Réforme des retraites : entre « verbiage » gouvernemental et situation sociale

par Daniel MARTIN
lundi 16 janvier 2023

Lors de ses vœux pour 2023, Emmanuel Macron a prévenu les français que cette année serait celle de la réforme des retraites. Selon lui, l'enjeu est important tant pour les finances publiques que pour l'avenir du système Français, fondé sur la répartition. Avec 345,1 milliards d'euros, ce chiffre est certes considérable, mais peut-il pour autant justifier la nature de cette réforme en ce moment ?

 

Quelques rappels de chiffres servant d’arguments au Gouvernement pour accélérer sa réforme des retraites

En 2021, le montant des retraites réglé par l’État, donc à charge des contribuables, s’est élevé à 345,1 milliards d’euros, ce qui correspond à 25% des dépenses publique et près de14 % de la richesse nationale produite cette année-là. Il convient aussi de noter que les dépenses liées aux retraites sont en constante augmentation depuis 2002, lorsqu'elles atteignaient déjà 220 milliards d'euros.

Selon le Conseil d'orientation des retraites (COR) qui est une structure publique, composée d'experts et placée sous l'autorité du premier ministre, son rapport produit chaque année sur l'état des retraites en France et ses conclusions font autorité dans les discussions, aussi bien du côté du gouvernement que des syndicats. Or dans son dernier rapport de Septembre 2022 concernant ses ses projections sur le poids des retraites dans les prochaines décennies, il prévoit que les dépenses publiques liées aux retraites seront dans les 50 prochaines années d’un poids très important, quoique variable « selon les hypothèses de croissance »… Quand on sait que nous sommes entrés en période post-croissance, avec remise en cause du tout libéralisme économique et que cela va durer, déficit réel ou exagéré peu importe, déficit du régime général des retraites il y a et il y aura... A lire également : https://www.liberation.fr/checknews/retraites-les-projections-de-deficits-ont-elles-ete-artificiellement-exagerees-20221003_NEJYTEG3PBC6JAPADIOURAAFPE/# : :text=Ainsi%2C%20du%201%2C7%25,sur%20les%20cinq%20ann%C3%A9es%20suivantes

 

La question démographique ne peut être éludée du débat

Dans les débats sur les retraites, il est impossible d'échapper à la question démographique, pour une raison simple : dans le système par répartition qui prévaut en France et qu’il convient de préserver, les pensions versées aux retraités sont payées par les actifs actuellement en emploi, suivant un principe de solidarité intergénérationnelle.

En se conjuguant avec certains aspect de la révolution numérique où la connexion des robots entre eux, internet avec l’informatique quantique qui va se développer et se traduire par des entreprises fonctionnant avec très peu d’intervention humaine. Ainsi, conformément aux statistiques officielles, la croissance démographique aura pour effet que le nombre de retraités augmentera, tandis que le nombre d'actifs, lui, diminuera. A lire : https://www.lafinancepourtous.com/2021/12/07/les-evolutions-demographiques-futures-de-la-france-et-leurs-enjeux-economiques/

Alors qu'on comptait 2,1 actifs cotisants pour 1 retraité en 2002, le ratio est descendu à 1,67 actif cotisant pour 1 retraité en 2021. Selon les projections du COR, le ratio cotisants/retraités s'effondrera même à 1,2 pour 1 en 2070. Concrètement, dans 50 ans, il faudrait compter sur les cotisations sociales de six actifs seulement pour financer cinq pensions de retraite.

Même si actuellement, selon l’Insee, le ratio de demandeurs d’emploi au sens du Bureau international du travail (BIT) s’établissait à 7,3 % de la population active au dernier trimestre 2022, contre 7,9 % en 2002, il convient toutefois de souligner que cette baisse du ratio des demandeurs d’emploi peut être, au gré de certaines situations, variable dans le temps. A cet effet, après avoir connu une baisse sensible entre 2016 où le ratio était de 10 % et au 2eme trimestre 2020 qui était descendu à 7,2 % à cause du Covid-19, au 3eme trimestre de 2020, c’est à dire la même année, il était remonté à 9,1 %.

Pour ne citer que la croissance démographique Française, faut-il rappeler qu’en 2002 la France comptait 61,820 millions d’habitants alors qu’en 2022 il y en avait 67,813 millions, soit une progression de 5,993 millions en vingt ans ( disons 6 millions ) et cela va continuer d’augmenter, tant que cette problématique ne sera pas réellement intégrée dans les les débats, mais aussi lors les conférences nationales et internationales sur le climat. https://www.insee.fr/fr/statistiques/5225246

Quelles que soient les réformes à faire, il sera impossible de réduire de façon très importante le déficit des retraites et encore moins de le supprimer

Il est évident que, quelle que soit la réforme des retraites envisagée, allongement de la durée des cotisations ou report du départ de l’age à la retraite, voire les deux, le système sera durablement déficitaire du fait du déséquilibre entre la croissance démographique non maîtrisée et la baisse du nombre de cotisant(e)s.

Certes, comme l’indique le COR dans ses rapports successifs, l’importance du déficit et sa durée dépendent d'un certain nombre de paramètres, parmi lesquels la productivité et l'intervention financière de l'État. Mais quoi qu'il en soit, le système des retraites se trouvera déficitaire dans les prochaines années, que les règles restent en l'état ou soient modifiées…

La question qui se pose est, bien qu’il faut s’efforcer de ne pas aggraver le déficit des retraites, fallait-il engager maintenant cette réforme ?

Au moment où notre pays, comme d’ailleurs ses voisins, doit faire face à l’inflation (environ 6 % en un an) liée pour le moment à la guerre en Ukraine, dont les risques de guerre nucléaire ne peuvent être exclus, et surtout au changement climatique qui risque de perdurer, faute d’un changement radical de politique économique et de maîtrise de la croissance démographique mondiale… On peut d’ailleurs douter que la prochaine COP28 qui se tiendra du 30 novembre au 12 décembre 2023 à Dubaï sous la présidence du sultan Al Jabert PDG d’une puissante compagnie pétrolière, ce qui choque les militants du climat, mais pas seulement, apporte quelque chose de positif pour notre pauvre climat…

Est-ce le bon moment pour engager une réforme des retraites et ne fallait-il pas plutôt rechercher des solutions internes d’économie de gestion et des sources de financement externes à l’Etat pour alléger le déficit des retraites.

- Par l’usage du numérique qui doit concourir à simplifier les procédures et permettre des économies de gestion, dès lors que c’est le régime général des retraites qui compense le déficit des régimes particuliers, pourquoi ne pas mettre fin à ces régimes particuliers en les intégrant dans le régime général ? Ce qui fut d’ailleurs envisagé un temps.

- pour des recettes nouvelles, il serait indispensable de taxer les super profits des entreprises qui profitent de la guerre de la Russie à l’Ukraine par divers travers de spéculation, ce qui est totalement immoral quand des centaines de milliers de victimes, avec des destructions tombent sous les bombes. Selon les organisations il est estimé que la taxation de ces super profits se situerait entre 4,5 et 10 milliards d’euros.

- En lieu et place de l’actuel impôt sur la fortune immobilière (IFM), il conviendrait de créer une contribution solidarité sur la richesse (CSR) pour les très riches ( au-delà de 7 millions d’euros en y intégrant les biens immobilier, les yachts, jets privés, berlines somptueuses au delà de 50 000 euros...) Ce type de contribution pourrait rapporter un peu plus de 3 milliards d’euros. Cette disposition s’appliquerait à tous les citoyens Français, que les gains de leur richesse se fasse en France ou à l’étranger (Dirigeants d’entreprises du CAC40, divers sportifs, dont des foutballeurs, comédiens, animateurs télé…). Un accord international dans ce sens doit être trouvé lors des réunions du G20…

- Les encouragements à la natalité ne peuvent donc par définition que contribuer à accroître les besoins de consommation et de surconsommation, voire de gaspillages. Il convient également de repenser totalement le système des allocations et prestations familiales, ainsi que la suppression des avantages divers à partir du 3eme enfant.

Les deux mesures suggérées concernant les recettes, ainsi que les économies de gestion par le transfert des régimes particuliers au régime général permettraient de réaliser incontestablement entre 8 et 12 milliards d’euros de recette pour le budget de l’État, dont une partie servirait en le finançant à réduire le déficit du régime général des retraites.

Pour conclure

Outre les trois mesures suggérées (économie de gestion et recettes extérieures au budget de l'Etat), il convient aussi d’évoquer la question démographique ? Simple logique, plus on est nombreux, plus la demande en consommation augmente avec très souvent une surconsommation de produits inutiles gros consommateurs d’énergie pour les produire. Plus on a besoin de produire pour consommer, voire surconsommer et gaspiller, pour satisfaire ces demandes, plus la spéculation boursière est encouragée, avec les prix qui augmentent ce qui va générer une spirale sans fin…

 


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