Radars, loto, P.V., tabac, alcool, carburants...

par TDK1
dimanche 19 août 2012

Que serait le budget de l'Etat sans ces recettes "immorales" ?

Et plus exactement, arrêtons nous un instant sur cette "dépendance" de l'Etat à ces activités qu'il est censé freiner et que par une perverse inversion des valeurs il a intérêt à voir croître. Deux chiffres nous ont interpellés ces derniers jours.

Tout d'abord, ce sont "Les Echos" qui nous apprennent que l'Agence nationale du traitement automatisé des infractions (Antai) estime que les radars ont déjà rapporté "324 millions d'euros entre le 1er janvier et le 30 juin 2012, et en tenant compte de la corrélation du trafic selon les saisons, l'année 2012 pourrait rapporter entre 675 et 700 millions d'euros", un record. Des rentrées supplémentaires qui feront du bien au budget de l'Etat, certes mais qui conduisent inévitablement à des perversions. La première, nous la connaissons, c'est la multiplication des radars (il y en aura 2200 à la fin de l'année, soit une progression de 22% en trois ans). Cette multiplication des radars a deux aspects totalement pervertis.

Jusqu'où va ce raisonnement ? Clairement, outre que l'Etat se voit objectivement avoir intérêt à ce que ses citoyens contreviennent aux limitations de vitesse, ce que nous pouvons sentir dans le discours triomphant de l' Antai lorsque celle ci annonce un certain "relâchement des automobilistes" ayant entraîné "une légère augmentation de la vitesse moyenne", nous sommes bien obligés de nous poser la question de savoir si l'Etat, franchissant un pas supplémentaire dans l'ignominie, ne serait pas amené à prendre des mesures "incitatives". Et bien, et bien... figurez vous que les sanctions moins lourdes en cas de petits dépassements... en a multiplié le nombre et donc les recettes ! Un enseignement que l'Etat serait avisé à analyser et éventuellement extrapoler au domaine fiscal... Hein ? Et si "moins d'impôts générait plus d'impôt" ? En tous cas, clairement, il convient de se poser la question de la motivation qui a pu conduire l'Etat baisser les amendes sur les petits dépassements. Réelle prise en compte des difficultés des Français ou calcul machiavélique et mercantile ?

L'autre chiffre qui nous a interpellé, c'est 16 Millions. 16 Millions d'Euros, le Français qui a le plus gagné au tirage de l'Euromillion de vendredi dernier s'appelle... "Etat" ! En fait, l'Etat prélève 39.5% de toutes les mises. Cela représente environ 3.5Md€/an (probablement près de 4Mds€ cette année...) ! C'est le seul à être sûr de gagner à tous les coups. Nous ne nous étendrons pas sur le fait que ces gains passent à la trappe du budget de l'Etat et que les députés (notre "représentation nationale") n'ont pas voix au chapitre de l'utilisation de ces fonds. Nous vous reportons à ce sujet à l'excellent livre (bien que datant de quelques années) de Sébastien Turay sur le sujet. Poursuivons en disant que la Française des Jeux verse, en plus des 39.5% sur les mises, un impôt sur les sociétés de 45M€/an. Ce n'est pas fini, actionnaire à hauteur de 72% de la société, l'Etat, en bon capitaliste investisseur perçoit des dividendes variant de 56M€ à 72M€, selon les années. Cerise sur le gâteau, lorsqu'il y a un "grand" gagnant, ce dernier aura le privilège de payer l'ISF l'année suivante. Bref, comme vous le voyez, l'Etat, même "normal" et "vertueux" continuera encore longtemps, en tant qu'actionnaire archi majoritaire de la Française des Jeux, à vous inciter à plus croire au hasard et à la chance pour gagner votre vie plutôt qu'au travail et à l'énergie.

Nous pourrions aussi tenir cette démonstration en matière d'alcool (de 35 à 50% du prix de vente), de tabac, de PV (comme lorsque nous avions relevé que la Ville de Paris, déçue du civisme de ses usagers avait constaté des recettes de PV inférieures à ses prévisions et avait pris des "mesures" pour redresser la barre...) de carburants, comme nous l'évoquions il y a quelques jours. L'Etat français est addicte à nos addictions. Il en arrive donc à mener des politiques contraires aux intérêts de la population dans l'unique nécessité de collecter des revenus. Dans une telle logique, l'Etat est il encore l'instrument de la collectivité au service de celle-ci ou est il devenu un "corps étranger", une sorte de parasite dont l'intérêt serait le vice de son corps nourricier ?

En tous cas, nous aurons retenu deux choses : Nos élus savent que la répression peut être efficace et nos élus savent qu'en baissant les taux, on peut augmenter les recettes en valeur absolue. Il ne leur faut plus que généraliser ces principes..... Cela s'appelle "sublimer" ses perversions. Ou rêver...., ça dépend ;-) .

Un article paru sur MaVieMonArgent


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