Rajoy demande pardon au peuple espagnol...

par ALEA JACTA EST
jeudi 30 octobre 2014

Bonjour les amis,

Je renonce à vous donner des nouvelles détaillées des démêlées politico-judiciaires de l'Espagne tant l'actualité est dense.

Il se produit comme une accélération d'affaires en tous genres.La semaine dernière nous avons assisté à une inculpation par jour (sauf le vendredi qui est apparemment un jour "saint" pour les juges), avec entre autres, Ángel Acebes ex-ministre d' Aznar accusé d' avoir utilisé de l' argent de la comptabilité B de son parti pour financer un journal hyperréac acquis à leur cause.

Ce lundi a eu lieu l'opération-surprise de nom de code "PUNICA" au cours de laquelle ont été détenus 51 personnes (dont l' ex-numéro 2 du PP de Madrid Francisco Granados) : une opération menée par la cellule anti-corruption.

Voici un résumé de l'agence Reuters :

MADRID (Reuters) - Cinquante et une personnes ont été arrêtées en Espagne dans le cadre d'une enquête sur l'attribution de marchés immobiliers par des collectivités locales, a annoncé lundi le parquet anti-corruption.

L'enquête, surnommée "opération Punica", vise principalement des mairies situées dans les régions de Madrid, Murcie, Leon et Valence.

"La collusion entre élus locaux et fonctionnaires, constructeurs et compagnies d'énergie, ainsi que la corruption d'intermédiaires et d'entreprises clés, a permis la signature de contrats d'une valeur de quelque 250 millions d'euros au cours des deux dernières années", déclare le procureur dans un communiqué.

Francisco Granados, ancien vice-président conservateur de la région de Madrid, fait partie des suspects arrêtés, a-t-on appris de source judiciaire. Il a renoncé à ses fonctions en février après des révélations sur l'existence d'un compte en Suisse.

La collaboration des autorités suisses a par ailleurs permis aux enquêteurs de l'opération Punica de procéder à des perquisitions dans 259 propriétés et 400 banques, entreprises et compagnies d'assurances, de geler des actifs et de saisir 30 véhicules.

 

L'effet dans l'opinion est si désastreux qu' Esperanza Aguirre, ex-présidente de la communauté de Madrid dont les principaux collaborateurs tombent un par un comme des mouches dans le lait, a demandé pardon à ses administrés lors d' une conférence de presse. Elle dit ressentir de la colère et de la honte mais n' assume rien personnellement.

Dans la foulée c'est Mariano Rajoy qui a fait une déclaration au Sénat pour demander pardon au peuple espagnol.

On est donc entré dans la phase 2 pré-électorale : les responsables du parti populaire qui pensaient pouvoir nier en bloc toute responsabilité de leur formation politique dans toute la série de scandales qui secouent la péninsule se rendent compte que les élections à venir s'annoncent catastrophiques et décident de lâcher un peu de mou vis-à-vis de l'opinion, car une attitude contraire serait tout simplement suicidaire.

Les responsables présentent leur méa culpa, demandent pardon mais surtout déclarent la main sur le coeur qu' ils ne savaient absolument rien de toutes ces activités délictueuses

Une fois présentées ces excuses, les responsables embrayent sur le fait qu'ils vont proposer une nouvelle loi de transparence pour que tous ces forfaits ne se reproduident plus à l' avenir.

Seulement voilà, ceux qui ont participé au saccage de l'économie ne peuvent être ceux qui vont proposer de nouvelles lois pour moraliser la vie politique. Les autres partis doivent être associés à ce besoin impérieux de la société espagnole.Les propositions doivent partir d' en bas, être longuement débattues à travers tous les partis avant d' être présentées dans un nouveau projet de loi au parlement.

Enfin cette loi doit absolument rechercher le consensus de l'ensemble de tous les partis et de la société civile, ce qui n'est pas le cas actuellement.

En attendant que penser de cette demande de " pardon"... ?

Après deux ans d' affaires en tous genres (trame Gurtel, Barcenas, Bankia, etc...) durant lesquelles Rajoy a défendu son parti en prétendant que les très nombreuses malversations n'étaient imputables qu'à des "méchants corrompus" qui avaient profité de son parti pour s'enrichir, cette déclaration revêt un caractère pathétique pour ne pas dire obscène.

Il faut savoir que même dans son parti une très large majorité de ses militants pense qu'il était forcément au courant. Ce que révèle les enquêtes et les instructions judiciaires ce ne sont pas des personnes isolées mais des systèmes, des structures et des réseaux bien organisés pour collecter l'argent avec une pièce maîtresse en la personne du trésorier de plus de 20 ans du PP, Luis Barcenas, qui est actuellement en prison.

Il faut donc choisir : ou Rajoy le savait, ou alors il était d' une rare incompétence. Il ne faut pas oublier que dans l'affaire de papiers de Barcenas, le nom de Rajoy apparait comme bénéficiaire d' enveloppes et que celui-ci a essayé de se disculper en produisant sa feuille d'impôts (comme si l'argent au black pouvait y figurer dans une case du genre "argent occulte"...).

 Pour des millions de citoyens,cette demande de pardon n'est pas recevable ni de nature à calmer les esprits : tous les membres du PP demandent pardon mais personne ne démissione... un peu trop facile comme sortie !

Je terminerai en rappellant que la corruption ne frappe pas que le PP mais tous les partis qui ont accédé au pouvoir (socialistes avec le scandales des ERE en Andalousie, CIU représentant la bourgeoisie catalane entre autres avec le scandale de la famille Pujol) mais une chose est sûre, c'est bien à partir des besoins de la finance et du grand capital que les politiciens ont été corrompus et ces forces puissantes ont acheté d' abord et avant tout leurs alliés naturels qui sont à droite.

 

PS : je vous mets en lien un extrait d'émission de télé qui vaut son pesant de cacahuètes. Un chef d' oeuvre d' hypocrisie ! Ça se passe à l'époque de l'arrestation de Barcenas quand Granados jouait les chevaliers blancs du PP, courait les plateaux de télé en disant que lui et la majorité des hauts responsables n' avaient jamais rien touché de leur vie et qu' il fallait en finir avec les voyous et la corruption.Il disait qu' il fallait s' attaquer à la corruption et séparer le bon grain de l'ivraie. Le juge l'a entendu :

lundi dernier c'est lui qui a été détenu...


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