Réflexions pour la création d’un Conseil National de la Transition

par André Martin
jeudi 9 avril 2020

La situation économique, sociale et politique aura très bientôt de grandes similitudes, hormis heureusement pour le nombre de morts et de destructions matérielles, avec celle de 1943 qui avait conduit à la création du Conseil National de la Résistance :

Avec en plus, le risque d’un krach financier qui pourrait venir encore amplifier l’explosion du chômage. Et surtout, l’effondrement déjà engagé de la biodiversité et des conditions climatiques qui vont rendre inhabitables de vastes zones de la planète.

Ne nous privons pas de citer quelques bonnes nouvelles fort probables. Après une catastrophe d’une telle ampleur tout sera à repenser et reconstruire. Le néolibéralisme aura définitivement montré sa totale inadéquation avec les valeurs fondamentales auxquelles aspirent les hommes et femmes de bonne volonté : liberté, égalité, fraternité, solidarité, entraide. La plupart des contre réformes qu’on voulait imposer de force seront enterrées pour longtemps. A commencer par la réforme des retraites, dont on se souviendra surtout du nombre de mensonges proférés par le gouvernement. Les systèmes de protection sociale seront à repenser. Les arguments pour un revenu de base, et même pour le salaire à vie, seront pris au sérieux. Les citoyens seront beaucoup plus nombreux à s’intéresser aux livres et aux conférences des lanceurs d’alerte comme Pablo Servigne, Yves Cochet, Cyril Dion, Aurélien Barrau, Jean-Marc Jancovici, Corinne Morel Darleux et bien d’autres.

Ceux qui alertaient depuis 4 décennies sur les dangers du néolibéralisme, du productivisme, de l’extractivisme, sont à l’évidence mieux armés intellectuellement pour définir les contours et les priorités du « monde d’après », que ceux qui ont exercé le pouvoir en France depuis 2012.

Il y a une grande urgence à créer un Conseil National de la Transition. Pour définir très vite les priorités du monde d’après. Mais aussi pour, en parallèle, s’opposer à celles des mesures de relance qui seraient en totale inadéquation avec les nécessités de la Transition. Car comme nous en alerte Bruno Latour : « Si tout est arrêté, tout peut être remis en cause, infléchi, sélectionné, trié, interrompu pour de bon ou au contraire accéléré. L’inventaire annuel, c’est maintenant qu’il faut le faire. A la demande de bon sens : « Relançons le plus rapidement possible la production », il faut répondre par un cri : « Surtout pas ! ». La dernière des choses à faire serait de reprendre à l’identique tout ce que nous faisions avant. »

Les batailles à mener vont être gigantesques. La plus urgente, après la bataille sanitaire en cours, étant celle pour faire face à l’effondrement déjà engagé de la biodiversité et des conditions climatiques qui vont rendre inhabitables de vastes zones de la planète. Or, pour s’en tenir à la France, quel est aujourd’hui l’état des forces de progrès qui devraient se rassembler pour mener ces batailles idéologiques, sociales, politiques ?

Premier constat en comparant avec la composition du Conseil national de la Résistance en 1943 : nous n’avons aujourd’hui ni De Gaulle, ni Jean Moulin, ni représentants des huit grands mouvements de résistance, avec leur notoriété morale et politique acquise pendant la guerre. Pas non plus de partis et syndicats de progrès ayant « payé le prix du sang ». Pire, tous les partis politiques de progrès sont sous assistance respiratoire (oui bon, même pendant la « guerre » on a besoin de rire ... avant de pleurer après la prochaine intervention solennelle de notre Président).

Un ami bien informé me signale « que commencent à se diffuser des appels lancés par de grands collectifs légitimes et influents ». Ceci m’amène à un deuxième constat qui devrait inciter les associations, syndicats et partis de progrès à réfléchir ensemble pour répondre à une question essentielle. Pourquoi les 3 dernières grandes batailles sociales, pourtant soutenues par une large majorité des Français, ont-elles été perdues ? Celle de 2010 contre la réforme Sarkozy des retraites, celle de 2016 contre la loi Travail et il y a 3 moi seulement, celle contre la réforme Macron des retraites ! Espérons qu’on ne va pas voir fleurir, comme en janvier pour les retraites, 4 appels séparés et 10 pétitions ?

Seul un Appel unique à la création d’un "Conseil National de la Transition" ou "Conseil National de ... », lancé par un grand nombre de personnalités, d’associations, d’ONG, de syndicats et de partis, aura un impact à la hauteur des enjeux et des gigantesques batailles à mener.

Il paraît donc souhaitable que cet Appel unique soit lancé d’ici fin avril, conjointement par :

Conseil National de la Transition - Groupes de définition des priorités

Il est plus que probable que la mise en place d’un nouveau gouvernement, de salut public ou d'union nationale, n'attendra pas la fin de l’année. Pour l’efficacité et la rapidité, il serait préférable que les Groupes de définition des priorités du CNT préfigurent la structuration souhaitable d’un gouvernement à la hauteur des enjeux. D’où les suggestions ci-après, parmi des dizaines d’autres possibles. Pour connaitre le profil et les compétences des personnes et associations citées, voir sur Wikipédia.

 

Présidents : Gaël Giraud, Bruno Latour

Coordination et porte-parolat : Cyril Dion, Clémentine Autain, Nicolas Hulot, Aurore Lalucq

Pôle économie, finances, fiscalité, planification

Pôle protection sociale, santé, retraites, droit du travail

Pôle transition écologique

Pôle démocratie


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