Raphael Enthoven et l’islam / Misère de la désinformation positive

par hamid zanaz
mardi 19 décembre 2017

Hamid Zanaz, journaliste/Essayiste/traducteur, auteur entre autres : "Réponse décisive aux intégristes" (En arabe, Beyrouth dar al saqi 2009) et "D’où vient la violence islamique" ( En français, Edition de Paris/Max chaleil 2017 )

Dans son intervention quotidienne sur Europe 1 "Le fin mot de l'info", le philosophe Raphael Enthoven expliquait à ses auditeurs le 21 novembre dernier et avec un ton professoral hautain que le mot « islam » ne veut absolument pas dire soumission. "Longtemps avant que Houellebecq en fasse un roman, dit-il, la première chose qu’on sait de l’islam, le seul truc que croient savoir les gens qui n’y connaissent absolument rien, c’est que islam, dit-on, signifie soumission." Et l’enfant terrible de la philosophie française passe son chemin. Il a juste ouvert une parenthèse savante comme il a l’habitude de faire, mais sans oublier de jeter quelques piques aux méchants islamophobes. J’aurais aimé que l’animateur philosophe explique davantage aux ignorants que nous sommes ses propos, nous éclairer encore plus par sa profonde science islamique ! Le mot ‘islam’ est d’origine aramo-syriaque, le prophète et les musulmans ont gardé son sens initial. Dans les écoles coraniques, dans les écoles primaires, dans les lycées, dans nos familles, dans les facultés, on nous a toujours appris qu’être musulman, c’est se soumettre à Allah et à sa volonté. Et c’est ainsi dans les quatre principaux courants du sunnisme et même chez les chiites. Il suffit juste de connaitre un peu la langue arabe pour s’en rendre compte. Les dictionnaires arabes sont catégoriques : « islam » signifie : soumission totale aux ordres et interdits divins. En d’autres termes, un musulman, c’est celui qui accepte d’être esclave d’Allah, qui applique tout ce qu’Allah lui ordonne de faire, de sa naissance à sa mort. D’ailleurs, quel est le sens des prénoms comme Abdellah, Abderahim, Abdelakader ? "Abd", c’est esclave, en arabe, Le prophète disait que les meilleurs prénoms, ce sont ceux qui commencent par Abd, esclave d’Allah, bien sûr. Ni le Coran, ni la Sunna, ni les musulmans, ni leurs intégristes ne laissent une autre interprétation sémantique au mot islam, tous appellent les musulmans ibad allah ; les esclaves d’Allah, ceux qui se soumettent à dieu. Un élève de sixième dans n’importe quel pays arabe pourrait expliquer au philosophe Raphael Enthoven la signification du mot islam. Il pourrait lui dire que « islam » est un nom verbal venant du verbe aslama, c'est-à-dire "s’est soumis ou s’est résigné". Notre philosophe parisien est-il plus informé que tout ce beau monde ou est-il plus royaliste que le roi ? Ne lit-on pas dans le Coran lui-même, Al-Baquara, la vache 2.133 : « Et c’est ce que Abraham recommanda à ses fils, de même que Jacob : “ô mes fils, certes Allah vous a choisi la religion : ne mourrez point, donc, autrement qu’en Soumis” ! Soumettre est le propre de tout pouvoir pré-moderne, il a besoin de la force religieuse pour soumettre les hommes et légitimer sa domination. L’islam est une main mise de la charia sur toute la société et sur les comportements privés. En niant cette évidence, ce système médiatique français persiste à pratiquer avec talent son sport préféré : nier l’évidence. Quant à son utilisation du vocable " islamophobie", je m’interroge si le Spinoza de la radio connaissait vraiment l’histoire de ce mot et ses pièges. Est-il au courant qu’il est une création d’intégristes dans le but de salir tous ceux qui osent critiquer leur religion, leur idéologie ou dévoiler leur travail clandestin pour accélérer l’islamisation des quartiers à majorité nord-africaines ? Ce mot a été fabriqué dans une stratégie victimaire, une riposte à "l’antisémitisme". Si peur il y a, c’est une peur raisonnable, pas pathologique comme prétendent tous ceux qui ne cessent de nous faire peur par ces monstres d’islamophobes, comme si c’étaient eux qui avaient pris les armes et commis des actes terroristes. Par ces phrases malheureuses, "le fin mot de l’info", l’émission de Raphael Enthoven a perdu toute finesse et s’est noyée dans les eaux troubles de la désinformation positive. Dois-je rappeler au philosophe Enthoven que la perversion de la cité, selon son ancêtre Platon, commence par la fraude des mots !


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