Rémunérations des patrons : acte manqué et escroquerie

par Allain Jules
mardi 31 mars 2009

Comment faire croire au peuple qu’on est préoccupé par son sort ? Le Gouvernement Sarkozy a la solution, en mentant outrageusement et sans vergogne. Dormez, je m’occupe du reste. Pourtant, il est grand temps de se réveiller.

Dans les méandres de l’esbroufe.

Encore une escroquerie. C’est un foutage de gueule réglementaire, ces effets d’annonce de François Fillon, hier. Etrangement, lorsque la patate est chaude, le chef de l’Etat ne fait plus fonctionner son ubiquité. Une tricherie qui dit ne dit pas son nom comme d’habitude. Tout pour les riches, qui deviennent de plus en plus riches, et rien pour les pauvres, qui s’appauvrissent de plus en plus. Tout va de mal en pis. Schopenhauer écrivait l’art d’avoir toujours raison, et le gouvernement Sarkozy écrit, lui, « l’art de se moquer des français », d’abord, et ensuite, reprenant Swift à son compte, réécrit, « l’art du mensonge en politique. »

La mesurette et/ou décret « à minima » qui sera publié ce matin au Journal officiel entrera aussitôt en vigueur, nous annoncent en grande pompe les services de la Primature. Mais, où le bât blesse, c’est que ces soi-disant « règles de bonne conduite » ne s’appliqueront en définitive que jusqu’en fin 2010. Etonnant. Il ne faut donc pas égratigner les amis. C’est ainsi qu’on constate avec amertume que tout le pataquès lié à ces bonus et autres stock-options, ne concerne que…..Huit individus éparpillés dans quelques grandes banques et les constructeurs automobiles aidés par l’Etat ou les entreprises publiques dans lesquelles le Fonds stratégique d’investissement est entré…

En définitive, une société qui fait des profits et qui licencie, n’aura aucune sanction, ce qui devait plutôt rassurer. Hier, sur LCI, Marie George Buffet s’exprimait à ce sujet. Les promesses de François Fillon d’encadrer les éventuelles indemnités de départ n’est qu’un leurre, lorsqu’il déclare que s’il y a des licenciements, les bonus seront interdits et par conséquent, les règles du jeu ne changeront jamais. Personne ne fixera en somme, un barème des salaires.



Confier les clés d’une maternelle à un pédophile.

Et là, pour la suite, concernant le reste des entreprises, le premier-ministre demande que la gestion soit confié au code de bonne conduite mis en place par le Medef et l’Association française des entreprises privées. Juste une recommandation, rien de concret. Ainsi, tous les voyous en col blanc continueront de licencier comme bon leur semble. Ces délinquants refugiés en bourse, bénéficiant de l’apport de leurs employés sans lesquels leurs groupes ne seraient rien, sont incapables d’ailleurs, de le reconnaître.

A demi-mot, François Fillon a reconnu qu’il était impossible techniquement d’encadrer tous les salaires. Un vrai aveu de faiblesse qui prouve bien qu’il fallait monter au créneau, pour jouer sur le psychique des ménages et rien de plus, avec la complicité tacite des médias. Il a appelé de ses vœux, la création d’un "comité de sages" à même d’influencer et de veiller sur la bonne gestion des entreprises. Après ce manège ridicule, il s’est même félicité de son action, alors que les entreprises continuent de licencier à tour de bras, en déclarant : « La France est la première place financière importante en Europe à se doter d’un texte réglementaire qui s’applique de manière stricte à l’ensemble des entreprises bénéficiant d’un soutien public exceptionnel dans le cadre de la crise financière ». Et voilà comment l’hôpital se moque de la charité.

Il n’y aura donc jamais un plafonnement des salaires. Il n’y aura non plus, un débat de fond, transparent sur ce sujet, d’où la précipitation et le refus de légiférer en passant simplement par un décret. Dès 2010, crise ou pas crise, les scandales liés aux stock-options, bonus et autres parachutes dorés, reprendront de plus bel. C’est finalement vrai que les ordres pour la gestion économique viennent du Medef et nulle part ailleurs. De là à ce qu’on nous sorte bientôt un sondage vivifiant attestant que cette décision gouvernementale booste l’économie, il n’y a qu’un pas. Esbroufe encore, esbroufe toujours, et, donner les clés de la régulation des sociétés à ceux qui massacrent tout, à savoir le Medef, c’est en définitive ouvrir une maternelle à un pédophile en toute impunité sans avoir un droit de regard.

 


>>>Allain Jules

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