Qui est Alexandre Grothendieck ?

par annaba philippe
samedi 11 mai 2019

 

Alexandre Grothendieck (1928-2014), un des plus grands mathématiciens se posa dans les années 70 la question de la légitimité et de la finalité de la science. Ses travaux ont contribué entre autres à la divulgation de ces petits écrans qui captent le regard de tout un chacun aujourd’hui.

Comme Ettore Majorana, disparu mystérieusement à 31 ans, il fut obnubilé par les mathématiques. Qu’ont-ils donc découvert pour y consacrer leur vie ?

« Alexandre Grothendieck fut écarté du Collège de France, quand les plus grands universités américaines acceptaient de se poser la même question […] 

Il craignait que la technique ne finisse par détruire la planète, inaugurant une écologie radicale quand le mot n’existait pas encore […]

Il décrit un monde où les parallèles n’existent pas ; où le plan est une illusion utile aux ingénieurs mais sans réalité quand on se plonge dans un univers, le nôtre, infiniment grand ou infiniment petit ». Philippe Douroux, Le Monde du 8 mai 2019.

« [Les mathématiques sont un pays] aux richesses luxuriantes se modifiant à l’infini partout où il plaît à la main de se poser pour cueillir ou pour fouiller » Alexandre Grothendieck, Récoltes et semailles.

100000 pages, toute la vie du chercheur n’intéressent personne. Notre monde est tellement prétentieux et fier de ses 200 ans de développement des sciences et des techniques qui l’ont façonné, qu’il en vient à mépriser la pensée d’après-demain.

Sans doute, cela vaut-il mieux.

Ce monde individualiste et matérialiste n’est pas prêt à concevoir l’inconcevable. On ne peut le blâmer, mais seulement le considérer avec dédain, à l’instar d’Alexandre G.

Pour les autorités scientifiques, il s’agit de « gribouillis », de « désordre », d’un « hurluberlu ébahi » ; « ça ne vaut rien ».

Quelle manque de curiosité, qui, pourtant devrait être la première qualité d’un scientifique !

Dans ce monde de l’extrême vitesse, on n’a pas le temps de déchiffrer cent milles pages. Et dans cet Etat en faillite, on n’a pas les cinq cent mille euros nécessaires à leur conservation et à leur analyse.

Si ne survit que ce qui est marchandisable, alors, l’homme n’a pas plus d’avenir que ses marchandises.

On se souvient encore de Galilée, malgré la dictature de la pensée de l’époque.

On ne se souviendra pas d’Alexandre G, dans cette démocratie des imbéciles.

Alexandre Grothendieck le savait ; dans son testament il avait demandé qu’on brûle tout, si quelques mois après sa mort, aucune solution n’avait été trouvée pour conserver ses écrits. Heureusement que ses héritiers ne l’ont pas écouté ; mais plus de cinq ans plus tard, ce « qui ne vaut rien », ou ce « qui est l’œuvre d’un génie » est toujours dans des cartons, en attente de déchèterie.

Philippe Annaba


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