Retour ŕ la croissance par la loi - Vérité

par Alain SOULOUMIAC
jeudi 3 juillet 2014

M. Montebourg annonce une politique de croissance par la loi.

Beaucoup le contestent. On parle de plan quinquennal. On évoque la loi qui va provoquer la pluie pour augmenter les récoltes. On pense au Général de Gaulle : la croissance ! La croissance ! La croissance !

Pourtant le Général n'aurait certainement pas critiqué cette politique pour ces motifs. Ses grandes déclarations, celles de ses ministres, en particulier Giscard, son grand projet d'industries agro-alimentaires, les commissions des modernisation du Plan, les lois de finances, toute sa politique était une politique de croissance par la volonté générale. Et les faits suivaient les paroles !

La croissance par la loi n'est pas si récente. Périclés la pratiquait déjà (Cf. http://www.fenetreeurope.com/php/page.php?section=chroniques&id=1124). Le réseau des canaux, des chemins de fer, des autoroutes routiers, des autoroutes de l'information... toutes ces grandes volontés générales, là où elles se sont manifestées, se sont insérées dans le cadre de politiques de croissance par la loi.

A l'opposé, dans le monde global où nous sommes, la politique de croissance par le pouvoir d'achat ne peut plus fonctionner. Quand on augmente le pouvoir d'achat dans une économie ouverte comme la notre, on augmente les importations, généralement plus que la production intérieure quand on n'est pas compétitif.

Il faut avant tout une économie compétitive, certes. Une économie qui reconnaît, rémunère et protège l'invention et la création. Encore ne faut-il pas ruiner les mots.

La meilleure manière de devenir compétitif n'est pas pas non plus de baisser le pouvoir d'achat pour s'aligner sur la Chine. La meilleure manière d'être compétitif, c'est d'avoir des produits avec des performances d'avant-garde (voir le Manifeste Ciel et Terre dans lequel JJSS forge le concept de compétitivité). C'est d'être leader !

La directive, la loi, les standards de l'UE tracent les chemins de l'avenir, de la compétitivité et de la croissance. Encore faudrait-il les appliquer et avec intelligence. Or le taux de conformité des mesures d'application et la convergence des économies nationales sont particulièrement bas.

La grande directive sur la sécurité générale des produits a exigé des produits européens des qualités d'exception, en matière de sécurité, qui ont fait leur renommée internationale et ont tiré la croissance pendant deux décennies. Mais l'avantage de ces directives dans une économie ouverte n'est pas éternel. La croissance suppose un renouvellement continu.

La directive sur les services est, comme l'a souvent répété le Commissaire Barnier, porteuse de 2,8 % de croissance par an pour les 10 années à venir. On ne l'applique pas. D'elle pourtant dépendent 9 emplois sur 10.

La directive sur les économies d'énergie doit révolutionner la construction mondiale. Une maison zéro énergie sera pratiquement, avec les technologies actuelles mises en oeuvre correctement, toujours plus compétitive qu'une maison 100% énergie. On vient de le découvrir hier. Va t'on réellement appliquer la directive et son cap 2020 ? En tous les cas on a déjà perdu 5 ans et il n'est jamais trop tard pour bien faire.

Dans toute économie en croissance, la loi est et reste, comme elle l'a toujours été, la demande principale.

Economie libérale ! taratata.... L'économie est extrêmement régulée.

Il faut certes diminuer tout le fardeau administratif inutile. Il faut améliorer la qualité des règles et leur application. Mais la société moderne demande encore plus de régulations pour se développer. Le besoin de règlementation n'a jamais été aussi fort.

Les lois ont formé une part majeure de la croissance d'hier ; elles sont pour l'essentiel responsables de la non croissance d'aujourd'hui. D'elles dépend la croissance de demain.

Sur ce point, M. Montebourg a raison.


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