Recapitalisations : la honte !

par benevole
mercredi 19 octobre 2011

Recapitalisation des banques !

Voilà bien une expression à la mode dans les sphères politiques et économiques depuis que Christine Lagarde a prescrit ce remède à la crise de la dette souveraine traversée par plusieurs pays européens : Grèce, Portugal, Irlande, Espagne et Italie …pour le moment.

C’est aussi une expression commode, dans la mesure où la majorité des citoyens ne la comprennent pas ou n’en mesurent pas les conséquences. Ils ne sont pas les seuls, à en juger par le cafouillage des politiques, lesquels se réfèrent à des économistes qui n’ont jamais eu le courage de leur dire que le modèle économique dans lequel ils évoluent est structurellement voué à une mort certaine.

D’ailleurs, expliquer à la population que pour résoudre le problème de la dette des Etats, ceux-ci doivent injecter du capital dans les banques est assez surréaliste quand on sait que ce sont précisément les recapitalisations des banques par les Etats en 2008 qui ont entraîné l’actuelle crise de solvabilité de ces derniers.

Alors, pour tenter d’intéresser les fans d’une émission de TF1 qui vient de s’achever, tentons, si vous le voulez bien, un petit exercice de vulgarisation pour démêler l’écheveau de cette Secret Story politique et financière qui va changer la vie de chacun d’entre nous.

Un gratte-ciel sur des fondations inclinées

Depuis plus de vingt ans, des économistes indépendants, des mouvements comme ATTAC, des personnalités en vue comme Albert Jacquard, des autodidactes comme André-Jacques Holbecq, les altermondialistes prédisent l’effondrement du système capitaliste parce qu’il porte en lui les germes de son autodestruction.

Il ne fallait pas être extraordinairement intelligent pour le comprendre, ni avoir fait de hautes études, mais seulement s’intéresser à la question. Il devenait alors évident qu’une dette qui ne cesse de monter ne pourra jamais être remboursée par une croissance qui monte et qui descend.

Et s’intéresser à la question n’était pas non plus difficile. Il suffisait de se demander pourquoi les Etats, les entreprises et les travailleurs qui produisent toutes les richesses auxquelles nous avons accès sont tous endettés à l’égard de banques qui n’en produisent aucune.

La réponse tient en deux mots : intérêts bancaires. La création monétaire ne coûte quasi plus rien de nos jours car l’essentiel de la masse monétaire est virtuelle. Deux lignes d’écritures sur support informatique suffisent pour créer n’importe quel montant en échange d’une reconnaissance de dette et d’une garantie. Avant 1973, les banques nationales créaient la monnaie sur demande de l’Etat qui n’avait pas un franc d’intérêt à rembourser.

Mais le 3 janvier 1973, sous la présidence de Pompidou dont Giscard était le ministre des finances, la loi Rothschild interdit à l’Etat français d’emprunter directement à la banque nationale. La France, comme n’importe lequel de ses citoyens, doit donc emprunter aux banques privées et payer des intérêts sur les crédits qu’elle sollicite.

Le graphique ci-dessus illustre très clairement l’énorme cadeau (plus de 1.300 milliards) octroyé par la droite aux financiers et, en contrepoint, l’immense fardeau qu’elle fait reposer sur les épaules des Français. 

Mais la gauche n’est pas en reste : le 7 février 1992, c’est sous Mitterand, Beregovoy étant alors ministre des Finances, que la France a signé le traité de Maastricht, dont l’article 104 confirme au niveau européen la trahison de l’électeur qu’était la loi Rothschild. Mais cette fois, les Français sont allés aux urnes, ont fait confiance aux politiques et aux médias et ont donc légitimé l’extorsion de fonds dont ils sont aujourd’hui victimes. Quant aux Belges, on ne leur a même pas demandé leur avis mais je doute qu’ils eussent été plus intelligents.

Et le 13 décembre 2007, le gouvernement belge se croît à nouveau autorisé à se passer de l’avis des électeurs, qui, de toutes manières, ne pensent pas et ne protestent donc pas, pour signer le traité de Lisbonne dont l’article 123 reprend l’article 104 du traité de Maastricht. Une fois encore, à l’appel de leurs politiques, les Français ont répondu « oui ». Il est vrai que quand la réponse est négative, on fait semblant d’amender le texte pour organiser un nouveau vote jusqu’à obtention d’un « oui ».

C’était avant la crise, on aurait pu croire que cette dernière allait démasquer les ennemis de la population mais, lors des primaires socialistes, le candidat qui avait appelé à voter « non » n’est arrivé que troisième. Et, dès lors, les Français n’auront aucun choix de société si les deux favoris arrivent au second tour....à moins que Sarkozy et Merkel, face à la nécessité, ne se résolvent à rendre aux Etats leur droit de battre monnaie.

 

DEXIA : les mensonges !

2008 : Dexia est en faillite. Les gouvernements belge et français sont déjà très endettés, la Belgique à hauteur de 426 milliards 600 millions de dollars, soit 40.118 $ par habitant, la France à hauteur de 1.811 milliards 681 millions de dollars, soit 29.138 $ par habitant. Les deux gouvernements décident cependant de sauver Dexia en empruntant 3 milliards chacun (avec intérêts) pour les injecter dans la banque et surtout en garantissant à hauteur de 150 milliards les futurs créanciers de la banque pour permettre à celle-ci d’emprunter à un taux normal. Cette garantie est supportée pour 60,5 % par la Belgique et 36,5% par la France, le Luxembourg épongeant le reste.

Tout le monde a encore en mémoire les propos réconfortants du ministre belge des finances, Didier Reynders, selon qui les 3 milliards investis n’allaient rien coûter au contribuable qui, au contraire, quand la confiance serait revenue, deviendrait bénéficiaire grâce à la participation étatique dans cette banque, laquelle, et il le savait, gardait encore en ses coffres 120 milliards d’actifs pourris.

Les écolos avaient bien réclamé la séparation entre la banque de dépôts et la banque d’affaires, et une régulation des activités spéculatives mais rien n’y a fait. Les actionnaires de Dexia ont continué à jouer en bourse avec les 6 millions des contribuables belges et français.

Et le mensonge a continué ! L’important, pour les gouvernants et leurs maîtres financiers, c’est d’entuber l’opinion publique, non de répondre à son attente. En juillet 2011, soit trois mois avant sa faillite, Dexia passait le stress-test avec succès ! La preuve irréfutable de la corruption des testeurs ! Parce qu’avec seulement 2,11% de fonds propres, la banque ne pouvait s’adapter à aucun imprévu.

Et maintenant ? Les 6 milliards injectés en 2008 par les gouvernements belge et français ont disparu mais les dettes nationales sont toujours à rembourser et il faudra, chaque année, y ajouter les intérêts qui s’ajoutent aux intérêts déjà dûs. Et à propos des 150 milliards de garanties, on saura peut-être un jour combien seront à charge du contribuable. De plus, en 2011, l’Etat belge rajoute encore 4 milliards auxquels il faudra encore ajouter des intérêts qui croîtront indéfiniment.

Bien entendu, Dexia n’est pas la seule banque sauvée par les contribuables sur décisions de nos gouvernements en 2008. Ce fut pareil pour un grand nombre de banques dans toute l’Europe et la conséquence a été que l’endettement public n’a cessé de croître dans tous les pays au point que les spéculateurs se sont acharnés sur les plus faibles d’entre eux. La Grèce était en première ligne.

Mais aucun Etat n’est à l’abri, et certainement pas la France et la Belgique, parce que les banques de ces pays sont largement exposées, non seulement à la dette grecque mais aussi aux dettes espagnole et italienne. Là, on dépasse les 500 milliards d’euros.

Le sauvetage de Dexia en 2011 avait pour objectif d’éviter le risque systémique, c'est-à-dire l’écroulement des autres banques par effet dominos. Mais le risque n’a pas disparu pour autant. Ce mardi 18 octobre, 24 banques italiennes ont été dégradées et les appels pour une recapitalisation massive de toutes les banques européennes se font de plus en plus pressants…comme si l’on avait oublié que les sauvetages des banques en 2008 avaient déjà fragilisé les Etats et entraîné l’actuelle crise des dettes publiques !

Il faut faire taire ces financiers par tous les moyens car leur objectif est d’organiser la faillite des Etats pour faire main basse sur leur patrimoine et traire directement tous les citoyens. Regardez ces quelques vidéos pour comprendre la gravité de la situation :

http://www.youtube.com/watch?v=IihddO0Mxus&feature=player_embedded

http://www.youtube.com/watch?v=-PdTu-S4yWY

http://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=rFTbIGahzhU

Il faut absolument réagir maintenant car si ce projet passe, la population européenne vivra une longue descente aux enfers jusqu’à connaître le sort des pays du Tiers Monde 50 ans plus tôt et il y aura nécessairement une révolution mais il ne servira plus à rien de sortir la guillotine pour les politiques et journalistes accusés de complaisance avec les financiers, ils auront perdu tout pouvoir de faire marche arrière et les vrais responsables resteront cachés dans l’anonymat des S.A.

 

D’autres solutions

Dans une récente émission du JT de France 2, Jean-François Copé (quel imbécile, celui-là !) critiquait Arnaud Montebourg parce qu’il avait manifesté l’intention de nationaliser les banques sans frais pour les contribuables français.

« Comment peut-on imaginer de ne pas payer les actionnaires qui en détiennent les parts, c’est de la spoliation ! » s’était écrié Copé.

Le cerveau de Copé a de curieuses absences ! Quand on oblige les contribuables à payer les intérêts des dettes de l’Etat pour plus de 1.300 milliards, ce n’est pas de la spoliation ? Quand on autorise les banques à jouer avec des crédits dérivés, à utiliser des leviers importants pour jouer en bourse avec l’argent de leurs clients et contre leurs clients mais avec l’aide de traders professionnels et de logiciels sophistiqués, quand on applaudit quand elles gagnent et qu’on oblige les citoyens à les renflouer quand elles perdent, ce n’est pas de la spoliation ?

Comment un seul Français peut-il encore voter pour ce triste individu plus soucieux des intérêts des actionnaires que de ceux des citoyens. Et qui, de plus, est ignorant, car il suffit de laisser tomber les actions des banques à zéro pour les nationaliser sans payer un centime aux actionnaires. Et pour faire crouler la valeur des actions, une population bien informée (pour cela, il faudrait évidemment bannir des écrans les Copé et autres politiciens vendus) n’a qu’à retirer ses avoirs en banque.

Mais il existe d’autres solutions : la plus évidente serait de transformer les créances en actions. De cette manière, une banque ne tombe jamais en faillite puisque ses créanciers en deviennent propriétaires. Cette solution demanderait aux pays de l’UE de voter en urgence une loi l’autorisant mais aurait le mérite de préserver l’intérêt de tous les citoyens européens. Serait-ce trop espérer de politiciens qui se prétendent élus d’une démocratie ?

Il existe encore une autre méthode, nommée la méthode Dinkic, du nom d’un jeune (36 ans) gouverneur de la banque centrale serbe. Quand une banque devenait insolvable, au lieu de la sauver comme l’ont fait et envisagent de le faire nos stupides gouvernants, il avertissait les déposants que leurs comptes seraient gérés provisoirement par la banque centrale et qu’ils avaient six mois pour choisir une nouvelle banque dans laquelle leurs avoirs seraient transférés.

Il faudrait pour cela étendre quelque peu les prérogatives de la BCE mais cela pourrait être voté rapidement par les gouvernements européens.

Mais la meilleure solution est encore de mettre fin définitivement aux articles 104 du Traité de Maastricht et 123 du Traité de Lisbonne. Ce qu’ils ont su ficeler au profit des financiers, actionnaires et autres spéculateurs, les politiques doivent pouvoir le dénouer en songeant aux intérêts de leurs concitoyens si toutefois ceux-ci existent à leurs yeux en dehors des jours d’élections.

D’autant plus qu’avec leurs agences de notation, les spéculateurs se sont bien moqués d’eux ! Ou plus exactement de nous puisque nous devrons en payer la note.

Et c’est justement ce qu’il faut refuser aujourd’hui : refuser de payer, refuser l’autorité de l’Etat s’il entend recapitaliser les banques privées, être solidaire des peuples et non des gouvernements, refuser le rôle de moutons de Panurge dans lequel nous entraînent les médias et cesser de croire qu’être raisonnable c’est être au centre. C’est vrai en temps normal mais nous sommes en guerre ouverte avec les puissances d’argent et elles sont sur le point de nous priver de tous nos droits ainsi que le montre la 3e vidéo de cet article.

Les dettes constituées d’intérêts bancaires ne sont pas légitimes car clairement anti-démocratiques. Que les politiques et les financiers se débrouillent entre eux sans imposer aux peuples une injuste austérité et sans provoquer une inflation catastrophique dont la conséquence serait une montée phénoménale de l’extrême pauvreté en Occident.

Les prochaines semaines seront cruciales. Il est grand temps de nous mobiliser.


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