Réflexions lasses et joyeuses

par Françoise BAYLE
lundi 22 novembre 2021

Chic, c’est le chaos !

Je suis lasse ! Depuis des mois je me gave de nouvelles, d’infos en tous genres, je cogite, ça tourne en boucle là-haut, et franchement c’est fatigant !

Oui je raffole des sites « complotistes », oui je suis anti presque tout, oui je sens souvent une sourde colère remuer en moi, et non je ne me ferai pas « injecter ».

Non, définitivement, jamais.

Une fois je suis allée à une manif. La première de mon existence, à 65 ans. C’est dire, je ne suis pas née rebelle. Pour me sentir moins seule, pour avoir le sentiment de faire partie d’une communauté, plus on sera nombreux, et plus on a de chances de faire plier...

Mais qui, au fait ? Qui ai-je en face de moi ? Je ne saurais pas le décrire. Un système, un réseau indescriptible, un entrelacs de liens plus ou moins visibles, et qui, tel un rouleau compresseur déferle sur un pays, les pays, que reste-t-il d’ailleurs de ce qu’on nomme « pays » ? Cette gigantesque toile d’araignée, qui nous nargue, nous poursuit jusque dans nos retranchements et ce que nous avons de plus intime, nous n’y échapperons pas. C’est trop vaste, trop diffus et trop tentaculaire, pour la plupart nous ne sommes pas armés pour affronter une bête aussi sournoise et déterminée.

C’est perdu d’avance.

C’est perdu d’avance, parce que nous sommes (presque) tous complices. Nous luttons, ou croyons lutter contre un système dont nous sommes absolument partie prenante. Et nous ne comprenons pas toujours comment.

Alors ? Il est clair pour moi que choisir un camp ne m’apporte pas grand chose, sinon m’opposer à l’autre. Et en définitive, ça ne change rien à la situation. Certes, se positionner est nécessaire. Mais pourquoi en gueulant, en brandissant des pancartes, ou en insultant ceux qui osent déclarer le contraire de ce que je pense ? Franchement, j’ai pas envie. Je me sens plutôt paisible. Paisible, mais ferme. Ferme, mais paisible. C’est tout.

Alors, j’essaie de prendre de la hauteur. Survoler la mêlée, naviguer dans les sphères où finalement toute cette excitation n’a qu’une importance relative. Là où il n’y a ni pour, ni contre, mais bien au contraire, comme dirait notre regretté Coluche. Je crois que notre santé mentale en dépend, le risque de se laisser engloutir est trop important. Que va-t-il en résulter ? Nul ne le sait, nous sommes si nombreux à avoir des visions différentes. J’ai bien compris qu’il n’y avait pas de messie, aucun sauveur qui viendra d’un coup de baguette magique éclaircir et assainir cette rocambolesque situation. Je ne peux que me centrer sur moi-même et tenter de définir ce que je veux vraiment. Il n’y a pas de miracle, sauf celui de l’introspection. J’y suis, nous y sommes acculés.

Et après ? Show must go on. Le monde continue de tourner, dans un sens ou dans l’autre, avec ou sans moi, avec ou sans nous. La folle machine qui s’est emballée n’épargnera personne, y compris ceux qui se croient aux commandes. Notre « civilisation » s’effondre, elle ne va pas dans le mur, comme beaucoup l’annoncent, elle y est déjà encastrée, elle s’écroule avec.

Un grand silence s’en vient. Tout ceci n’était qu’un mirage, une hallucination collective, un cauchemar. C’était juste un chemin sans issue, et s’ouvre maintenant la voie grandiose de l’accomplissement humain. Un tout début. Un petit matin paisible et sans nuages.

Ouf ! Enfin tranquilles ! Il ne reste plus qu’à reprendre son souffle, et cultiver ses pommes de terre.


Lire l'article complet, et les commentaires