Réacteur EPR : un référé le 10 octobre à Paris pour empêcher l’Autorité de sûreté nucléaire de valider la cuve

par Stéphane Lhomme
samedi 16 septembre 2017

Ayant saisi la justice dès mai 2016 dans le cadre de l’affaire des pièces défectueuses sorties des usines Areva du Creusot, et désigné l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) parmi les responsables de cet incroyable scandale, l’Observatoire du nucléaire conteste logiquement à l’ASN le droit de valider la cuve du réacteur EPR de Flamanville, car cette cuve fait précisément partie des dites pièces défectueuses.

Contrairement à ce que veulent faire croire les promoteurs du nucléaire, qui tentent de réhabiliter l'ASN pour bénéficier de sa coupable indulgence, ce n'est pas l'ASN qui a saisi la justice : elle n'a fait que rejoindre la plainte de l'Observatoire du nucléaire, six mois après lui, de toute évidence pour essayer de se placer du bon côté de la barre.

Mais la ficelle est grossière et ne saurait exonérer l'ASN de ses fautes majeures. En effet, l'ASN est nécessairement coupable dans cette affaire car elle n'a au "mieux" rien vu, au pire rien dit pendant des années, et elle a aussi commis une lourde faute en décembre 2013 en autorisant EDF à installer la cuve dans le réacteur en construction.

Et, comme nous l'avons dénoncé depuis des années et comme cela a été récemment confirmé de façon incontestable par l'enquête menée pour Radio-France par Sylvain Tronchet, l'ASN savait bien avant 2013 que la cuve de l'EPR était probablement défectueuse.

L'Observatoire du nucléaire a donc déposé devant la justice un référé pour interdire à l'ASN de valider la cuve de l'EPR, au moins le temps que ses responsabilités soient établies et sanctionnées dans l'affaire du Creusot.

L'audience est fixée au mardi 10 octobre à 9h au Tribunal de Grande instance de Paris.

Il est très important de noter qu'il s'agit là probablement de la dernière chance d'éviter une irresponsable mise en service de l'EPR avec sa cuve défectueuse, et la perspective d'une catastrophe touchant l'Europe entière.

Alors que des voix s'élèvent - même venues de chez les industriels - pour s'émouvoir de cette prise de risque insensée, il apparait que seule la justice est aujourd'hui en mesure de reprendre la situation en main.

Il ne s'agit d'ailleurs pas de prendre une position antinucléaire mais "seulement" de contraindre l'industrie de l'atome, et l'organisme censé assurer la sûreté, à respecter… leurs propres préconisations.

Il est d'ailleurs probable que de nombreuses personnes, tant chez EDF et AREVA qu'à l'ASN, placées dans l'impossibilité de s'exprimer sous peine de perdre leurs emplois, espèrent que la justice saura prendre la décision qui s'impose, à savoir invalider l'utilisation de la cuve de l'EPR.

Rendez-vous est donc donné mardi 10 octobre à 9h au Tribunal de Grande instance de Paris. L'ASN, EDF et AREVA, impliqués à des degrés divers, sont tous trois convoqués.
 
 
Référé contre ASN - cuve EPR

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