Rama Yade la danseuse de tango

par Imhotep
lundi 7 avril 2008

On se souvient de la gloire mal acquise par notre ministre des Droits bafoués, Mme Rama Yade. Elle a eu droit à des ovations des journaux tels qu’entre autres L’Express et Le Point. On disait d’elle qu’elle était celle qui savait dire NON. On attend une nouvelle une, avec ce titre : « Celle qui se renie ».

En effet, et c’est la raison de la photo de cette humeur, les bons journalistes propagandistes semblaient avoir oublié que Mme Yade était allée avec Nicolas Sarkozy en Libye le 27 juillet 2007 et que, là-bas, tout sourire - la preuve par la photo - elle avait serré la louche du guide des tentes et de la révolution. A cette époque, il ne devait pas s’essuyer ses godillots terroristes sur les paillassons démocratiques. (« Le colonel Kadhafi doit comprendre que notre pays n’est pas un paillasson, sur lequel un dirigeant, terroriste ou non, peut venir s’essuyer les pieds du sang de ses forfaits. La France ne doit pas recevoir ce baiser de la mort. ») Elle réserve son ire à un journal (Parisien/Aujourd’hui en France 10 décembre 2007) et en obtient les lauriers des autres médias trop heureux d’une aubaine qui fait vendre, avec binette en première page et gloire éternelle (sondage en faveur de la rebelle digne d’une élection au Soviet Suprême). La semaine qui suit pas un mot, pas de nouvelle une pour que l’Histoire retienne tout de sa nouvelle héroïne, c’est-à-dire qu’elle s’est reniée, non trois fois comme l’autre Simon, mais deux dans la même semaine que ces éditions dithyrambiques des hebdos à brosses à reluire. Une fois en sourdine, et une autre fois radicalement le 13 décembre défendant la visite du bédouin devant les sénateurs. Tout le gouvernement derrière et un seul devant, le chef ! Voilà que les écrits ne semblent pas être le fort de cette gentille dame. Serait-ce parce que : bis repetita placent ? En tout cas, elle aurait confié au Monde que Sarkozy n’irait à la cérémonie d’ouverture que sous trois conditions, ajoutant au passage qu’il serait alors président de l’Europe. Passons allègrement sur cette propagande, comme si cette présidence n’était pas tournante, comme si c’était grâce à sa stature que Minimo en devenait le président, comme si cette présidence n’était pas aussi peu efficiente en matière d’action, en tout cas pas autrement que dans les rapports entre autres chefs d’Etat, le rôle se résumant à être un bon animateur de réunion, passons sur le fait que c’est assez orgueilleux et maladroit de se prévaloir de cette future fonction comme d’une arme à usage de "moussage" interne.

Voilà ce que dit notre porte-parole contre les injustices dans Le Monde :

Et par rapport au Tibet ?

Nous demandons que la Chine entreprenne un dialogue réellement constructif avec le Dalaï-Lama. Ces discussions doivent porter sur la reconnaissance de l’autonomie tibétaine et de l’identité spirituelle, religieuse et culturelle des Tibétains. A ce jour, la Chine a mené une politique d’assimilation en colonisant les zones tibétaines, ce qui a marginalisé sa population. On assiste aussi à une folklorisation de la culture tibétaine et l’enseignement du tibétain est battu en brèche. Enfin, rien que pour 2007, on compte 132 moines arrêtés pour des motifs politiques.

Cela peut-il conduire le président Nicolas Sarkozy à boycotter la cérémonie d’ouverture des JO ?

Il prendra sa décision au regard de l’évolution des événements actuels et s’exprimera après avoir consulté nos partenaires européens, car il parlera alors en tant que président en exercice de l’Union européenne. Néanmoins, trois conditions sont indispensables pour qu’il s’y rende : la fin des violences contre la population et la libération des prisonniers politiques, la lumière sur les événements tibétains et l’ouverture du dialogue avec le Dalaï-Lama.

Mais alors que l’Elysée se tait en demandant aux journalistes un peu curieux de se référer aux positions du 25 mars à Tarbes de notre guide à nous, c’est-à-dire que toutes les options étaient ouvertes, autant dire : suivant le vent, voilà que Rama Yade dément. On a dû lui souffler dans les bronches. Ce sera la seconde fois, et comme la première, elle recule, mais cette fois bien plus vite. La dernière il avait fallu attendre que les gros titres des hebdos aient fait leur effet. Voilà une partie de son démenti : La secrétaire d’Etat aux Droits de l’homme, Rama Yade, a démenti, samedi 5 avril, avoir parlé de "conditions" à la présence du président Nicolas Sarkozy à la cérémonie d’ouverture des jeux Olympiques de Pékin dans un entretien publié samedi par Le Monde. Le Monde assure de son côté "avoir fidèlement retranscrit les propos de Rama Yade". "Je tiens à indiquer que lors de l’entretien que j’ai donné à un journaliste du Monde pour son édition du 6 avril 2008, le terme de ’conditions’ n’a pas été employé", déclare Mme Yade dans un communiqué. "Comme depuis le début de la crise au Tibet, j’ai veillé à exprimer la position de la France en termes précis. Le président de la République a déclaré que toutes les options sont ouvertes, qu’il se prononcera le moment venu, en fonction de l’évolution de la situation au Tibet quant à sa participation à la cérémonie d’ouverture des jeux Olympiques", poursuit le texte.

Europe 1 indiquant de son côté que "les trois points cités dans le journal sont des souhaits formulés par son cabinet qui ne s’appliquent pas au chef de l’Etat".

Le Figosky confirme par la voix de celui que l’on entend que si peu, sauf pour déclarer la guerre à l’Iran, le porteur de bonnes paroles et de riz, le médecin ingérentiste et mai-soixante-huitard Bernard Kouchner, qui : a mis les choses au point. La France ne pose « pas de conditions » à la Chine pour que le président Nicolas Sarkozy participe à la cérémonie d’ouverture des JO de Pékin, a ainsi déclaré samedi soir à France 2 le ministre des Affaires étrangères. «  En fonction de l’évolution, le président décidera. L’évolution (de la situation au Tibet) doit être suivie, mais toutes les possibilités sont ouvertes », a-t-il encore précisé.

Toujours la fameuse ouverture (toutes les possibilités sont ouvertes), cette fois-ci en politique internationale et humanitaire...

Cette histoire est d’évidence une cacophonie de catégorie un. Cependant, on passe aussi à côté d’un petit détail. Je m’en suis rendu compte par hasard. Etant un bon petit Franchouillard, avec mes côtés bien franco-français, moi qui n’ai pas l’ampleur interstellaire de notre guide, j’avais oublié de me préoccuper de l’étranger. Et ce qui est parfaitement logique, c’est que l’article premier du Monde, comme le nom de ce journal l’indique, a fait quelques tours sur la piste internationale. L’annonce avait quelque importance. L’effet collatéral immédiat, c’est que cette petite affaire de désordre brownien hexagonal a un impact assez désastreux à l’étranger. Le premier volet de l’affaire a fait de nous un pays qui enfin tranchait avec les chattemines de notre chanoine, le second a été pis encore que la prudence précédente, selon l’effet déceptif encore plus important que l’on croyait qu’enfin quelque chose se passait. Il en ressort : brouillard, revirement, lâcheté et décrédibilisation massive. Quelques exemples ici (Nacion), là (La Reppublica) et là (El Pais).

A vous de vous faire une opinion tant sur Rama Yade, que sur ses déclarations, ses pas de tango, un en avant et deux en arrière, et la position de l’Elysée. Ou alors concernant le sérieux du Monde...


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