R.I.C, R.I.P... ou les 2 à la fois ?
par olivier cabanel
mercredi 19 décembre 2018
Mais il y a loin de la coupe aux lèvres, car si à droite, comme à gauche, on assure appuyer cette initiative citoyenne, tout ça reste à prouver.
Macron rappelle avoir mis dans son programme pareil dispositif, d’autant que Sarkösi l’avait inscrit dans la loi, en 2008, à l’article 11 de la constitution, ce qu’a confirmé Hollande... sauf que ce RIC est inapplicable pour différentes raisons.
D’une part la barre est placée très haut, et il est raisonnablement quasi impossible de l'activer : au-delà du fait qu’il faille que le 5ème des députés le demande, il doit recueillir l’accord du dixième des électeurs, soit 4,6 millions d’électeurs... et dans un délai qui n’a pas été défini dans la loi.
Ce qui a permis à Jean-Jacques Urvoas, alors président de la commission des lois à l’assemblée, d’assurer que « cela n’arrivera jamais ». lien
Donc R.I.P. (repose en paix) pour le RIC, du moins pour l’instant.
Bayrou y serait favorable, et Macron prétend pourtant que l’idée n’est pas à rejeter à priori, mais la plupart des citoyens savent ce que l’on peut penser de la parole présidentielle, observant la distance qu’il existe entre les paroles et les actes de l’intéressé.
Sauf que, pour l’instant, l’impopularité présidentielle ne lui permet pas d’être un interlocuteur crédible, au moins face au Gilets Jaunes, d’autant que la concertation qu’il prétend vouloir lancer a déjà des allures de capharnaüm : elle doit être portée par « les maires »... alors que ceux-ci ont jusqu’à présent été les boucs émissaires de ce pouvoir présidentiel, lequel est allé jusqu’à leur refuser sa présence, lors de leur congrès national, alors qu’il avait promis d’y assister chaque année.
De plus, cette consultation serait portée par l’ancienne ministre de Sarkösi, Chantal Jouanno, présidente de la CNDP (commission nationale du débat public). Lien
Ceux qui ont pratiqué un jour ou l’autre des réunions de cette commission savent le peu de démocratie directe qu’elle pratique.
Finalement, il est probable que le but présidentiel soit surtout de faire évacuer les péages, et autres ronds-points, chers aux Gilets Jaunes.
C’est d’ailleurs confirmé par les récentes déclarations du ministre de l’intérieur, qui entend lancer « le grand nettoyage ». lien
Il est conforté dans son action par la CFDT, qui n’en sortira pas grandie, puisque ce syndicat, par la voix de son secrétaire général est favorable à l’évacuation des ronds-points. lien
L’occasion de rappeler que c’est grâce aux Gilets Jaunes que les cheminots ont obtenu finalement une prime exceptionnelle. lien
De son côté Alain Juppé, bien mal inspiré, supplie les Gilets jaunes d’accepter la « main tendue » de Macron. Lien
Heureusement, ils sont encore nombreux à ne pas avoir oublié la phrase attribuée à Charles Pasqua, cet étrange ovni politique, venu du pastis pour finir ministre, qui aurait déclaré : « quand il y a un problème, il faut créer une commission ». lien
Finalement, les desiratas des Gilets Jaunes sont prioritairement la démission du président de la république, et la dissolution de l’assemblée générale, d’autant que les promesses présidentielles récentes se révèlent chaque jour un peu plus improbables.
Celles qui devaient s’appliquer le 1 janvier, sont repoussées au début février, et l’administration n’est même pas sûre de les garantir, même si le 1er ministre, pour calmer le jeu a décidé d’élargir la mesure à 5 millions de bénéficiaires.
Pas sûr que ce soit de nature à faire tomber la colère, d’autant que la mesure contribue à augmenter l’écart entre les revenus de ceux qui travaillent et ceux qui ne travaillent pas.
Ainsi un couple, dont un smicard, avec 2 enfants, touchera 200 euros de plus. lien
Finalement, contrairement aux déclarations présidentielles, le SMIC n’augmentera pas, puisque c’est uniquement la prime d’activité qui sera augmentée... bien loin des promesses de l’exécutif qui assurait une hausse du pouvoir d’achat. lien
D’ailleurs, le 18 décembre, le 1er ministre a fait machine arrière toute, décidant l’annulation de l’extension du chèque énergie à 2 millions de foyers supplémentaires, justifiant que ça n’avait plus de raison d’être depuis l’annulation de la hausse des taxes sur le carburant, (lien) mais devant la colère des députés, il a été obligé de reculer. lien
Cacophonie, donc...
Dans cette courte vidéo, un rappel des promesses présidentielles non tenues.
Quant aux forces de police, se plaignant d’être fatiguée, surement à cause des coups donnés, devant la menace d’une sécession, Macron leur a offert une prime exceptionnelle de 300 euros. lien
Mais revenons au RIC.
La France Insoumise a tiré la première, déposant le 17 décembre une loi pour instaurer le RIC, sans trop d’espoir, puisqu’il est probable que la REM ne validera pas cette proposition, argumentant probablement attendre les conclusions de la concertation, concertation dont on ne sait de quoi elle accouchera...ou si elle accouchera de quelque chose.
Quoi qu’il en soit, les insoumis veulent permettre, grâce à ce RIC 4 possibilités : législatives, afin de faire adopter une nouvelle loi, abrogatoires, afin de supprimer une loi, révocatoires, pour mettre fin au mandat d’un élu, y compris celui du président, et constituantes, afin de mettre en place une Assemblée Constituante, laquelle serait chargée d’élaborer éventuellement une nouvelle constitution. lien
Pour ne pas être en reste, le PS vient à son tour de proposer la restauration de l’ISF, proposition faite par Valéry Rabault, et Patrick Kanner, respectivement présidente et président des députés et sénateurs socialistes. lien
Il apparait clairement la volonté de nombreux partis de récupérer ce mouvement...
Wauquiez est déjà hors-jeu, pour avoir affirmé n’avoir jamais porté de gilet jaune, alors que tout le monde l’avait vu en enfiler un, aux côtés des manifestants.
Marine le Pen se frotte déjà les mains, convaincue de pouvoir tirer les marrons du feu, espérant que les Gilets Jaunes n’auront pas remarqué qu’elle était contre une augmentation du smic, et qu’elle avait voté les ¾ des lois macronistes. lien
François Ruffin tire la sonnette d’alarme : « ne vous endormez pas ! » lien
Comme on le voit, la situation est loin de s’apaiser, d’autant que les Gilets Jaunes restent déterminés, quoi qu’en prétendent certains médias, d’autant moins crédibles que France 3 a eu l’audace de retoucher des images, faisant disparaitre, grâce à « photoshop », le mot « dégage » d’une pancarte sur laquelle apparaissait « Macron dégage ». lien
La chaine TV a avancé pour l’instant qu’il s’agissait d’une « erreur humaine ». lien
On verra...
Une vidéo d’une vingtaine de minutes réalisée par les Gilets Jaunes fait intelligemment le point sur leurs doléances.
Elle fait surtout le point sur leur analyse, et le pourquoi de leur mobilisation.
On est bien loin de l’image « populiste » que certains médias ont voulu mettre au crédit de ce mouvement pour le moins original.
Laissons la conclusion à un internaute taquin qui a remarqué une anagramme originale : celle de « Gilets Jaunes » étant « Juste Génial ».
C’est bien le mot génial auquel fait penser le prochain projet de ce mouvement, associant, le 6 janvier prochain, la journée des rois, et celle d’un peuple en révolte.
Il ne s’agit pas moins que de « battre de bonnes monnaies franches sans dettes ».
Cela consiste en une opération qui mérite le détour.
Après avoir fixé un rendez-vous, si possible vers midi, au lieu local habituel de réunion des gilets jaunes (ronds-points, etc...) et signé le formulaire papier nécessaire à la mise en place du RIC, vient une procédure : chaque ligne du document ou apparaissent les noms des signataires sera numérotée, puis ce numéro sera écrit avec un feutre indélébile sur un bouchon plastique de bouteille... le tout posé dans une grande nappe, de préférence ronde, laquelle sera secouée, afin de faire apparaitre un nom, celui qui sera le représentant « seigneur des anneaux », tiré donc au sort, pour une année maximum.
Ce représentant aura mission de tenir un procès-verbal écrit du tirage au sort, sur lequel apparaitront les coordonnées personnelles de (ou des) élus.
Première nouveauté donc, l’élu n’est que le représentant d’un groupe, et non un individu qui n’en fait qu’à sa tête une fois élu.
Comme dit mon vieil ami africain : « je préfère l’homme avisé qui me pique à l’ignorant qui m’amuse ».
L’image illustrant l’article vient de « DegageMacron »
Merci aux internautes pour leur aide précieuse
Olivier Cabanel
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