Qui va gagner le deuxième tour ?

par olivier cabanel
mardi 24 avril 2007

Pour gagner, le candidat doit insister sur les points qui lui donnent un avantage sur l’autre.

Pour Ségolène Royal, son réel avantage, c’est que dans l’esprit des Français, elle représente le changement, bien plus que l’autre candidat. En effet Nicolas Sarkozy a été membre du gouvernement actuel, et président du parti qui a soutenu le gouvernement : il est la continuité de Chirac. Et en tout cas il représente moins le changement que sa concurrente.

Alors pour gagner, Ségolène Royal doit exploiter cette différence majeure.

Et Nicolas Sarkozy doit faire tout pour que l’on oublie qu’il est la continuation du gouvernement actuel.

A moins que l’un ou l’autre des candidats ne fassent une grosse bavure, à l’instar de Jospin, qui avait repris à son compte le thème de l’insécurité, terrain de prédilection de la droite.

Et puis surtout, pour la première fois dans son histoire, la droite est représentée par un homme, et la gauche par une femme.

Dans l’esprit du Français, la droite est plus sévère et restrictive : elle punit, elle est autoritaire. Elle est l’autorité et elle est masculine.

La gauche est plus perçue pour son côté maternel : douceur, solidarité, générosité et féminine !.

Si un camp tente de changer l’image qu’ont les Français de lui, il prend un risque, car si on peut mentir de temps en temps à une personne, on ne peut pas mentir tout le temps à tout le monde.

Et pourtant, la droite devra tenter de mettre de la « douceur » dans son discours (c’est bien ce que fait Sarkozy actuellement : « je vous aime...etc..) et la gauche de la « dureté ».

Et la limite fragile de cet équilibre donnera la victoire à l’un ou l’autre des deux camps.

Que s’est-il passé au premier tour ?

Si on essaye d’analyser ce qui s’est passé au premier tour, on se rend compte que le jeu s’est mené sur le concept du vote utile.

La droite l’a utilisé en passant comme message quasi subliminal l’idée qu’elle est la seule a pouvoir mettre en pratique les idées de l’extrême droite, puisque son candidat (Le Pen) a été rejetté massivement il y a cinq ans, alors qu’il pouvait l’emporter au deuxieme tour.

Donc une partie de cet électorat s’est porté sur la droite.

Mais ce concept de vote utile a joué aussi sur l’autre camp.

Car Nicolas Hulot, en lançant le concept du « pacte écologique » (que chacun s’est empressé de signer, crédibilisant du coup l’idée que l’écologie n’appartient à aucun parti) a ramené dans le camp socialiste des militants écolos. Le peu de charisme de la candidate des Verts et son image négative (elle a déjà appartenu à un gouvernement, elle a commis de nombreuses erreurs : affaire Erika...) ont fait le reste.

L’acharnement de M.-G. Buffet à vouloir sauver son parti,en tentant de récupérer l’altermondialisme a échoué, et ses voix sont allées à Besancenot, Bové, ou ailleurs...

Et au centre François Bayrou a tiré son épingle du jeu, en cristallisant ce malaise français qui, ne se reconnaissant ni à gauche ni à droite, l’a pris comme candidat.

Il ne donnera aucune consigne et sera l’épée de Damoclès d’un troisième tour, où il pourrait bien acquérir une position stratégique à l’Assemblée nationale, puisque l’un et l’autre des deux candidats restant ont évoqué la possibilité d’une VIe République dans laquelle l’Assemblée nationale aurait un réel pouvoir.

Mais comme disait récemment avec un certain cynisme Nicolas Sarkozy, « les Français savent bien que toutes les promesses que nous allons leur faire ne seront pas tenues. »

Olivier Cabanel 23 avril 07


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