Réponse de Jean-François Copé à mon commentaire sur son blog
par gruni
vendredi 13 mars 2015
Oui, j'ai visité le nouveau blog de Jean-François Copé, j'ai même laissé une trace de mon passage avec un commentaire franc et direct. M. Copé a semble-t-il apprécié ma franchise, car je recevais sa réponse par mail quelques jours après. "Pourquoi ce blog ?" est la question que se pose le maire de Meaux. Sa réponse est aussi la première partie de l'article après cette introduction. Vous pourrez ensuite lire mon commentaire, puis la réponse de l'homme silencieux de l'UMP. Mais a-t-il vraiment répondu à mes questions ?
En juin 2014, je me suis demandé si je devais tout arrêter. Renoncer face à la violence des attaques, l’ampleur des calomnies. Bien sûr, j’avais parfois été caricatural. Mais là, j’étais tellement caricaturé, sali. A quoi bon continuer ? En avais-je l’envie, la capacité, la force même ? Je me suis longuement posé ces questions. Sérieusement, en conscience.
Jusqu’à présent, ma conception de la politique avait été celle d’un parcours initiatique au service de mon pays, avec une progression palier par palier : maire, député, ministre, président de parti…
Là, tout s’effondrait brutalement. Trop de violence, de jalousie, de haine.
Si malgré les injures et les mensonges publics, je souhaitais poursuivre le combat au service de cette France qui m’a tant donné, alors je ne pouvais plus faire l’économie d’une profonde remise en cause. Une remise en cause que je sentais nécessaire depuis longtemps, mais que j’avais toujours reportée, par manque de temps et aussi peut-être, avouons-le, par manque de volonté.
Bien sûr, j’ai passionnément aimé présider ma famille politique. J’ai aimé le choc des idées, la chaleur humaine des militants, leur engagement total, désintéressé, courageux. La politique, c’est la réflexion puis l’action. Mais ce sont aussi des rencontres, une grande aventure humaine. Pourtant, de là où j’étais, les limites de la politique à « l’ancienne » m’apparaissaient clairement. Des limites qui n’épargnent personne et qui concernent tous les partis, des plus centristes aux plus extrêmes : le peu d’emprise des appareils partisans hors du petit monde politique, les combinaisons et la lutte des egos plus forte que la formulation de solutions pour les Français, la recherche de compromis au prix d’incompréhensibles contorsions idéologiques, le goût irrésistible de la petite phrase « qui tue », la course aux matinales et aux chaînes infos, le décalage grandissant entre les beaux discours parisiens et la réalité du quotidien en France… Mais comment changer tout cela quand on est accaparé par les servitudes d’un parti politique ?
Alors, ce recul politique qui s’impose, oui, c’est une épreuve. Mais si, paradoxalement, cette épreuve était aussi une vraie chance ?
Une chance pour souffler. Pour redevenir moi-même. Pour trouver des réponses à la question lancinante que me posaient, un peu tristement, tant de mes administrés à Meaux : « pourquoi l’homme que l’on connait et que l’on aime ici, apparaît-il si différent, si arrogant à la télé ? » Une chance pour comprendre aussi et surtout quelles peuvent être les racines de ce malaise qui sinistre la politique et désenchante notre pays.
Dès l’été, j’ai pris ma voiture avec ma famille et nous sommes partis retrouver un peu de ce contact simple, direct et franc, avec les Français. Ce contact qui me manquait tant dans le tourbillon médiatique parisien.
Nous sommes allés dans ce Massif central qui a donné Georges Pompidou, Valéry Giscard d’Estaing et Jacques Chirac à la France. J’ai vu des gens heureux dans leur vie personnelle mais souvent déçus, désabusés, voire dégoûtés par la politique. J’ai vu des Français résignés ou désespérés qui ne voyaient plus d’issue pour notre pays, qui s’inquiétaient pour leurs enfants. J’ai entendu, ce sont leurs mots, des compatriotes qui me disaient, sans haine mais froidement : « on ne vous croit plus », « la droite et la gauche, c’est pareil, ça fait trente ans qu’elles échouent », « il ne nous reste plus qu’à renverser la table », « si on ne réagit pas maintenant, après nous serons foutus… »
Je les ai longuement écoutés. J’ai réalisé que mon devoir était de comprendre et d’analyser ce désespoir. De ne pas le rejeter. D’assumer un regard critique sur nos échecs. De me mettre à l’écoute, de chercher, de trouver avec eux des solutions pour sortir de l’impasse. En un mot, de faire de la politique autrement.
Alors je me suis astreint à une discipline : du silence, du travail, du terrain. Plus de politique politicienne. Plus de médias. Du fond. Prendre le temps.
J’ai pris mon bâton de pèlerin. Depuis près de 9 mois maintenant, je parcours cette France dite « périphérique » : Cantal, Cher, Dordogne, Oise, Corrèze, Vaucluse, Nord… Cette France si belle, mais parfois délaissée où les Français qui y vivent se sentent souvent tenus à l’écart, victimes de la mondialisation, alors qu’ils possèdent en eux tant d’atouts et d’énergie. Je rencontre aussi des chercheurs ou des entrepreneurs « connectés », leaders dans leurs domaines, qui réfléchissent parfois à construire leur avenir ailleurs. J’échange avec des experts qui se projettent dans les 30 ans qui viennent. Génération France, club que j’ai lancé en 2006, a entamé un cycle régulier de réflexions passionnantes, avec une liberté d’expression totale, sur l’Education, la politique internationale, la lutte contre le terrorisme… Avec mon équipe municipale, j’ai redoublé d’efforts à Meaux, cette ville populaire et généreuse, que j’aime profondément. Un concentré de France planté dans la Brie, mais à quelques kilomètres de Paris. Je donne un cours à Sciences-po. Certains étudiants sont français, la plupart sont étrangers. On y parle d’économie, de droit, de mondialisation. C’est l’occasion d’une stimulante émulation intellectuelle. D’une ouverture sur le monde. Et puis je me rends aussi à l’étranger pour m’inspirer de ce qui fonctionne là-bas, sans jamais oublier que tout n’y est pas forcément toujours plus beau qu’en France.
Cette recherche ne fait que commencer. A ce stade, les questions sont toujours plus nombreuses que les réponses. Cette démarche ne doit pas être solitaire. Je vais donc la poursuivre, ici, avec vous, sur ce blog. Dans un esprit libre et collectif. Avec patience, humilité et interaction. Parce que la France de demain n’a pas besoin d’un homme providentiel, mais a d’abord besoin de croire viscéralement en elle et d’inventer ensuite des solutions partagées qui la remettent debout. Ensemble nous devons créer les conditions d’un sursaut français. C’est plus tard, une fois cette réflexion achevée, que viendra pour moi, à nouveau, le temps de l’action.
Mon commentaire
Bonjour M. Copé
Je préfère honnêtement vous avertir tout de suite que je suis un de vos farouches opposant, comme ça les choses sont claires et il n’y aura pas de malentendu entre nous. Il m’arrive également d’écrire sur un site citoyen, donc éventuellement, je pourrais me servir de votre réponse pour rédiger un texte sur un site participatif. comme vous voyez je ne voyage pas masqué.
D’ailleurs, M. Copé, à propos de participation, je constate que pour l’instant vous ne répondez pas beaucoup au concert de louanges de vos admirateurs qui pourtant saluent avec enthousiasme votre retour. Peut-être répondrez-vous à tout le monde individuellement si bien sûr vous en avez le temps.
Si vous le permettez, j’aimerais vous poser quelques questions.
Après votre chaotique réélection à la présidence de votre Parti, après les remous de l’affaire Bygmalion, après vos nombreuses petites phrases qui tuent, après la langue de bois que vous aviez promis de ne plus consommer, pour ensuite en abuser jusqu’à l’indigestion de vos plus chauds partisans. Prouvez-moi que vous avez changé. Allez, M. Copé, faites un effort et essayez de me trouver quelques points positifs dans la politique menée par François Hollande. Et puisque nous sommes dans les confidences, que pensez-vous du retour de "l'homme providentiel", Nicolas Sarkozy. Et si vraiment vous n’avez rien d’autre à faire, pouvez-vous me dire ce que vous diriez à un électeur du FN pour qu’il vote pour l’UMP lors des prochaines élections. Mais enfin essayez d’éviter les « ce n’est pas un Parti républicain » ou « il n’a pas de solution, il n’est que le symptôme », ces répliques sont usées jusqu’à la corde.
Voilà M. Copé, c’est vous qui verrez si mon commentaire mérite une réponse. En attendant, ce n’est pas parce que nous ne sommes pas du même camp, que je ne vais pas vous souhaiter une bonne journée.
Cordialement
Réponse de Jean-François Copé
Monsieur,
Merci de votre commentaire, pour le moins dense... Sachez que j'essaye de toujours prendre la peine de répondre aux personnes qui m'écrivent, y compris quand c'est pour me critiquer ! D'ailleurs, les critiques sont saines, elles permettent de se remettre en question. Comme vous le savez, j'ai décidé de ne plus faire de politique politicienne. Je ne vais donc pas commenter le retour des uns ou des autres, ou ce qui peut agiter ma famille politique. Je laisse cela aux commentateurs professionnels de la vie politique qui ne manquent pas ! Ce qui m'intéresse désormais c'est de chercher et trouver des solutions pour enclencher le sursaut français. Concernant la question du FN, et plus largement celle du désenchantement des Français vis-à-vis de la politique, je crois qu'il n'y a qu'une réponse : obtenir des résultats contre le chômage, la dette, l'échec de l'intégration, l'insécurité. Tout ce qui angoisse nos compatriotes. C'est possible, tout n'a pas encore été essayé, loin de là. J'ai même la conviction que les Français n'ont jamais été aussi prêts à des réformes d'envergure qu'aujourd'hui. Je pense qu'il faudra, en 2017, proposer une dizaine de grandes réformes portant sur 4 axes : la liberté économique, l'autorité de l'Etat, l'égalité des chances et l'ouverture au monde. Des réformes qui seraient déjà prêtes et qui pourraient être mise en place dès le lendemain de l'élection présidentielle pour obtenir au plus vite des résultats et restaurer la confiance. Honnêtement, j'avoue ne pas avoir encore toutes les solutions, mais j'y travaille, je réfléchis, j'écoute, je vais sur le terrain. C'est l'objet de ce blog. J'espère que vous continuerez à suivre cette démarche et à la commenter. C'est ainsi qu'ensemble nous pourrons parvenir à créer les conditions du redressement de notre pays, que nous espérons tous !
Bien cordialement, Jean-François COPE