Régimes spécifiques, militaires, policiers, marins... Attention à l’arnaque

par Alain Alain
lundi 30 décembre 2019

1- La retraite de base des salariés du privé, situation actuelle. 2- L’arnaque des régimes spécifiques avec le régime par points. 3 - Alors qui seront les cocus ? 4 - Récapitulons. Où est l’entourloupe ?

La retraite de base des salariés du privé, situation actuelle.

 

Le taux des cotisations salarié-employeur suivant divers plafonds fluctue entre 25 et 30 % dont 17,8% maximum pour les retraites, plus, de 7 à 21% pour les complémentaires obligatoires Agirc-Arrco selon deux tranches.

La pension maximale de base versée au titre du régime général s’élève à 50% du plafond de 3 880 euros brut, soit 1 940 euros brut.

Pour les gros salaires au-dessus de de 3 880 euros brut les cotisations ne servent plus au calcul de leur pension* et sont utilisées pour la solidarité :

* contrairement à ce qu’a affirmé madame Sibeth Ndiyae, porte-parole du gouvernement, sur France Inter le 12 décembre 2019.

 

Mais ne croyez pas que c’est ce qui provoque les déficits. Le Conseil d’Orientation des Retraites a démontré que ceux-ci résultaient de la faiblesse des recettes à cause des exonérations, du chômage, des suppressions de postes de fonctionnaires, etc., autant de cotisations qui ne rentrent pas.

Pour une fois on prend un peu aux plus aisés pour aider les moins fortunés et cela n’a ruiné ni les riches ni la France.

Ambroise Croizat qui a instauré la sécurité sociale était un militant communiste français.

 

Les gros salaires cotisent beaucoup plus pour leur complémentaire pour atteindre au final le même taux de remplacement d’environ 75% que les autres salariés du privé ou les fonctionnaires pour une carrière complète.

En calculant le salaire de référence sur les 25 meilleures années on élimine les 18 plus mauvaises années et parfois en début ou fin de carrière des très mauvaises années.

 

 L’arnaque des régimes spécifiques avec le régime par points.

 

Les marins pourront partir à 55 ans, les policiers de terrain ou de bureaux (métier dangereux) à 57 ans, les navigants de l’aviation civile à 60 ans, etc.

En cotisant jusqu’à 55, 57, 60 ans ces salariés acquerront moins de points que s’ils avaient cotisé jusqu’à 62 ans, âge légal de départ à la retraite et plus encore jusqu’à 64 ans âge pivot pour le moment maintenu.

Donc dans le régime par points leur pension sera inférieure même si on leur a promis le taux plein. Le taux plein qui ne veut plus rien dire dans un régime par points.

Ou alors, le gouvernement prévoit de compenser la perte de points non cotisés. Comme pour les enseignants (on parle de 10 milliards nécessaires), les retraites inférieures à 85% du SMIC pour une carrière complète et tous les autres régimes spécifiques, la pénibilité, les carrières hachées, plein d’autres cas particuliers.

Où prendra-t-il l’argent ?

 

Trois possibilités.

 

Sur le total des cotisations de tous les travailleurs français, il prélèvera le montant nécessaire à cette solidarité faisant ainsi baisser la valeur du point de tous qui ne correspondra plus aux cotisations payées. Plus de 1 euro cotisé égale 1 euro reçu, alors ?

Ça c’est de la réforme plus juste ! Les pauvres comme les riches mettront la main au porte-monnaie. Pas de jaloux.

 

Soit il fiscalisera la solidarité en créant de nouveaux impôts ou en augmentant ceux payés par tous, genre CSG et RDS. Tout aussi juste que précédemment.

 

Soit, il compte faire beaucoup d’économies sur les pensions payées grâce au régime par points, le conseil européen les a évaluées à 5 milliards par an, qu’il affecterait à la solidarité. Déjà, il faut 10 milliards pour les enseignants. De plus rien ne garantit que cette manne ne fonde pas comme neige au soleil ou qu’elle puisse être détournée comme le fut la vignette automobile d’autrefois censée subvenir aux besoins des vieux.

 

 Alors qui seront les cocus ?

 

S’ils ne bénéficient pas des compensations nécessaires, les bénéficiaires des régimes spécifiques qui ne sont pas des régimes spéciaux puisque ceux-ci ont été supprimés. Faut suivre !

 

Si on intègre la solidarité dans le calcul de la valeur du point celle-ci baissera pour tous, pauvres, classes moyennes ou mieux loties, et tout le monde y perdra. Plus juste on vous répète.

Tout le monde sera perdant dans le cas où tous ces trous dans cette réforme des retraites seraient comblés, soit sur la valeur du point, soit par l’impôt.

 

Récapitulons. Où est l’entourloupe ?

 

L’âge légal de départ à la retraite peut-être « maintenu » à 60 ans, 57 ans, 55 ans, 42 ans, si, si, pour les danseurs du ballet de l’Opéra, par les rusés ministres négociateurs ouverts, leur main tendue, parce que ce qui compte dans le régime par points c’est le nombre de points acquis. L’âge légal de départ à la retraite n’influence pas le montant de la pension.

Le nombre de points acquis : est-il suffisant pour avoir une pension correcte ? Oui, alors je prends ma retraite. Non, alors je continue à travailler même au-delà de l’âge légal de départ à la retraite généreusement maintenu.

Mais, je continue à travailler, si j’en suis encore capable : les régimes spécifiques sont justement accordés sur la reconnaissance de la difficulté, la dangerosité voire l’impossibilité de continuer dans ces emplois au-delà d’un certain âge. Par exemple le métier de policier dans les bureaux devient trop dangereux à pratiquer à partir de 57 ans, on n’a plus les bons réflexes nécessaires.

 

Plus simplement dit : si vous n’avez pas travaillé assez longtemps pour accumuler un nombre de points suffisants pour obtenir une pension correcte vous ne pourrez pas partir à l’âge légal de départ fixé pour votre régime spécifique !

Après soit disant deux ans de « négociations » qui ont surtout rapporté gros à monsieur Delevoye, Macron fait ouvrir de nouvelles négociations pour la troisième fois. Pour régler les dernières « difficultés » apparues après la présentation du projet par le premier ministre, « ferme mais pas fermé ».

La conclusion de tout ça, c’est que ce gouvernement ne sait pas ce qu’il fait. Il improvise au fur et à mesure qu’il découvre les problèmes, jusqu’à la catastrophe prévisible accompagné par les syndicats dits abusivement réformistes mais pas plus clairvoyants.

Pourquoi abusivement ? Parce qu’ils sont toujours à la remorque de toutes les réformes du pouvoir quel qu’il soit. Eux ils ne réforment rien : alors pourquoi réformistes ?

 

Vous ne croyez pas possible tant d’amateurisme de la part d’un si brillant président « in fine inopérant ».

C’est parce que vous ne savez ni comment ni par qui il a été choisi pour être placé là.

Il a mis un an pour produire un programme électoral, il en fallait un pour être crédible. Celui-ci n’est qu’un compendium d’idées pêchées dans le rapport de la commission Attali, les recommandations du conseil européen et bariolées d’antiques principes de libéralisme économiques à la Bernard Mandeville, XVIIe siècle, premier de cordée, Adam Smith, XVIIIe siècle, ruissellement, Friedrich Hayek, né en 1899, moins d’état. Il avait trouvé original et moderne d’y inscrire ce projet de réforme de retraite à points dont il ne connaissait rien mais revendiqué par la CFDT.

Voilà pourquoi on en est là.

Obstiné, trop infatué de sa personne, malgré le ridicule de cet amateurisme révélé au grand jour, caché derrière le premier ministre, il « veut aller au bout de cette réforme (…) je n’aurai aucune forme de faiblesse ou de complaisance ». (28 octobre 2019, RTL)

Il n’aura « aucune forme de faiblesse ou de complaisance » pour détruire « l'un des meilleurs systèmes de retraite au monde » dixit Cole Stangler correspondant du journal anglais The Guardian, mercredi 4 décembre 2019. Pour appauvrir les futurs retraités.

Oh ! Combien sont stupides les français qui croient ce président, ce gouvernement et ces syndicats collaborateurs, stupides parce que pas informés, stupides parce que pas concernés, stupides parce que ni de droite ni de gauche, stupides parce que pas de politique ou stupides tout court !


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