Retraite complémentaire individuelle, plan d’épargne retraite (PER)... méfiance

par L’apostilleur
samedi 12 février 2022

Dans le maquis des propositions qui incitent les français à épargner pour compenser une perte attendue de leur niveau de vie au moment de la retraite, les offres de compléments retraite sont légion.

Les fonctionnaires s’en voient proposer une particulièrement sulfureuse ; « la retraite et la prévoyance de la fonction publique  » de Préfon-retraite.

Préfon-retraite c’est quoi ?

Un contrat vendu depuis des décennies aux fonctionnaires notamment pour compenser un écart salaire/retraite significatif au motif que leurs revenus comportent une part de primes qui n’entrent pas dans le calcul de leur retraite.

Les fonts baptismaux de cette caisse annonçaient le paradis avec des anges gardiens au-dessus de tout soupçon. Promise aux fonctionnaires, créée en 1964 par quatre syndicats de fonctionnaires (CFDT, CGC, CFTC, FO) et des hauts-fonctionnaires, adoubée par la Direction générale de la fonction publique et la Caisse des dépôts et consignations, cette caisse de retraite complémentaire ne pouvait qu’inspirer confiance. Sur plus de 5 millions de fonctionnaires, elle compte encore 400 000 adhérents.

Qu’en est-il chiffres en mains ?

Les nombreux événements qui ont défrayé la chronique pourraient nous éclairer longuement sur cette caisse nationale de prévoyance qui porte mal son nom. On se limitera ici à un graphique et un exemple.

Le graphique.

Source ARCAF

L’association nationale des fonctionnaires épargnants pour la retraite(ARCAF), avait pourtant déjà attiré leur attention, « …ceux qui ont cotisé en 2002 et liquideront leurs droits à 65 ans à partir de 2026 subissent d’ores et déjà une baisse de 39% de la valeur réelle de leurs droits constitués en 2002. »

 

L’exemple.

 

Une jeune retraitée de la Fonction publique territoriale, curieuse d’explorer les solutions que lui offrait son contrat Préfon-Retraite après 23 années de cotisations réglées rubis sur ongle par prélèvement sur son salaire, a été amenée à en découvrir les « bénéfices ». Elle a comparé avec des placements sans risques, ce que lui offre Préfon-Retraite après ses versements à raison de 75 €/mois pour un montant de 20 700€.

Si elle les avait déposés sur un livret A pendant la même période, elle aurait aujourd’hui près de 25 000 €, si elle avait préféré un compte Assurance vie (support en euro), son capital s’élèverait à environ 30 000€. 

Préfon-Retraite lui propose aujourd’hui deux options ; une sortie en capital, elle récupère le montant de ses versements et les dividendes attendus de tout placement, ou le versement d’une rente qui constituera son complément de retraite.

Bilan.

Pour l’option versement en capital Préfon lui annonce une perte de 3 000€, son capital ne s’élève plus qu’à 17 700€ compensé par une plus-value de 3 000€ mais imposable à hauteur de 513€.

Après impôt, il ne lui reste donc plus que 20 187€ (17 700€ + 3 000€ de plus-value – 513€ d’imposition), un montant inférieur au total de ses versements 20 700€ !!

Elle a comparé la perte avec Préfon (-513€), aux gains qu’auraient générés des versements identiques pendant la même période sur un Livret A + 4300€, ou sur un compte assurance vie + 9300€.

Pour l’option rente, le montant mensuel proposé à vie correspond à celui de ses versements pendant 23 ans, soit 75€. Le calcul de l’assureur est facile à deviner, le montant de son capital a été divisé par le nombre de mois restants jusqu’à l’âge statistique de son espérance de vie. Le hasard a voulu que ses 23 années de versements correspondent au nombre d’années statistiques (23 ans) qui lui restent à vivre.

Cerise sur le gâteau de l’assureur, la rente ne sera pas revalorisée. Que pèseront 75€ dans 23 ans ?

Les intérêts produits par le capital seront au bénéfice exclusif de Préfon-Retraite et de son acolyte CMP assurance.

En cas de décès avant l’âge statistique, bingo pour Préfon qui ne reversera pas le capital non consommé aux ayants droit.

Pour ceux qui hésiteraient.

 

Préfon-Retraite mériterait une distinction pour avoir croqué les intérêts des cotisations de notre jeune retraitée pendant 23 ans et ceux à venir de son capital constitué pour les 23 ans à venir si elle décidait le versement de sa petite retraite complémentaire.

Qu’on se le dise.

 

 

Nota : l'avis des spécialistes : 

Préfon a élargi sa zone de chalandise en proposant ses contrats à des non fonctionnaires.

 


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