on a le plaisir qu'on peut. C'est JJ Bourdin de RMC qui le somme de dire pour qui il vote !... incroyable comment on peut se permettre. Ce sont les "grandes gueules les GG" qui tous l'accablent se moquent dans un chorus parfait le rabaissant à franchouillard ou populiste. Venant de RMC, le terme "populiste" ce sont des experts qui parlent... Sur les plateaux "i télé" ou "Canal" on l'invite mais on lui fait "sa fête"à foison. 

Mais il est comme ça Zemmour, il y va, il développe, il veut les faits, par la l'analyse critique, par la documentation, par l'Histoire. Pas de terrain interdit, pas d'impasse. L'essence de la démocratie, du débat, de la liberté d'expression chère à nos républicains.

Dans le livre qui fait polémique des épisodes nombreux sont relatés - certains plus importants que d'autres- et analysés sans langue de bois, ce bouquin apporte une pertinence qui décale du politiquement correct qui nous est régulièrement déversé afin d'auto-exercer notre "surmoi" freudien et nous maintenir ainsi dans une aliénation totalitaire de la pensée.

Alors on s'étonnera que son livre rencontre du succès ?... actuellement dans la presse certains demandent sa tête ! (proposition suggérée par JJ Bourdin ce matin sur RMC).

Chacun se fera son idée à partir de ses propres convictions et ses valeurs personnelles. Mais par ailleurs, si l'on déboute les polémistes, par l'exclusion à exister dans une profession, pour des idées, ce sont là, pour le coup, des heures sombres qui arrivent.


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