Requiem pour un quinquennat raté et bourrée pour un PS défunt

par Elliot
samedi 5 novembre 2016

Les milieux dits bien informés ( ou déformés ) sont acquis de longue date à un duel final entre Alain Juppé et Marine Le Pen avec une élection de maréchal du candidat républicain contre la candidate du Front National lors des Présidentielles de 2017.

En fait si l’un a droit à l’étiquette républicaine et si les mots ont un sens, l’autre doit être pétrie d’une autre argile : bonapartiste ? monarchiste ?

 

Les sondages les plus récents donnent comme acquises les éliminations au premier tour du candidat socialiste et de Mélenchon.

 

En partant de cette hypothèse, le seul intérêt de cette élection se trouve donc de savoir qui du candidat socialiste ou de Mélenchon terminera la course en tête ( si l’on peut dire )

 

Essayons d’analyser les occurrences : Juppé est le pire candidat possible pour le PS dès lors qu’il va drainer les suffrages centristes ( qui, dans la victoire surprise d’un Sarkozy aux primaires des Droites, se seraient reportés sur une candidature Bayrou ) .

Cette simple évidence tord, à mon sens, le cou à la rumeur complaisamment relayée de citoyens de gauche affluant aux primaires de la Droite pour éliminer Sarkozy.

S’il y a afflux de cette nature, ce devrait être plutôt pour favoriser Sarkozy, seul candidat offrant une fenêtre de tir au candidat PS avec pour lui une possibilité minimissime de faire mouche.

 

La dispersion des voix entre un Sarkozy et Bayrou au premier tour pourrait en effet permettre à un troisième larron de mettre tout le monde d’accord.
Ce cas de figure est tout de même dans l’état actuel de l’opinion hautement improbable mais acceptons-en l’augure : dans ce cas le troisième larron serait presque à coup sûr le candidat socialiste, grand bénéficiaire à gauche du vote utile sinon d’adhésion.

 

Dans l’éventualité plus probable sinon certaine évoquée en premier lieu d’une victoire de Juppé à la primaire des Droites et de son triomphe quasi assuré au second tour, Jean-Luc Mélenchon et sa France insoumise ne devraient plus être victimes du chantage au vote utile car la nature de l’enjeu change fondamentalement : il s’agit de reconstruire une force de Gauche authentique.

 

Soulignons entre parenthèses que le fait de participer à une primaire signerait en soi la déchéance de Hollande car, élu par le peuple, il aurait été normal qu’il défendît son bilan devant le peuple sans se soumettre à des primaires « socialistes ».

Je pense plutôt qu'il pourrait choisir de ne pas se représenter plutôt que d'accepter cette ultime avanie.

Dans ce barnum insolite, la pire des places sera en tout cas la première car c’est celle qui scellera le passage éclair du vainqueur vers l’effacement définitif.

Quel que soit le sens donné à sa candidature, le représentant issu des primaires du PS et de la Gauche croupion ( si elles ont lieu ) ne pourrait s’exonérer de son soutien direct ou circonspect tout au long du quinquennat.
Il sera comptable du bilan, qu’il l’ait favorisé directement par fidélité partisane ou indirectement comme ces contestataires qui s’agitaient frénétiquement sans aller au bout de leur logique.

Au contraire, son absence de solidarité lui serait à juste titre reprochée comme de la lâcheté et anéantirait sa stature présidentielle.

Son manque de courage tout au long du quinquennat lui sera reproché et la remarque s’appliquera encore plus à ceux qui ont le remords tardif du rat qui quitte le navire.

S’insurger ou plutôt gémir comme certains sur l’usage du 49-3 sans remettre en question la confiance au gouvernement a fabriqué des complices honteux mais pas des opposants et encore moins des recours.

 

Beaucoup de citoyens avaient voté sans illusions pour le moins pire des candidats, Hollande ne leur en pas manifesté longtemps de la reconnaissance et il a très vite laissé tomber le masque : il était connu comme social-réformiste et le naturel n’a pas mis des semaines à revenir au galop.

L’électeur a beau être ce qu’il est, même le plus plouc, comme dirait Sarkozy qui s’y « connaît en cascades ( toujours plus bas ), paroles de neige ( qui fondent au soleil ) et pistolet de paille » ( le karcher n’existait pas encore à l’époque de Saint-Simon à qui j’emprunte la formule ), il n’est pas du tout oublieux de ses espoirs déçus et de ce qu’il a dû supporter en sus.

Ce ne sont donc pas les palinodies des mal-nommés frondeurs ( dont la fronde était armée du bois dont on fait les flûtes ) qui devraient beaucoup faire illusion.

 

Dans une France qui se droitise ( qui s’abandonne en fait à son tropisme naturel ), être de gauche, ce n’est pas chercher des accommodements avec le Capital tout en faisant mine de le dénoncer, c’est se ranger derrière Mélenchon quelles que pussent être par ailleurs les réserves que devrait susciter son parcours.

C’est bien parce que la Gauche carriériste a transigé au-delà du raisonnable avec ses principes fondateurs qu’elle a fait le lit du Front National dans des régions de vieille implantation comme les Hauts de France.

Le renouveau de la Gauche passe donc par la débâcle du PS.

 

Mélenchon est le seul à pouvoir réveiller par ses facultés tribuniciennes la fibre émotionnelle qui sommeille en chacun de nous, étouffée sous les multiples couches du langage stéréotypé que, par abus de langage, certains appellent le parler vrai.

Ces accumulations de chiffres qui vrillent nos oreilles venant de la Droite ou de son avatar socialiste, ces graphiques qui sont des leurres donnés comme des évidences, ces élucubrations dogmatiques faites de contraintes afin d’éteindre l’espoir devenu indécent, toutes ces laborieuses compositions adaptées à toutes les humeurs ( le programme de Bruno Lemaire s’achète au poids ! ), ce décrochez-moi-ça de propositions dont certaines loufoques comme l’interdiction du voile, cet entrelacs de mensonges, de contre-vérités visent à embrouiller ou à distraire mais sûrement pas à projeter la France vers l’avenir.

Ces impétrants se nourrissent d’apparences, glapissent des formules creuses et se vautrent avec une délectation même pas morose dans le fallacieux.

Ce qui explique d’ailleurs comment et pourquoi ceux qui abusent du procédé se prennent si volontiers les pieds dans le tapis de leurs intrigues et en viennent à mélanger pommes et poires dans leur logorrhée sirupeuse mais sans qu’il leur en soit réellement fait grief par l’auditeur distrait ou blasé.

Si l’on fait exception de l’affaire familiale qui roule, le FN, qui présente sa chef, tous les autres candidats seront le fruit de marchandages de factions rivales unies davantage par la détestation d’un tiers que par l’intérêt commun.

 

Mélenchon en se présentant hors du cadre d’un parti et face à la nation est - paradoxalement pour quelqu’un qui aspire à l’abolition de la Ve – celui qui correspond le mieux à son esprit : la rencontre d’un homme et de la nation.

C’est aussi parmi les candidats les plus notoires celui qui rame le plus pour s’assurer les parrainages et à qui on multiplie les chausses-trappes visant à le réduire au silence.
Il semble heureusement exclu maintenant que Pierre Laurent propose aux instances dirigeantes du PCF de le soutenir que Mélenchon et l’indéniable courant populaire qu’il incarne connaissent l’humiliation d’être interdit de participation.


Lire l'article complet, et les commentaires