Ratonnade à Marseille ?

par eric
samedi 29 septembre 2012

Ou, les ravages de la langue de bois. Un entrefilet en apparence anodin. Des roms sont chassés d’un terrain privé par des riverains. Ceux-ci brûlent ce que les « évacués » n’ont pu emporter ». Ils avaient prévenu les autorités et notamment l’élue socialiste locale. La police ne se livre à aucune interpellation parce que « il n’y a pas eu de violence.. » Le responsable associatif local s’indigne et craint le pire. Il est obligé de constater que « certains acteurs publics ont envoyé ces derniers mois des messages confortant ce genre de pratiques »http://www.libemarseille.fr/henry/2012/09/des-roms-chass%C3%A9s-%C3%A0-marseille-par-des-riverains.html.

Il n’y a rien qui vous étonne, qui vous "interpelle au niveau du vécu" dans ces quelques lignes ?

La citée des Créneaux, lieu de l’événement, est un ensemble de 4 tours en voie de démolition dans les quartiers nord de Marseille.Trois familles « résistent encore »

Depuis le début ce dossier a fait l’objet de la sollicitude des tous ce que l’on peut trouver d’écoloalterbiointermittants.

http://www.quartiersdevie.org/spip.php?article245

Visiblement, on trouve encore de l’argent pour la culture, faute d’en trouver pour les gens. http://www.dailymotion.com/video/xklkny_demolition-du-batiment-b-les-creneaux-vendredi-12-aout-2011_news À noter, la forte mobilisation autour des chauves souries… Que l’on retrouvera en cherchant d’autres liens. On pense aux personnes quand même. http://www.youtube.com/watch?v=buauFViiSgc Les habitants restant sont en effet hostiles à passer d’un loyer de 120 euro par mois pour un T5 à 60 euros pour 20% de surface en moins.

Le premier élément fort est qu’il n’y a pas de « riverains » : Il reste trois familles. Les organisateurs ont donc été chercher du monde un peu plus loin. Peut-être d’anciens habitants solidaires ?

En gros, on peut imaginer la scène, pour rester soft, des personnes d’origine migrante sont venus éloigner des tziganes. En français local, on dirait sans doute, des arabes ratonnent des roms. Et ce n’est pas nouveau. http://www.google.fr/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=4&cad=rja&ved=0CDUQFjAD&url=http%3A%2F%2Fwww.fnasat.asso.fr%2Frevue%2520de%2520presse%2Farchivesrp%2FArchives%2520revue%2520de%2520presse%25202010.pdf&ei=y4FlUI_JBcy3hAeg64HgDA&usg=AFQjCNHan1VEwyX2-PKuRzZfD8yyfJOcdw&sig2=MyBiuiU99pBZCCvTsMCAyw

Voir aussi http://picturetank.com/___/series/18da147956d8c11350b4e7d688aa001c/fr/o/LAMY_FAUX_BOURGS.html, En particulier la photo « départ de la « manifestation anti rom » en 2010, et celle sur la maman enfin logée après pas mal d’expulsions.

Deuxième élément fort : cela fait trois ans que le chantier devrait être terminé, mais à coup de Tour en allumette, de défense des chauves souris, rien ne se passe à grands frais.

Dès lors tout paraît plus clair. Les autorités ont laissé s’installer illégalement des roms sans réagir malgré les plaintes des « riverains » dans une zone de non droit. Ceux-ci, exaspérés et habitué à dialoguer avec les dites autorités préviennent de leur intention de se faire justice eux-mêmes toutes les autorités compétentes. Soucieuse de « calmer les esprits », celles-ci se gardent bien d’intervenir

On a de la chance, officiellement, il n’y a pas eu de violence ou de blessés.

Ceci permet aux autorités de n’interpeller personne.

Les subventionnaires associatifs accusent bien sur l’UMP. Ils auraient pu, ils auraient du, rajouter que Sarkozy est petit, faisant ainsi le tour de la pertinence de leurs analyses. Sans doute un oubli

On ne fait pas respecter la loi en laissant des gens s’installer n’importe ou. On ne fait toujours pas respecter la loi en en laissant d’autre les virer manu militari se faisant justice eux-mêmes.

Seul sud ouest évoque un peu la franchise de la représentante de Rencontre Tzigane Caroline Godart, commentant doctement l’événement à chaud sans en être avertie : « on attise la guerre entre les pauvres ». http://www.sudouest.fr/2012/09/28/roms-chasses-par-des-riverains-a-marseille-l-affaire-renvoie-aux-ratonnades-834502-3.php

Bref : les médias adoptent un profil relativement bas sur cette histoire. On est loin de l’indignation qui est la règle quand un beauf présumé Fn manifeste son impatience.

 

Conclusion : les zones de non-droit, c’est surtout grave pour les pauvres, ici, les riverains et les roms.

À force de ne vouloir « stigmatiser personne », on finit peut-être par paralyser les forces de l’ordre. Plus généralement, faute de nommer les problèmes on s’interdit de leur rechercher des solutions.

Les « nouveaux pauvres » , en l’occurrence les tziganes, ne seront pas plus que les « anciens pauvres » logés dans les centres ville cossus. Ceux qui appellent à leur trouver des logements appellent donc à additionner la misère à la misère. Mais ce n'est pas tout.

Les citées accueillent habituellement les derniers arrivants qui les quittent le plus vite possible comme l’a montré Guilly. Il arrive qu’il y ait ponctuellement des tensions intercommunautaires. On se souvient des « asiatiques » manifestant contre une délinquance « africaine ». http://observers.france24.com/fr/content/20110620-chine-manifestation-violences-belleville-chinois-commerces-racket-securite-vingtieme. En français, on dirait des Chinois se font braquer par des Arabes. Mais là, on avait affaire à des affaires criminelles. Les spécialistes insistent sur le fait que les rackets touchaient en réalité tout le monde. Ici, on a bien des réactions communautaires puisque les roms ont été virés avant même qu’on puisse établir une criminalité. ( ?)

Compte tenu de tout cela, l’idée que notre priorité devrait être de trouver des solutions définitives permettant un établissement stable de nouveaux arrivant très communautaires tziganes dans nos cités à problème semble s’inscrire dans le très court terme.

Grâce à ma méconnaissance à peu près parfaite de ces questions, je suis bien placé pour affirmer que les solutions, si elles existent ne sont sans doute pas simples. Du coup, il apparaît quand même que ceux qui ont une approche larmoyante du type il faut des « postes des crédits des moyens des logements » pour nous permettre d’accueillir dignement tous ces malheureux, en sont sensiblement au même point que moi. À se demander si l’aspect postes et crédit ne l’emporte pas sur la question de l’accueil digne. Moi, je serai Rom, je n’accepterai pas sans une certaine appréhension une offre de HLM dans les quartiers nord de Marseille. ( on aurait retrouvé un cadavre brûlé dans une des tours désaffectée.)

Il est quand même frappant : que les premières réactions à tout cela soient celles des associatifs. Ils courent plus vite derrière les micros ou les journalistes ont pris l’habitude de ne s’adresser qu’à eux ? Qu'elles soient politiques. "C'est la faute de l'UMP".

Il devient de plus en plus urgent d’appeler les choses par leur nom. D’exiger des journalistes qu’ils fassent leur travail d’information. De retirer la gestion de ces dossiers difficiles à des associatifs militants peu représentatifs, peu qualifiés et en général couteux. D’exiger l’application de la loi républicaine dans tous les cas de figure, et une priorité d’intervention de service et moyens publics au service des quartiers en difficulté.

Plus un sou pour les « Tour en allumettes », ou les « centre de culture tzigane ». Tous l’argent pour que des migrants de différentes origines puissent vivre ensemble sans se taper dessus sous la protection égale de lois réellement mises en oeuvre.

Quant à la question de savoir combien des 8 millions de Roms des pays de l’Est potentiellement intéressés par une immigration en France nous avons le devoir d’accueillir dignement, j’avoue que je n’ai pas non plus de réponse.


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