Réforme des retraites : les Agriculteurs sont-ils vraiment gagnants ?

par Valentin Lagorio
jeudi 26 décembre 2019

Réforme des retraites : les Agriculteurs sont-ils vraiment gagnants ?

Comme chacun sait, je suis personnellement opposé à cette réforme qui consiste purement et simplement à détricoter ce qui reste de notre État-Providence.
Notre système de retraites étant fondé sur la redistribution, donc sur la solidarité, cela ne plaît guère aux élites des salons dorés parisiens qui font de la France une « start-up Nation » où les Français sont considérés comme des employés se retrouvant ainsi maltraités et méprisés.

Mais je ne suis pas ici pour redire mon opposition générale à cette réforme (ceux qui veulent relire ou lire mes positions, je vous donne le lien : https://www.agoravox.fr/…/non-a-la-reforme-des-retraites-21… ), mais plutôt pour prouver que cette réforme ne fait pas des Agriculteurs des « grands gagnants ».

Le mercredi 11 décembre 2019, lors de son discours de présentation de la réforme, le Premier Ministre Édouard Philippe a annoncé, notamment, que les personnes ayant une carrière complète au SMIC toucheront minimum 1000 euros.

Pourquoi se réjouir de cette annonce pour le monde paysan, alors que la majeure partie de nos Agriculteurs ne touche pas le SMIC et en sont même loin ?
Rappelons que cette annonce est la conséquence de la loi de 2003, qui porte la retraite à 85 % du SMIC, mise en œuvre pour les salariés dès 2009, mais toujours repoussé (jusqu’en 2025) pour les Non-Salariés Agricoles.
Notons aussi que l’augmentation des retraites agricoles à hauteur de 85 % du SMIC est une promesse de l’Assemblée Nationale avant le début du mandat du Président de Macron...Et ce dernier de s’engager sur ce sujet…

Cela voudrait dire que les retraités actuels n’auront pas d’augmentation ? Effectivement.
C’est un mépris social, car un agriculteur qui travaille chaque jour, qui cotise toute sa vie, n’a que 75% du SMIC, c’est-à-dire 800euros...Certains ont même 500-600euros de retraite... et les futurs retraités n’auront droit qu’à un minimum retraite…

C’est quand-même honteux pour des personnes qui travaillent, qui consacrent toute leur vie à nourrir la population. La pénibilité n’est même pas prise en compte...pourtant ce dur labeur mériterait une retraite anticipée…
D’autant plus que les cotisations augmenteront pour financer les retraites...mais comment voulez-vous que les Agriculteurs cotisent davantage alors que leurs revenus sont nuls, inexistants ? Et que se passe-t-il pour ceux qui sont en redressement/liquidation judiciaire ? Si ils ne peuvent pas cotiser, auront droit à une retraite ?

Il serait bien temps, aussi, de créer un statut pour le conjoint ou la conjointe en leur admettant la même retraite chacun ? Ils ont le même rôle et les mêmes droits à faire valoir une retraite !

Les Agriculteurs sont toujours les grands oubliés des politiques...la ruralité est constamment laissée pour compte...normal me direz-vous venant d’un groupe de personnes gouvernant la France comme une entreprise et se fichant pas mal de la population.

Notre système de retraites est le meilleur au monde. Bien sûr, il y a des inégalités qui sont à corriger...mais cela laisse-t-il le droit aux élites parisiennes de détricoter notre système et de le réformer complètement en accroissant les inégalités existantes ?

Un vrai régime universel égalitaire serait un système où chaque corporation garde ses avantages, c’est-à-dire garder certains aspects des régimes spéciaux et corriger les aspects négatifs…
Mais la tactique des bureaux parisiens est de nous faire avaler la couleuvre comme quoi il n’y a pas assez d’actifs, donc une baisse de pensions est à l’ordre du jour. Et se cache derrière la récupération des fonds de pensions pour sacrifier toutes les retraites des Français...

Quelles sont donc les solutions pour financer la retraite des agriculteurs...et même de tous les autres retraités français ?

Pour les retraités agricoles, actuels et futurs, l’idée serait de mettre une taxe additionnelle sur les transactions financières.
Appliquer la TVA sociale qui serait compensée par la suppression des cotisations et tournée vers le financement de la protection sociale agricole.

Et plus généralement :

Supprimer certains privilèges abusifs des élites politiques.
Relocaliser les productions et donc les emplois.
Valoriser les filières professionnelles pour inciter l'embauche.
Dans le cadre de la Participation, une partie des bénéfices de l’entreprise peut et doit même servir à augmenter la retraite complémentaire.

Sans changement profond de logiciels politique, social, économique, rien ne sera possible.

Valentin Lagorio, secrétaire-général-adjoint à l'UPF. 


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