Réponse d’un « Gaulois réfractaire » et de ses compatriotes au mépris dont ils sont l’objet

par Renaud Bouchard
vendredi 31 août 2018

Un président ne devrait pas insulter ses compatriotes et encore moins mépriser ses concitoyens, surtout lorsqu'il sent qu'il a "perdu la main" et que la réalité des faits lui impose une vérité qu'il se refuse d'autant plus à voir qu'il est incapable de composer avec.

Renaud Bouchard

L'imbécillité : essentialisation et orgueil de la sottise par le sot qui croit savoir.

Camille Loty Malebranche

Comme l'écrit L. Joffrin dans Libération : "En fait, quand on soupire après le conservatisme supposé des Français, c’est dans un sens très particulier : on attaque leur réticence devant les réformes libérales que la classe dirigeante veut leur imposer, en général pour son plus grand profit. Or ces réformes sont en réalité des sacrifices : moins de protections, moins d’acquis sociaux, moins de salaire, moins de retraite, moins d’indemnités chômage. Ce sont ces réformes-là – ces reculs – que les « Gaulois » d’aujourd’hui n’aiment pas. Incroyable découverte : les Français veulent bien changer, mais pour le mieux. Autrement dit, ils ne sont pas masochistes. Pas besoin d’aller au Danemark pour s’en apercevoir."

Il ya des propos imbéciles et inexacts qui sont ce qu'ils sont et qui en disent long sur leur auteur. Il est inutile pour celui-ci de tenter ensuite d'en minimiser la portée comme d'essayer de noyer le poisson en voulant les mettre sur le compte de la plaisanterie. La manoeuvre est puérile et ne prend pas. Les faits sont têtus, comme chacun sait, et il est manifeste qu'à l'occasion de son voyage au Danemark M. Macron a encore perdu une occasion de se taire.

https://www.lci.fr/politique/video-polemique-au-danemark-emmanuel-macron-evoque-un-peuple-gaulois-refractaire-au-changement-petite-phrase-2096885.html

Mais voilà. On ne pouvait laisser les choses en l'état dans l'attente d'une nouvelle insulte, et ce d'autant plus que ce qui transparaît des déclarations imprudentes et impudentes du chef de l'Etat n'est autre que sa crainte de ne pouvoir surmonter, sur fond de question identitaire et migratoire européenne, le fait qu'au-delà de la question migratoire, est en train de se constituer en Europe un nouveau front bien décidé à redéfinir en profondeur les clivages politiques autour de l'adhésion à l'Union européenne.

Et voici que mes lectures m'ont conduit à découvrir et lire un texte remarquable dont la profondeur comme l'intelligence m'ont paru pouvoir répondre à l'imbécillité sournoise qui vient une fois de plus d'éclabousser la France et les Français, ces vieux Gaulois "réfractaires" au front bas qui ne comprendraient rien à rien et seraient trop stupides pour saisir la pensée trop complexe de celui qui leur fait la leçon, les prend pour des abrutis et les dénigre sans vergogne.

Tout est dit dans ce texte qui peut utilement servir ici de réponse au jeune Hamlet, celui qui "est et qui n'est pas", qui dit une chose et son contraire en moins de deux jours et qui va finir par se faire mal s'il continue de faire le grand-écart en servant deux soupes différentes en France et au Danemark. Le Lecteur appréciera. Il me semble personnellement que de l'imbécillité à l'arrogance, la frontière est mince, au point qu'elles finissent toutes deux par se nourrir l'une et l'autre à satiété.

" L’imbécillité s’identifie par l’inaptitude de l’imbécile à identifier et à comprendre les nuances ; l’imbécile est cet arriéré gnoséologique dont le jugement lacunaire ne connaît le monde qu’en bloc indifférencié, incapable qu’il est de saisir les nuances à travers le phénomène des êtres et des choses qu’il perçoit...

L’imbécile, de la plus pertinente acception, est ce manant ou cette poissarde qui fait des vilenies et blesse son semblable gratuitement par les errements de son bas niveau d’humanité sans jamais se reconnaître fautif au point de se gonfler de ses propres bêtises. L’enflure sur la bêtise par inaptitude à se juger, voilà un indice majeur de l’imbécillité, un signe révélateur de l’entendement primitif de l’imbécile. L’imbécile est un grossier mais pas un narcissique. Car le narcissique est, malgré ses motivations d’extrême égotisme et précisément pour cet égotisme qui veut se faire voir toujours ostensiblement grand et bon, un séducteur ; alors que l’imbécile, par manque de toute estime de soi, de toute qualité dont il peut être fier, est immédiatement repoussant, ne faisant exhibition que de ses conneries… Le narcissisme est la surenchère, l’intumescence de l’estime de soi mal assumée par l’excès, qui se dévie en autolâtrie, je dis bien mal assumée, car l’on ne s’estime jamais assez quand l’estime est bien orientée. L’imbécile, quel que soit sa fonction sociale, qu’il soit politicien, journaliste, industriel ou itinérant, ressasse les mêmes incohérences, reproduit les mêmes aberrations sans pouvoir les dépasser malgré les évidences contraires ne réclamant pourtant nul dépassement intellectuel pour être appréhendées.

L’imbécile a toujours raison car pour lui, il n’y a pas de discernement entre la sphère du sacré et le monde du profane, entre l’individuel et le social, le populaire et le démocratique, l’État et la nation, entre l’intime et le divulgable, entre homme d’élite et vulgaires privilégiés, entre penser et répéter, entre fierté authentique et mégalomanie, entre prestige et histrionisme, entre vie privée et droit public, entre identité et chauvinisme xénophobe, entre patriotisme et racisme… En fait, le seul sacré pour un imbécile, c’est ce que son moi balourd et aveugle a cru comprendre, ce pour quoi on l’a programmé. C’est aussi un monstre qui te fait n’importe quoi et se fâche si tu le lui fais comprendre même avec tact et douceur. Voilà pourquoi un imbécile ne peut évoluer vers son humanité bafouée par ses cécités mentales ; l’imbécile a une conscience déviée qui involue sans cesse vers de vieux repères qu’on lui a tracés car sa carence intellectuelle, sa déficience d’entendement le bloque psychologiquement faisant de lui un sous-produit des bêtises qui le programment.

S’il n’a pas de signe somatique distinctif, sa morphologie étant humaine, une fois que se déploient ses tares d’imbécillité, l’imbécile ne trompe plus personne par son arriération grivoise irrémédiablement coulée au béton de ses réflexes primaires, de son ignorance abyssale aggravée par un cruel manque de courage pour l’apprentissage et une quasi aboulie quant à l’introspection et la prise de conscience de lui-même. L’imbécile souffre d’une pathologique absence de toute volonté et de capacité d’autocritique… Ainsi, pour un imbécile systémique ou antisystémique, il s’agit de se soumettre, de s’adapter à son credo car son petit monde mental est le commencement et l’aboutissement de l’univers. Rebut fanatique du programme idéologique, l’imbécile est l’assimilé joyeux, le programmé obsédé de la supériorité de ce qu’il a ingurgité dans son émotive mémoire inintelligente, qu’il profère sans nuance sans interrogation et veut imposer par la violence… L’imbécile est ce surhomme, cette surfemme que les humains ne devraient fréquenter que sans jamais problématiser ses croyances car son essentialisme de profane en fait l’antithèse d’un être humain, c’est un hermès au panthéon des aberrations pérennes qui sévissent et se renouvellent à chaque génération d’ignares colportés par notre société vulgarophile. Envahissants, les imbéciles prolifèrent comme une race dominante dans notre société de malentendus et de crises endémiques de valeurs…

Aussi, est-ce pourquoi l’imbécile est si sûr de lui, qu’il fait à qui veut l’entendre, leçon de bon sens dans les médias, les universités et les administrations ! Reprenant des lieux communs maquillés de science quand il est certifié de scolarité ponctuée par des diplômes, il argue selon ses rétentions scolaires qu’il prend pour la vérité, pour seul bien possible universel. L’on comprend pourquoi l’imbécile crie, en appelle à l’autorité, feint de se moquer, insulte et s’indigne non de la mauvaise foi ou de l’incurie d’un interlocuteur bête mais par incapacité de défendre discursivement ses positions. L’imbécile hait l’intelligence qu’il agresse en conspuant idiotement et méchamment en dénigrant pour lui et ses pareils tout argument d’autrui ébranlant ses arguties et son simplisme.

« Il y a trop d’imbéciles sur cette terre » déplorait Fanon au début de ‘Peau noire et masques blancs’ ! En effet, les imbéciles constituent une espèce dénaturante de l’humanité à qui elle livre la plus violente, la plus avilissante et marginalisante des compétitions par leur agressivité, leur nocuité dans une société que l’imbécillité transforme en pilori des individus et groupes restés conformes aux caractéristiques ontologiques et mentales de l’espèce humaine. La lignée sans cesse montante des imbéciles fait de la terre entière un biotope séquestré, envahi par organismes toxiques repoussant les humains à la marge où ceux-ci sont constamment raréfiés malgré l’explosion démographique censée répandre l’humanité en nombre partout sur la planète…

Humains qui me lisez, prenez garde, ne sous-estimez guère la virulence du phylum innombrable des imbéciles et leur exponentielle expansion ; faites gaffe, Hommes, car si vous les laissez faire par complaisance ou passivité, je vous le dis, un jour prochain, ils pourraient vous effacer totalement et vous remplacer irréversiblement sur la face de la terre !"

Allons ! Il est temps de rétablir le paragraphe qui a désormais disparu et que l'on trouvait en exergue de tous les albums racontant la saga d'Astérix le Gaulois ! " “Nous sommes en 50 avant Jésus-Christ. Toute la Gaule est occupée par les Romains… Toute ? Non. Un village peuplé d’irréductibles Gaulois résiste encore et toujours et à l’envahisseur…”

Lundi 28 août 2018, devant la conférence des ambassadeurs, M. Macron expliquait à une assemblée de diplomates attentive ce qu'il en était du retour de l'identité et de la "psyché profonde" des peuples : « Enfin, parce que, partout dans le monde, les identités profondes des peuples ont resurgi, avec leurs imaginaires historiques. C’est un fait. Ceux qui croyaient à l’avènement d’un peuple mondialisé, protégé des morsures de l’histoire, se sont profondément trompés. Partout dans le monde, la psyché profonde est revenue à chacun de nos peuples, et c’est vrai, de l’Inde à la Hongrie, en passant par la Grèce, jusqu’aux Etats-Unis. Regardez-y de plus près, elle est parfois détournée, parfois exacerbée, mais c’est un fait qui dit quelque chose du retour des peuples. C’est une bonne chose sans doute, en tout cas, je le crois. »

Dont acte.

Et voilà que le lendemain au Danemark, devant une assemblée d'étudiants, il tenait un tout autre discours : « Le vrai Danois n’existe pas, déclarait-il, il est déjà européen. Même votre langue n’est pas seulement le danois, elle est part de la langue européenne », avant d’ajouter : « C’est pareil pour les Français ».

Non, Monsieur le Président.Vous ne pouvez pas dire une chose et son contraire, encore moins lorsque tout montre que vous avez parfaitement perçu la profondeur du mouvement politique, économique, géopolitique qui est en train de travailler les peuples européens qui ne veulent pas de la conception européenne et de l'Europe que des gens tels que vous, tels que M. Juncker, Mme Merkel, M. Draghi, s'ingénient de la manière la plus imbécile, la plus arrogante, la plus dangereuse qui soit, à imposer à marche forcée à des gens qui n'en veulent pas.

Comme l'écrit l'excellent David Desgouilles "...le Royaume du Danemark n’était pas forcément le meilleur lieu pour illustrer le projet « progressiste » de M. Macron contre les méchants « nationalistes ». Car c’est bien ce pays qui, en 1992, fut en quelque sorte le « village gaulois » en rébellion, décidant souverainement par référendum la non-adoption du traité de Maastricht et donc le maintien de la Couronne comme monnaie nationale. C’est bien ce peuple qui, avant même l’Italie ou la Hongrie, envoya un groupe puissant au Parlement de ce qu’Emmanuel Macron nomme « nationalistes » ou « populistes ». C’est bien ce pays qui a mis en œuvre une politique d’assimilation et de baisse de l’immigration qui feraient hurler les députés LREM si c’était Laurent Wauquiez qui les proposait.

Qui sait si, du côté de Milan, Salvini et Orbán n’ont pas été surpris qu’Emmanuel Macron leur réponde aussi vertement depuis Copenhague, alors que, décidément, il y a sans doute plus « populiste » qu’eux au Royaume du Danemark."

 

Nous sommes en 2018 et la France est réfractaire. Elle est réfractaire à l'imbécillité et au mépris. Elle est réfractaire à tous ceux qui la prennent précisément, elle et ses habitants, pour des imbéciles. Elle n'est d'ailleurs pas la seule en Europe, et du Groupe de Visegrád en passant par l'Autriche, l'Italie, bientôt la Suède et très probablement l'Allemagne, il se pourrait bien que la vision européenne de M. Macron et celle relayée et développée par son Ministre des Affaires européennes, Mme Nathalie Loiseau, puissent rencontrer de sérieuses déconvenues à neuf mois des prochaines élections européennes.

La question identitaire et migratoire est désormais prégnante partout en Occident, que cela plaise ou non à certains. Ce sera le grand sujet des élections européennes de mai 2019.

Emmanuel Macron : « Ce n'est plus une crise migratoire, c'est une crise politique

On lira avec intérêt ce document, cette "note secrète" qui ne l'est plus, et qui montre que le président de la République est désormais très inquiet de la tournure que prend la question de l'immigration et de l'identité à l'échelle de l'Europe.

https://www.lexpress.fr/actualite/politique/exclusif-la-note-secrete-du-quai-d-orsay-sur-la-crise-migratoire_2031846.html

« Nous avons des mots-clefs qui nous relient : Dieu, la patrie, la famille, la sécurité, le travail, l’honneur, le bon sens, la souveraineté, la liberté ». Par ces mots, Viktor Orbán, parlant au nom du V4, établit la ligne directrice du Visegrád comme groupe dissident au sein de l’UE. Il s’agit d’un bloc d’Européens qui rejettent la vision libérale-libertaire, immigrationiste, laïque et mondialiste. Une autre Europe est possible, et le V4 entend bien la concrétiser.

D’ailleurs, le groupe ne cache pas ses ambitions : comme l’a dit Andrej Babiš, il faut réformer l’UE afin de la faire évoluer vers quelque chose qui ressemble plus au V4. Le Premier ministre tchèque aimerait « dépolitiser la Commission européenne » et aller vers des décisions collégiales des chefs de gouvernements européens. Bien entendu, cela semble peu réaliste, en l’état actuel des choses. Mais les faits sont là : aujourd’hui, Juncker doit négocier avec le V4. Le groupe de Visegrád a réussi à s’imposer comme un acteur politique majeur en Europe, porteur d’idées avec lesquelles il faut composer.

Ignorance et refus de voir la réalité font très mauvais ménage. Elles mènent les dirigeants politiques dans le mur. Le chef de l'Etat est en mauvaise posture.

Ne nous y trompons pas.

La question identitaire et migratoire sera le tombeau politique de M. Macron.

Les "Gaulois réfractaires" pourraient bien lui en apporter la démonstration.

Nous y reviendrons.

 

Sources et références :

http://intellection.over-blog.com/2015/09/l-imbecillite-essentialisme-et-orgueil-de-la-sottise-par-le-sot-qui-croit-savoir.html

https://www.valeursactuelles.com/culture/pourquoi-la-page-douverture-dasterix-t-elle-ete-supprimee-du-nouvel-album-90059

https://www.causeur.fr/macron-danemark-danois-gaulois-154092

https://www.breizh-info.com/2018/02/18/89462/a-27-ans-groupe-de-visegrad-plus-fort-jamais

http://www.lefigaro.fr/vox/monde/2018/08/29/31002-20180829ARTFIG00273-pourquoi-macron-et-salvini-ont-tous-les-deux-interet-a-une-opposition-frontale-et-simpliste.php

https://www.lemonde.fr/politique/article/2018/08/20/nathalie-loiseau-de-quelle-europe-a-t-on-envie_5344190_823448.html

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