Remettre le système capitaliste ultra-libéral au service de l’ensemble de l’humanité

par heber
vendredi 31 juillet 2020

Le système capitaliste ultra-libéral atteint ses limites. Il devient urgent de rechercher un système mieux adapté aux besoins de notre espèce pour éviter la catastrophe sociale, économique et environnementale qui se profile à l'horizon. Il est hors de question de détruire, de façon irresponsable, le système actuel et de précipiter le monde dans l'anarchie. Ce qu'il faut, c'est conserver les points positifs de ce système mais le remettre au service de l'ensemble de l'humanité, en le dotant d'une orientation sociale et solidaire. Les idées, critiques et suggestions de tous sont bienvenues.

Depuis l'effondrement des doctrines communistes et l'échec des modèles d'économie collectiviste à la fin du siècle dernier, l'économie mondiale est dominée sans partage par le dogme libéral et est intégralement soumise aux règles du modèle et du système capitaliste financier international.

Au coeur de ce système règne l'idée que le marché et le privé sont parfaits tandis que les pouvoirs et l'intervention de l'Etat, inefficaces et coûteux, doivent être restreints au maximum et perturber le moins possible le fonctionnement naturellement harmonieux de l'économie ultra-libérale.

Il est vrai qu'en comparaison avec les systèmes rigides et bureaucratiques mis en place par les régimes marxistes et aux résultats affligeants qu'ils ont générés là où ils ont été appliqués (de l'URSS à Cuba et au Vénézuela ou de la Corée du Nord aux pays de l'Europe de l'Est), le système ultra-libéral et capitaliste financier international a obtenu des résultats incontestables en créant sans cesse de nouvelles richesses et en poussant la croissance à des niveaux inégalés.

Il fallait pourtant être bien naïf et aveugle pour croire que ce système ne connaîtrait aucune limite et, que '''ad vitam aeternam''', il continuerait à produire et diffuser sans fin, croissance, progrès et prospérité pour le plus grand bien de l'ensemble de l'humanité tel un Dieu bienfaisant, soucieux du bien-être de tous.
C'était oublier que tout système, poussé à l'extrême, de façon dogmatique et anarchique, finit par produire des aberrations et à se transformer, victime de ses propres excès, en une mécanique oppressante, dictatoriale qui, peu à peu, se retourne contre ses propres créateurs, les asservit et les réduit à la condition d'esclaves, dépouillés de tout pouvoir et contrôle réel sur le monstre qu'ils ont enfanté.
C'était oublier que ce système, basé sur la loi de la jungle, sur la compétition et la loi du plus fort, produirait les mêmes résultats que la Nature, où les puissants instaurent leur règne sans partage, où les faibles succombent et doivent se soumettre aux dominants, où morale et compassion n'existent pas, où s'adapter pour vivre et survivre, procréer et assurer la supériorité de sa descendance et de ses gènes, constituent les objectifs uniques et ultimes de l'existence.

Ainsi, poussé au maximum de sa puissance et de sa liberté anarchique, le système capitaliste a engendré, au fur et à mesure que ses fidèles adorateurs enlevaient un à un tout frein et toute barrière à son expansion de manière précipitée, un monstre économique dévorant tout sur son passage, sans limites ni retenue.

Et le monde s'est réveillé, en ce début de XXIème siècle, effrayé et angoissé par les dérives et les excès du Dieu qu'il avait aveuglement porté aux nues et adoré.

 Le Marché, dérégulé, sans foi ni loi, dématérialisé et désincarné, autogénéré et autogouverné, incontrôlable et incontrôlé, sans contours ni frontières, ogre multiforme à l'appétit effréné, dévore les hommes, les ressources et les profits, pour croître et croître encore, sans fin, sans morale, sans limites.

Nous pensions exporter, répandre notre richesse et assurer ainsi le développement et la prospérité de l'humanité entière mais nous n'avons fait qu'importer la pauvreté du reste du monde chez nous, que renforcer l'exploitation des faibles, des enfants, des pauvres, des malades par des entités internationales guidées par le seul moteur du profit et la recherche de l'accumulation de capital, de la rentabilité, au service exclusif d'actionnaires avides de dividendes, sans aucun esprit de solidarité ni d'éthique sociale, créatures froides et insaisissables dont le cerveau partagé se cache au coeur de tours d'acier et d'ordinateurs réfrigérés.

Quelques centaines de firmes et quelques milliers de milliardaires dont la patrie s'appelle profit et la religion dividendes, plus puissants que bien des états, décident quotidiennement, d'un trait de plume, du sort de milliers d'êtres, traités comme des pions d'argile sur l'échiquier de stratégies internationales obéissant à la seule logique du pouvoir, de la croissance et de la domination.



Dans ce monde glacé, soumis à la loi de la compétitivité et de la flexibilité, bonheur, morale, entraide, amitié et solidarité entre les hommes n'ont point de place.
Servis par une armée de thuriféraires, de nervis et de courtisans prêts à tout pour goûter à l'ivresse et aux plaisirs du pouvoir, du sexe et de l'argent, isolés dans leurs villas, palais, ilôts et yachts, dispersés aux quatre coins de la planète, évoluant dans un cercle de privilégiés où tout s'achète et se corrompt et où états et dirigeants politiques se plient à leurs quatre volontés et se disputent leur soutien et leur amitié, les grands capitalistes et capitaines d'industries, véritables seigneurs de l'univers gouvernent l'économie et la marche du monde avec cynisme et réalisme, soucieux de perpétuer le pouvoir des leurs, de leurs entreprises, de leur milieu.

Au lieu de favoriser le progrès social, de promouvoir des normes respectueuses des droits des travailleurs, des femmes et des enfants, de mettre fin à l'exploitation de l'homme par l'homme, d'améliorer la rémunération du travail et le bien-être des populations, de partager la culture et la connaissance, et d'une manière générale de tendre vers le progrès et la prospérité, nous n'avons fait ainsi que perpétuer et accroître encore les inégalités, renforcer les riches et affaiblir les pauvres.

Nous avons sacrifié nos idéaux et renoncé à la générosité, à la solidarité et au partage, sur l'autel de la compétitivité et de la consommation.
Ainsi va le monde à l'aube du XXIème siècle, les valeurs fondamentales de l'Homme et de la Société sont désormais subordonnées aux appétits d'une minorité d'êtres et de sociétés anonymes, mus par des aspirations matérielles et prosaïques, le pouvoir, la puissance et l'argent.

Ce système, profondémment injuste, générateur de malheur, d'inégalités et de pauvreté, nivelant vers le bas les revenus et la prospérité de tous afin d'accroître les gains et le pouvoir de quelques-uns, est-il vraiment inéluctable et, sous prétexte qu'il règne sur l'humanité depuis près de deux siècles, sommes-nous condamnés à le subir tel quel pour l'éternité ?


Il me semble qu'il est temps de rendre aux Etats et à la puissance publique, le statut et le rôle qui leur reviennent de garants de l'intérêt commun.
Il est temps de rétablir la hiérarchie normale des pouvoirs et de réinstaurer les valeurs fondamentales de la société solidaire au premier rang des valeurs prioritaires de l'humanité.

 Il est temps de réaffirmer que le marché, l'économie libérale et le profit ne sont que des instruments, des moyens qui doivent rester subordonnés à la prospérité et au bonheur des hommes et non constituer une fin en soi.
Il est temps de soumettre les firmes et le capitalisme international apatrides à une régulation adéquate au niveau de chaque nation, de chaque région, de chaque continent et du monde entier.
Il est temps de replacer le système économique mondial au service de tous et de le soustraire aux diktats d'une caste égoïste et prédatrice.
Il n'est évidemment pas question de se conduire de manière irresponsable en détruisant le système libéral et capitaliste et d'instaurer l'anarchie mais de recadrer ce système, de l'orienter et de le soumettre aux vraies valeurs de l'humanité afin de l'obliger à servir l'Homme au lieu de le dominer.

Pour atteindre ce résultat, je crois qu'il convient d'abord de :

-1) réviser les accords internationaux souscrits dans le cadre de l'Organisation Mondiale du Commerce afin de conditionner la libre circulation des marchandises au respect de standards sociaux minimaux portant sur la durée et les conditions de travail, les congés obligatoires, la couverture des risques d'accident et des problèmes de santé, la couverture en cas de chômage, le niveau relatif des salaires par rapport au pouvoir d''achat, les standards sanitaires et environnementaux etc... Il faut instituer des standards minimaux qui doivent être respectés par tous et dans le monde entier pour permettre les échanges et l'ouverture des marchés et taxer les produits de ceux qui ne veulent ou peuvent pas les observer pour établir des conditions concurrentielles équitables.

-2) négocier la fixation de parités monétaires correctes et de taux d'imposition minimaux avec nos différents partenaires pour éviter le dumping monétaire et fiscal.

-3) adopter des accords interdisant la surenchère aux subventions, exonérations et avantages divers dans le but d'attirer les entreprises et de les pousser à se délocaliser en fonction de ces éléments.

-4) adopter internationalement des normes comptables obligatoires pour les entreprises multinationales et des règles communes applicables à la déclaration et la consolidation des bénéfices.

-5) adopter des standards obligatoires au niveau de la répartition des bénéfices, selon lesquels 50% minimum des bénéfices nets doivent obligatoirement être réinvestis dans l'entreprise dans le pays où ils ont été générés et/ou être distribués sous forme de primes ou d'actions aux employés.

-6) interdire toute distribution de bénéfices et de dividendes pendant 5 exercices successifs à tout groupe qui ferme un site, une usine ou un établissement provoquant une perte d'emplois dans un des états où ils sont installés.

-7) interdire toute transaction boursière ou financière à découvert.

-8) rétablir une séparation stricte entre les banques de dépôts spécialisées dans les crédits aux particuliers et aux petites et moyennes entreprises, et les banques d'affaires spécialisées dans le financement des grandes entreprises et des gros investissements, et dans les transactions boursières et opérations financières sur les différents marchés mondiaux.

-9) installer des autorités internationales chargées de surveiller le respect de l'ensemble de ces dispositions dans les différents secteurs économiques et d'infliger des pénalités et sanctions aux contrevenants et d'évaluer les risques présentés par les différents opérateurs (entreprises, banques, assurances, états, etc...). Il est essentiel d'adopter tout ou partie de ces mesures à l'échelle européenne et, en tout cas, là où c'est possible, au niveau national afin d'entamer l'oeuvre de redressement économique.

 

En tout état de cause, il faut solliciter l'esprit civique de nos concitoyens et leur moralité pour qu'ils sanctionnent par des mouvements de boycott les produits des états, des entreprises, des banques et autres entités qui ne respectent pas les standards minimaux sociaux, qui pratiquent une délocalisation permanente à la recherche de marges et de profits maximaux, ne respectent pas les droits des travailleurs et saccagent l'environnement.

La société doit accompagner ces mouvements civiques, les autoriser et les encourager en mettant à la disposition du grand public et des associations de consommateurs, en toute transparence et à travers la diffusion la plus large, toutes les informations disponibles sur les filières, processus et procédés de fabrication, de commercialisation et d'importation des opérateurs, fabricants et commerçants sur les différents marchés et produits.
Les informations financières et les statistiques sur les bilans, marges, chiffres d'affaires, bénéfices, impôts, dividendes versés, investissements effectués, salaires et rémunérations acquittées, etc ... doivent être librement accessibles à tous dans des formes compatibles avec le respect des données personnelles des personnes privées.

Ces dispositions me paraissent être les plus urgentes pour rétablir l'équilibre, aujourd'hui rompu, entre le l'ultra-libéralisme et l'intérêt supérieur de la Société, en plaçant à nouveau le marché et le capitalisme là où ils doivent normalement se trouver, c'est-à-dire, sous le contrôle des états et au service des citoyens. D'autres mesures devraient suivre et seront exposées ultérieurement.

L'AVIS, LES CRITIQUES, LES IDEES, LES SUGGESTIONS DE TOUS SONT BIENVENUS CAR '' DE LA DISCUSSION ET DU DEBAT JAILLISSENT LA LUMIERE ''.


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