Réhabiliter l’exercice de la dictée...

par rosemar
samedi 8 juillet 2017

L'orthographe n'est plus à la mode et l'exercice de la dictée s'est éloigné des exigences que l'on attendait autrefois des élèves : des dictées préparées, des dictées à trous leur sont proposées.
 
Pour le brevet des collèges, la dictée est notée sur 5 points alors que l'analyse d'un texte et la rédaction sont évaluées sur 40 points : on perçoit, ainsi, le peu de valeur accordée à l'orthographe.
 
Dès lors, il n'est pas étonnant que des élèves arrivent en seconde, avec de grosses lacunes et comme l'orthographe n'est plus enseignée en lycée, il est difficile pour eux de rattraper leur retard.
 
Il serait temps de réhabiliter, enfin, cet exercice : la dictée, il serait temps de rétablir un véritable apprentissage de la grammaire et de l'orthographe qui vont de pair.
 
Il est essentiel d'apprendre et de maîtriser les conjugaisons, de connaître les modes, les temps, les voix, il est essentiel de comprendre le fonctionnement de sa langue.
 
La dictée est, ainsi, un exercice très formateur : elle permet de découvrir des extraits choisis des grands auteurs, elle est l'occasion de se concentrer sur des textes courts, de relire attentivement ce que l'on a écrit.
 
Et on sait que la concentration a tendance à se perdre dans notre monde où défilent toutes sortes d'images.


L'orthographe est aussi un retour aux sources, à l'étymologie des mots, à leur origine : ainsi, le mot "théâtre" issu du grec vient d'un verbe ancien : "théaomai" qui signifie "regarder, voir".
Le théâtre se définit, ainsi, avant tout, comme un art du spectacle.
Le mot "temps" vient du latin "tempus", et ce n'est pas par hasard s'il s'écrit avec un "s" final...
Le nom "orthographe" a lui-même une origine grecque bien connue.
 
De plus en plus d'étudiants arrivent en faculté et ne maîtrisent ni la grammaire, ni l'orthographe : ils rencontrent, alors, d'énormes difficultés dans leurs études.
 
Bien sûr, il serait, sans doute, utile de simplifier certaines règles d'accord du participe passé jugées trop complexes, mais il faut conserver l'âme de notre langue, ses origines, sa structure.
 
Il est, donc, essentiel de réhabiliter les leçons d'orthographe qui favorisent la mémorisation trop souvent négligée dans notre enseignement.
Il est essentiel de comprendre le fonctionnement de la langue que l'on parle...
 
Non, l'orthographe n'est pas la science des ânes, comme on le dit souvent : elle est nécessaire à une bonne compréhension, elle aiguise la curiosité, elle entraîne la mémoire.
 
Voici à titre d'exemple la dictée proposée cette année pour le Brevet des collèges, un texte de Giono extrait de son oeuvre Les Vraies Richesses... l'occasion de découvrir une belle description nocturne de la ville de Paris :
 
 
"De temps en temps, je m’arrête, je tourne la tête et je regarde vers le bas de la rue où Paris s’entasse : des foyers éclatants et des taches de ténèbres piquetées de points d’or. Des flammes blanches ou rouges flambent d’en bas comme d’une vallée nocturne où s’est arrêtée la caravane des nomades. 
Et le bruit : bruit de fleuve ou de foule. Mais les flammes sont fausses et froides comme celles de l’enfer. En bas, dans un de ces parages sombres est ma rue du Dragon, mon hôtel du Dragon. Quel ordre sournois, le soir déjà lointain de ma première arrivée, m’a fait mystérieusement choisir cette rue, cet hôtel au nom dévorant et enflammé ? 
Il me serait facile, d’ici, d’imaginer le monstre aux écailles de feu."
Jean Giono, Les Vraies Richesses, 1936
 
On le perçoit : ce seul extrait peut donner l'envie de lire l'oeuvre de Giono... 
 
 
 
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