Réflexions sur la Une de Charlie Hebdo

par Elliot
mercredi 6 janvier 2016

Je m'interroge sur la nouvelle Une de Charlie Hebdo, non qu'elle me choque par rapport à mes croyances, ceux qui me font l'honneur de parfois me lire, savent que je professe un athéisme non militant, elle me choque parce qu'elle pose le problème de l'existence de ce Dieu.

En lui donnant corps à cet Incréé, cette lubie des hommes, on manie certes le paradoxe mais on se met aussi dans la logique des croyants même si c'est pour se gausser de l'objet de leur dévotion et, en l'occurrence, il ne s'agit pas de moquerie mais plutôt d'un réquisitoire.

Si l'on est athée on peut se demander où est l'intérêt de représenter ce qui n'existe pas et d'imputer au néant la responsabilité d'actes humains.

Si l'on est croyant on peut être légitimement choqués de voir attribuer à Dieu des dérives terrestres.

A cet égard, il n'y a donc pas que les Musulmans qui peuvent se sentir outragés, tous les adorateurs du Dieu unique ne peuvent qu'être outrés par la définition d'un Dieu assassin.

Un dessin ne permet pas le débat philosophique, ce n'est pas non plus son objet, mais il peut ouvrir l'interrogation ; il permet de poser toutes les contradictions de ce Dieu qui donne des ordres contradictoires, qui recommande à la fois la paix et la guerre, l'amour et la haine, un Dieu appelé à la rescousse par ses fidèles pour cautionner leur férocité, un Dieu qui a ses élus à qui tout est permis y compris les manifestations les plus outrancières d'inhumanité et les autres qu'il rejette au service des premiers, un Dieu qui sait tout, qui voit tout, un Tout Puissant qui laisse se dérouler sur cette terre les pires atrocités en son nom, bref un Dieu qui si Il existe est plutôt malfaisant qu'apaisant.

 

Et sur cette base s'ouvre un véritable débat avec les croyants et entre les croyants eux-mêmes ( les guerres de religion avaient surtout une dimension politique que recouvraient des arguties métaphysiques )

En effet, les croyants auront tôt fait de dédouaner Dieu des errements de la faiblesse sur terre : Il est censé laisser à chacun le soin d'arbitrer entre le Bien et le Mal, mais la victime du Mal, quel est son libre arbitre à elle ? C'est pourtant une question essentielle.

Elle subit et se voit ouvrir les portes du paradis ?

Le petit Aylan rejeté par la mer sur le rivage en tentant de fuir les misères de la guerre, quel fut son choix entre le Bien et le Mal ?

A priori, c'est vrai, chacun a son libre arbitre sur cette terre même si parfois, trop souvent ! soumis à la dictature de la pensée dominante, il ne peut l'afficher ouvertement et doit se libérer par la force de l'esprit mais enfin il peut s'affranchir de toute divinité ou religion.

Il peut aussi choisir la servitude volontaire ( souvent on l'a choisie pour lui à sa naissance ) et de se soumettre à des normes religieuses et, dans cette hypothèse, d'interpréter bien ou mal, positivement ou négativement , les enseignements de tous les prophètes qui se sont succédé dans les périodes obscurantistes du passé.

Rappelons qu'au 14 et 15e siècle, à l'époque de Jeanne d'Arc, la prophétesse qui a réussi à devenir la mascotte du FN, les prophètes mâles et femelles se comptaient par centaines dans toute l'Europe.

Les institutions ont résisté et on a oublié leurs divagations.

 

Aujourd'hui que le savoir a grandement envahi les cœurs, il faut bien noter qu'à défaut de prophètes nouveaux qui nous révéleraient une nouvelle parole divine adaptée au progrès de la science ( c'est antinomique, c'est pourquoi les religions continuent de ressasser inlassablement leurs vieux moulins à prières ), on a des gurus et une floraison de sectes ou l'irrationnel religieux atteint des sommets d'extravagance.

Depuis quelques siècles, les archanges, souffleurs de dogmes, sont muets, consternés sans doute par les progrès scientifiques.


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